![]() Bruno Le Maire, dans le bureau de son service presse, répondant mercredi 19 mai aux questions des agrisurfeurs (© Terre-net Média) |
- 1 Question de Zombie - Les marges et la volatilité des matières premières
- 2 Question de Gil62 - La contractualisation
- 3 Question de Richard - Les mandats professionnels
- 4 Question de Gil62 – La perte de terres agricoles
- 5 Question de Jean-Louis – Victimes de la colonisation de nos terres
- 6 Question de Deluzeau – L’alimentation et l’éducation
Question de Zombie : « Avec la volatilité des prix de nos matières premières, comment gérer les prix lors de ces contrats ? De plus nos volumes produits, ne sont pas toujours prévisibles (intempéries, épidémies) On sera liés comme des "sous traitants" : on voit ce que ça donne dans l'industrie ! Les industriels se moquent des produits français ou non, ils arriveront toujours à avoir de la matière première ailleurs. »
Réponse de Bruno Le Maire : « Lutter contre la volatilité des prix, c’est le combat que je mène depuis plusieurs mois quand je prône une régulation des marchés à l’échelle européenne. Pour stabiliser les prix, la régulation est complémentaire des contrats. »
(Cliquez sur l'image pour accéder au dossier) (© Terre-net Média) |
« Pour pallier les aléas que vous évoquez, nous allons renforcer les dispositifs assurantiels pour toutes les filières et mettre en place une réassurance publique. Sachez aussi que le fonds national de garantie des calamités agricoles qui couvre aujourd’hui les aléas climatiques sera élargi aux risques sanitaires et environnementaux. »
Question de Gil62 : « Monsieur le Ministre, la contractualisation ne peut s'envisager que si l'agriculteur a une vision sur l'évolution de ses charges durant la durée du contrat. Comment pensez-vous relier les 2 éléments de notre marge (prix de vente et prix de revient) dans celui-ci. je vous engage à observer ce qui se passe actuellement entre Mc CAIN et le GAPPI en Pomme De Terre la consigne donnée est de ne pas signer de contrat sur plusieurs années car on ne connait pas le coût des intrants. »
Réponse de Bruno Le Maire : « C’est précisément l’objet du renforcement de l’observatoire des prix et des marges prévu dans la loi : il étudiera tous les produits agricoles et analysera aussi les coûts de production. Il constituera donc un outil qui vous permettra de négocier vos contrats. »
Question de Richard : « Monsieur le ministre, êtes vous d'accord avec le principe que l'on peut être à la fois un administrateur de coopérative et responsable syndical ? Si vous voulez renforcer le rôle des organisations de producteurs il faut déjà limiter le nombre de mandats des responsables, on ne peut être avocat des deux parties je parle pour le lait bien sûr. »
Réponse de Bruno Le Maire : « Les producteurs ont avant tout besoin de représentants compétents, impliqués et disponibles. Je négocie à Bruxelles un aménagement du droit européen de la concurrence pour permettre aux producteurs de mieux se regrouper et permettre aux interprofessions d’avoir des compétences élargies. Organisés, ils seront ainsi plus forts pour négocier les prix face aux industriels et aux distributeurs. »
Question de Gil62 : « Mr le Ministre parmi les grands responsables du gaspillage du foncier, il y a surtout les communes avec l'aide de sociétés mixtes. Dans ma région, elles ont pour objectif d'acquérir souvent par l'expropriation du terrain au prix agricole (classé par elles comme tel) qu'elles revendent en terrain à bâtir avec le prix X30. Il faut leur supprimer la possibilité d'exproprier pour des maisons. Si en plus la taxe leur revient, c'est les encourager. Mais pourquoi une taxe nouvelle quand il y a déjà le régime des plus-values? Tous les agriculteurs ne sont pas des spéculateurs ils sont très attachés à leur outil de travail et cette taxe ne réglera rien. La commission départementale doit avoir un droit de véto sur le déclassement des bonnes terres. »
Réponse de Bruno Le Maire : « Aujourd’hui, les terres agricoles sont déclassées, vendues et transformées sans aucun contrôle. Résultat : nous perdons 200 hectares de terres agricoles, et souvent de bonnes terres, par jour. Si nous voulons rester la première puissance agricole européenne, il faut stopper cette hémorragie. L’observatoire national des terres agricoles prévu dans la loi permettra d'identifier les zones de plus grandes pertes et d'évaluer la rentabilité agricole de ces zones. Il sera soutenu par des commissions départementales qui rendront un avis sur le déclassement. Je précise que la taxe ne touchera que les comportements spéculatifs, c’est-à-dire quand le prix de la terre est multiplié par 10. Cette taxe sera reversée pour l’installation des jeunes agriculteurs. Cela me parait raisonnable et juste. »
