![]() Des possibilités de débouchés importants pour la féverole en alimentation des volailles. (© Terre-net Média) |
Dans les années 80, des dispositifs garantissaient pour les agriculteurs des prix découplés du marché mondial. Cela avait largement contribué au développement des surfaces de protéagineux en France. La réduction actuelle de l’utilisation en alimentation animale résulte du découragement de la production, suite aux réformes successives de la Politique agricole commune (1992, 1999 et 2003). Le débouché potentiel de trois millions de tonnes n’a pas disparu pour autant. C’est un véritable boulevard qui reste ouvert devant les producteurs.
La production de protéagineux au cœur d’un immense bassin de consommation
En Europe, la dépendance protéique est dangereusement élevée. Nous sommes dépendants à 73 % pour les Mrp* que nous consommons. Ce n’est pourtant pas une fatalité. Nous disposons de coproduits tels que le tourteau de colza qui se complète parfaitement en formulations porcs avec les protéagineux, notamment le pois. Nous pourrions réduire fortement cette dépendance si la production continuait à progresser pour répondre à l’exigence principale d’un fabricant d’aliments du bétail : ne pas rompre la chaîne d’approvisionnement. La France, premier producteur européen de protéagineux et d’oléagineux, est située au cœur des bassins de production porcine de l’Europe (Bretagne, Benelux, Espagne), sans parler de l’approvisionnement des volailles de chair et des ruminants qui peuvent aussi en consommer.
Le pois standard consommé en France et dans le nord de l’Europe
Nous sommes le troisième pays producteur de porcs en Europe derrière l’Allemagne et l’Espagne. Le porc est la viande la plus consommée en France (34 kg/habitant en 2008, soit 38 % de la consommation toutes viandes confondues). 6,3 millions de tonnes d’aliments composés pour les porcs sont fabriquées par les industriels (chiffres 2008). Potentiellement, à 25 % d’incorporation, c’est donc un marché de 1,5 Mt de pois que pourraient fournir les producteurs français. Comparativement, la collecte de pois en 2009 s’est élevée à 450.000 tonnes. Ces chiffres ne tiennent pas compte des aliments porcs fabriqués directement à la ferme qui représentent aussi un débouché potentiel important. Or, « les aliments fabriqués à la ferme représentent 30 % de la consommation des élevages de porcs français et jusqu’à 90 % dans l’Eure, département éloigné des usines d’aliments », signale Georges Mézières, technicien porcs à la chambre d’agriculture de l’Eure. Il est nécessaire d’organiser localement l’approvisionnement entre les collecteurs et les éleveurs de porcs qui n’ont pas tous la possibilité de produire des protéagineux (interdiction d’épandre du lisier sur les surfaces en protéagineux).
La féverole en alimentation animale plus utilisée par le sud de l’Europe
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Ce potentiel d’utilisation pourrait aussi être fourni, pour partie, avec de la féverole. Cependant, le tégument du grain de féverole, pour les variétés colorées, est riche en tanins. Ces derniers diminuent la digestibilité de la féverole chez les porcs. Depuis 2002, la production française de féveroles a trouvé un nouveau débouché : l’alimentation humaine grâce à l’export vers l’Egypte. Ce débouché est actuellement visé prioritairement par les producteurs et les collecteurs, même s’il est beaucoup plus limité en potentiel (plafond estimé à 300.000 tonnes), car il a connu des prix attractifs durant plusieurs années. Actuellement, les prix de marché de ces deux principaux débouchés pour la féverole sont proches de celui du pois standard. Dans le contexte actuel d’une forte augmentation des surfaces de féverole (+ 48 % prévus en 2010), il est indispensable que le débouché alimentation animale soit à nouveau envisagé. D’autant plus que la féverole, du fait de sa plus grande richesse en protéines, pourrait se valoriser aussi en aliment volaille.