Détails techniques de la récolte de cette bonne tête d’assolement

Le lin oléagineux limite les blés sur blés, remplace l’orge, trop présent, et les cultures de printemps, délaissées. (© Terre-net Média)

Le lin oléagineux suivi par les établissements Bodin (Indre-et-Loire) couvre 850 hectares dans la région Centre. Le Canada produit environ un million de tonnes de lin oléagineux alors que la production française se limite à quelques dizaines de milliers de tonnes. Jean-Michel Bodin déplore le « manque de références techniques en France, premièrement en vue de stabiliser les rendements. » A ce titre, la plateforme d’essais de Beaumont-la-Ronce doit permettre de valider l’efficacité des intrants utilisés et de tester les variétés. Pour les liniculteurs de la région, Thierry Hache, courtier en semences et grains, et les établissements Bodin ont organisé, fin mai, une visite de la plateforme accompagnée d’une présentation technique.

Prochaine étape : la récolte

L’occasion d’évoquer la récolte qui approche, d’orienter les nouveaux producteurs et, pour les autres, de faire part de leur expérience. La récolte a lieu fin juillet, début août, quand le lin arrive à maturité, stade repérable au bruit de clochette que fait la graine dans la capsule quand on secoue la plante. Bruno Désiré, des Ets Bodin, rappelle qu’« il est possible d’utiliser un dessicant, Reglone 2 (600 g ou 3 l/ha) avec un mouillant à 0,1 % de la bouillie, dans une parcelle sale, quand 95 % des capsules ont atteint un bon niveau de maturité (couleur brune). » La dessiccation permet de récolter le lin plus facilement et rapidement grâce au dessèchement des mauvaises herbes annuelles et vivaces. L’application se programme le soir à une pression de 1 à 2 bars maximum et un volume de bouillie de 300-400 l/ha. « Huit jours plus tard, quand les graines sonnent dans les capsules, et que les conditions sont réunies il est temps de récolter. » La norme fixe à 9 % le degré d’humidité d’une plante prête pour la récolte. Cette étape demande des conditions chaudes, sèches et très ensoleillées, et se planifie en même temps ou après les blés. « Quand les conditions sont bonnes, il vaut mieux arrêter son blé pour aller dans le lin, même si le lin peut attendre. »

La filière n’a pas encore trouvé de débouchés pour la paille de lin… peut-être en litière animale ? (© Terre-net Média)

A la même vitesse que le blé

Bruno Désiré conseille « afin d’éviter l’enroulement des fibres, de ne pas hésiter à y aller franchement, à 6-8 km/h dans le sens du semis pour assurer une alimentation régulière du convoyeur ». Sinon, après avoir vérifié par un test, il s’agit d’enlever les points d’accroche potentiels comme les doigts et vis escamotables, les ébarbeurs. Le lin se récolte à la même vitesse que le blé et « plus la vis sans fin possède un diamètre important, plus vite on avance dans la parcelle ». L’état de la paille importe, elle doit être craquante. D’ailleurs, « mieux vaut moins broyer et mieux éparpiller ». Le lin ne nécessite pas de déchaumage. Il faut laisser passer la période de rouissage avec si besoin une application de glyphosate.

Laurent Cools, Ets Bodin, confirme l’intérêt du lin dans la rotation « Nos régions manquent de têtes d’assolement. Les cultures de printemps sont délaissées, de même que celle de tournesol, nos rotations affichent beaucoup de paille sur paille. Les dégâts provoqués par les ravageurs, lièvres, corbeaux s’intensifient. Le lin oléagineux allonge la rotation, constitue une nouvelle tête d’assolement, et casse le cycle des ravageurs. Il constitue par ailleurs un très bon précédent blé, à peu près au même niveau que le pois, meilleur que le colza. Le prix minimum garanti atteint 350 €/t. Enfin, l’hypothèse de rendement de 21 q/ha donne une marge brute à l’hectare de 365 € pour le lin oléagineux. Pas de quoi crier à la culture miracle, mais il s’agit d’un niveau de marge cohérent par rapport aux autres cultures de la rotation. »