Question de Jean-Louis : « Sur les côtes vendéennes, nous sommes victimes de la colonisation de nos terres par un programme touristique totalement destructeur, qui nous use financièrement. Donc première question: quel est le plan d'occupation des sols sur les côtes vendéennes? Et deuxième question : ne serait-il pas possible de programmer quelque chose a long terme, qui pourrait passer par une expropriation de la totalité de l'exploitation, ce qui nous donnerait le droit de refaire une ferme agricole dans un endroit où il y aurait moins de problèmes ? pour mon cas personnel, dans les fait actuels, sur 90 ha en location, dans 5 ans je risque de n'avoir que 40 a 50 ha, ce qui me posera des problèmes de plan d'épandage, ce qui va m'obliger a diminuer ma production de volailles Pour être aux normes. Dans ces conditions quelle activité professionnelle aujourd'hui en France ne peut avoir pour seul objectif, une diminution continuelle de sont activité de production, et ce n'est pas quelques euros d'indemnité d'éviction qui remplaceront la perte de la moitié de la valeur ajoutée. Je ne sais pas comment résoudre l'équation qui m'est posée : des nouvelles normes : - bien être des animaux d'élevages - augmentation des surfaces d'épandages pour le phosphore (règle régionale) - réduction des rendements des cultures (écophyto 2018) - réduction de ma surface en culture - réduction de ma production de volaille (par rapport aux surfaces exploitées) - des prix toujours plus bas j'ai 45 ans, mon fils de 15 ans veux devenir agriculteur. Je ne suis surtout pas contre la protection de la nature, la preuve je pratique l'agriculture de conservation je vous mets un petit lien de ce que c'est (http://www.agriculture-de-conservation.com/Agriculteurs-les-vers-de-terre.html). MAIS COMMENT PEUT ONT FAIRE ???? la solution : expropriation de la totalité de l'exploitation, en échange d'un chèque de la valeur de la ferme, et nous partons vers d'autres contrées plus accueillantes pour des paysans comme nous.(et dommage pour les gens qui travaillent dans l'agro-industrie vendéenne et française) »
Réponse de Bruno Le Maire: « Dans votre question, il y a en deux principales : celle du foncier agricole et celle des normes environnementales. Sur le foncier, c’est très clair, il n’est plus question de perdre des terres agricoles sans contrôle. Nous avons mis dans la loi tous les outils nécessaires pour stopper cette hémorragie et soutenir l’installation des jeunes agriculteurs. »
« Sur les normes environnementales, là aussi je vais être clair : il n’y a pas d’autre voie pour l’agriculture que l’agriculture durable. Vous avez fait des efforts considérables comme aucune autre profession n’en a fait en la matière. Il faut poursuivre dans la même direction, mais à condition que nos partenaires européens fassent la même chose que nous. Nous sommes dans un marché unique, il faut des règles uniques. Mais l’agriculture durable, c’est aussi un moyen de gagner en compétitivité, à condition de vous aider dans cette voie. Je vais mettre cette année 30 millions d’euros dans le plan de performance énergétique pour moderniser les exploitations, les aider à faire un bilan énergétique, et pour essayer de développer de nouvelles infrastructures comme la méthanisation. »
Question de Deluzeau : « Quel plan de formation mettre en oeuvre au niveau de l'enseignement général pour éduquer les jeunes et par leur intermédiaire les familles ? Pourquoi pas une nouvelle matière " gestion de l'alimentation et de la santé " à mettre en place dès le primaire. »
Réponse de Bruno Le Maire : « Vous avez raison : l’alimentation passe d’abord par l’éducation. Avec la LMAP, nous allons mettre en place une véritable politique publique de l’alimentation. Désormais, nous aurons des règles nutritionnelles dans les cantines scolaires et universitaires. Autre exemple : nous avons mis en place il y a deux ans l’opération « Un fruit pour la récré ». 300 000 enfants en ont bénéficié l’année dernière, ils seront 1 million à la rentrée prochaine. »