La déshydratation à grande échelle

La déshydratation à grande échelle


"L’usine peut ingérer 10 % de luzerne
supplémentaires sans investissement
."
Thierry Hamerel (© Terre-net Média)

Thierry Hamerel, directeur industriel de Luzeal, présente le métier de la coopérative. « Notre activité va de la fauche au conditionnement de la luzerne en passant par l’andainage, la récolte, le transport, la déshydratation. » Les surfaces de luzerne se maintiennent depuis trois ans après avoir fortement diminué entre 2004 et 2006 de l’ordre de 25 %. L’ajustement de l’outil industriel français de déshydratation a cours depuis de nombreuses années. « Aujourd’hui, les usines sont saturées, optimisées. Les surfaces peuvent augmenter mais à condition d’avoir des débouchés intéressants en face. Le premier objectif reste la meilleure rémunération possible pour l’adhérent, alors que le niveau de prix dépend de la concurrence avec les autres matières premières. »

Objectif : faire tourner l’usine toute l’année

Chez Luzeal, la campagne luzerne commence vers la dernière décade d’avril pour se terminer fin octobre. « Nous limitons à un maximum de quatre heures la période séparant la récolte de la déshydratation. » L’usine et les chantiers de récolte tournent six jours sur sept et 24h sur 24. Les ateliers de fauchage et d’andainage tournent seize heures par jour pour éviter les périodes de rosée notamment, qui augmente l’humidité de la plante. Le site de Recy transforme 1.800 tonnes de luzerne en 650 t de produits finis par jour. La production faiblit en fin de campagne du fait de rendements moindres. Entre septembre et fin décembre, la déshydratation de pulpes de betteraves prend le relai pour faire tourner l’usine, avec d’autres produits comme les agrocombustibles, granulés de bois et agropellets. « Nos adhérents ont planté 300 ha de miscanthus dans le but de remplacer les plaquettes forestières dans nos fours ou de les valoriser en combustible domestique. »

Au-delà de la rémunération, calculer la marge nette de la luzerne

Entre 42 et 45 jours séparent deux coupes de luzerne. « Au début de la première coupe, le rendement en matière sèche reste faible, autour de 2-3 t/ha, alors que la concentration en protéines grimpe à 22-24 %. En fin de première coupe, le rendement en matière sèche monte à 5-6 tMS/ha alors que le taux de protéines descend à 16-17 %. » En fonction du niveau de protéines, la coopérative valorise la luzerne en tel ou tel produit. « En 2008, nous avons rémunéré nos producteurs 85 €/tMS et, en 2009, 55 €/tMS. »


Luzeal produit 80.000 tonnes de balles par an, sur un marché en
plein
développement, qui profite de l’image positive de la fibre,
aliment santé, pour équilibrer une ration à base de maïs.
(© Terre-net Média)

Au même niveau pour tous les producteurs, le prix est fixé pour une tonne de matière sèche. « Il s’agit cependant de calculer la marge nette de la culture » et de prendre en compte les économies induites par ses qualités intrinsèques et l’organisation de la filière : économie des frais de récolte, de transport, d’intrants, bénéfice de 10 à 15 q/ha de rendement pour la culture suivante, notamment le blé…

Les économies d’énergie : objectif commun à toute la filière

« L’objectif de la filière, commun à toutes les usines, est d’atteindre 40 % d’économies d’énergies par rapport à 2006. » Les réductions passent par la mise en place du préfanage à plat au champ, en veillant à ne pas nuire à la qualité de la luzerne. « Nous laissons agir le vent et le soleil, entre 24h l’été et 36h, entre le fauchage et l’andainage. » Cette étape permet une économie de 20 à 30 % d’énergie faisant passer le taux de matière sèche de 25 à 28-30 %. « Un point de matière sèche gagné à la récolte équivaut à 4-5 % d’énergie économisée à l’usine. » Une deuxième piste consiste à substituer la biomasse à l’énergie fossile. Des plaquettes forestières (40 %), mélangées au charbon ou à la lignite (60 %), viennent approvisionner les fours sans modification de l’installation. Un four se trouve cependant en cours d’aménagement pour recevoir un combustible composé de 80 % de plaquettes. Le choix de la voie humide pour la production de concentrés protéiques permettrait, par ailleurs, une économie de 30 à 35 % d’énergies. Enfin, le séchage à basse température s’accompagne d’une récupération de la vapeur d’eau utilisée pour présécher la luzerne avant son passage dans le four. Luzeal possède quatre lignes équipées et douze lignes en déshydratation traditionnelle. Le site de Recy possède deux lignes classiques (45.000 et 35.000 litres d’eau évaporés par heure) et une ligne basse température (10.000 l eau/h) pour un rendement de 25 t de produits finis à l’heure.


