![]() Dacian Ciolos et Bruno Le Maire au Sia 2010. (© Terre-net Média) |
Selon un diplomate européen, elle a pu compter à Merida sur le soutien de la Suède ou du Danemark. Mais les Britanniques, qui avaient négocié en 1984 un rabais de leurs contributions au budget européen en arguant qu'ils ne profitaient pas assez de la Pac, se heurtent à ceux soucieux de défendre leur part du gâteau.
Une position commune avec l'Allemagne
La France, premier bénéficiaire de la Pac (9,5 milliards d'euros en 2009), veut qu'elle reste la première politique communautaire. Pour le Français Bruno Le Maire, ce point n'est « pas négociable ». Et Paris travaille à une position commune avec l'Allemagne qui sera prête à l'automne, a-t-il précisé. Sur la réforme de la Pac, l'Allemagne, deuxième bénéficiaire (6,3 milliards en 2009) veut « se battre côte-à-côte avec la France », a confirmé son homologue allemande Ilse Aigner. Mais les deux pays ne sont pas sur la même ligne concernant la régulation des marchés agricoles pour protéger les agriculteurs des fluctuations des cours, un autre point « non négociable » pour M. Le Maire. « Sur la régulation, les Français vont plus loin que nous », juge un membre de l'entourage de la ministre allemande.
Des références historiques injutifiées aujourd'hui selon Dacian Ciolos
Français et Allemands tentent aussi de monter une alliance avec la Pologne pour mieux peser face aux Britanniques. Mais la Pologne (2,03 milliards de subventions en 2009) fait partie des nouveaux Etats membres de l'UE qui s'estiment lésés par des critères de répartition des aides fondés sur des niveaux de production historiques, et militent pour un rééquilibrage en leur faveur.
Le commissaire européen en charge de l'Agriculture, le Roumain Dacian Ciolos, a clairement rappelé à Merida que ces références historiques étaient un non sens « injustifiées aujourd'hui ». « Nous sommes prêts à revoir les références historiques, c'est déjà une vraie ouverture » face à Varsovie, juge Bruno Le Maire. Tout en reconnaissant que la question de savoir « jusqu'où il faut aller et à quel rythme » allait être l'un des points de négociation « les plus essentiels ».
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La bataille ne fait que commencer
La Commission européenne entend présenter courant novembre les grandes orientations de sa réforme, en vue d'une entrée en vigueur au premier janvier 2014. L'enjeu est de rendre l'agriculture européenne plus verte, mais aussi plus compétitive sur le marché mondial, alors que l'Espagne qui occupe la présidence tournante de l'UE vient de célébrer la relance des négociations de libre-échange avec le principal concurrent mondial de l'agriculture européenne, le Mercosur.
Devant le lieu de la réunion ministérielle, près de 4.000 agriculteurs ont d'ailleurs manifesté pour défendre leurs revenus, accusant le gouvernement espagnol de vouloir les « ruiner » et de n'avoir pas tenu ses promesses de soutien au secteur.