(Opération d'andainage) La production bio de luzerne représente 400 hectares chez
Luzeal. La coopérative consacre trois jours par fauche à la récolte de toutes les
surfaces en bio, tous chantiers confondus. (© Terre-net Média)

 

Des machines spécialisées pour la déshydratation

Luzeal possède pour la fauche vingt tracteurs Fendt 930 à poste inversé couplés à des faucheuses Roc de sept mètres repliables, ainsi qu’une automotrice Cougar Claas de quatorze mètres. Ensuite, quatorze andaineurs Roc couplés à des tracteurs Fendt 412 prennent le relai. « Roc, marque italienne, s’est spécialisée dans le matériel adapté à la déshydratation, pour des chantiers à haut débit. » Le chantier de fauche avance au rythme de trente hectares en huit heures, temps de déplacement compris. La plaine travaillée par l’usine de Recy représente 4.000 ha de luzerne. Deux machines se chargent des quatre fauches par an. « Une faucheuse tourne 1.500 h par an pour récolter 4.000 ha de luzerne avec une durée de vie de 6-7 ans. Les tracteurs sont remplacés au bout de 5.000 h, tous les 3-4 ans. » Toutes les bennes de transport, soit une cinquantaine, appartiennent à Luzeal et un tiers des camions. « Nous profitons des intercultures pour démonter tous nos outils, depuis le tracteur jusqu’aux éléments de l’usine, et remplacer ce qui doit l’être. La durée de vie des outils de travail s’optimise grâce au préventif. »

Fiche d’identité de Luzeal
Issue de l’union d’Euroluz et d’Alfaluz, Luzeal compte 2.500 adhérents qui cultivent 23.000 hectares de luzerne, pour 300.000 t de produits finis. Les deux entités d’origine ont entamé une procédure de fusion pour la création de la coopérative Luzeal avec effet rétroactif au 1er avril 2010. Luzeal est actionnaire d’Agromi, qui déshydrate pour des tiers non adhérents (pépins de raisins, granulés de bois), de Désialis, qui commercialise les produits de luzerne, pulpes de betteraves et drêches de blé déshydratés, de France luzerne (également actionnaire de Désialis), qui propose 50.000 tonnes de capacité de stockage, de Ccve (centre de contrôle du végétal et de l’environnement), laboratoire d’analyse et de Nestal, fabricant d’aliments du bétail (400 000 t).

Luzeal produit des granulés, du concentré protéique (> 50 % de protéines) et des balles de luzerne, pour un chiffre d’affaires de 55 millions d’euros. La coopérative, répartie sur six sites, emploie 320 salariés dont 220 permanents. Cinq usines appartiennent à Luzeal. Le site de Pauvres produit, entre autres, du concentré protéique à partir de 7 300 ha de luzerne. La plaine de Recy s'étend sur 4 000 ha et produit 135 000 t de produits de luzerne (Rumiluz), des pulpes de betteraves et des granulés de bois. Saint-Rémy-sur-Bussy produit également du Rumiluz à partir de 3 900 ha de luzerne, de même celui de Pontfaverger avec 4 000 ha. Enfin, l’usine de Sept-Saulx tourne onze mois par an pour déshydrater de l’œillette, du pavot, et des pépins de raisins. La dernière, à Bazancourt, appartient à Cristal Union. Elle traite 3 700 hectares de luzerne, en alternance avec la betterave.

 

 

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