|
Cédric Somnard : Je m’attarde sur de nombreux critères, en commençant par la productivité, car sans rendement, la culture ne tient pas la route sur le plan économique. Je choisis ensuite des variétés très peu sensibles au phoma, car nous sommes fortement concernés par cette maladie dans la région. Je vérifie si elles sont bien en classe 1 ou 2, mais sans exclure des variétés de la classe 2. Je suis la même démarche avec la cylindrosporiose pour éviter de devoir intervenir avec un fongicide spécifique à la reprise de végétation. Je regarde également de très près, la résistance à la verse des variétés, leur résistance à l’élongation à l’automne pour éviter que des pieds gèlent pendant l’hiver, et leur résistance à l’égrenage, sachant que certaines d’entre elles bénéficient d’un gène de moindre sensibilité à l’égrenage qui provient d’un radis chinois. J’essaie enfin de jouer sur la précocité à maturité des variétés pour étaler la récolte et mieux répartir les risques.
TNM : Est-ce que dans le catalogue variétal, vous avez trouvé des variétés qui permettent de réduire les intrants ?
CS : Non, la variété de colza qui permet de se passer de fongicides n’existe pas encore. La maladie qui nous cause le plus de soucis est le sclérotinia et il n’existe malheureusement pas encore de variétés de colza résistantes aux attaques de sclérotinia, même si les sélectionneurs mettent en place des essais pour essayer de repérer de petites différences entre variétés. Pour y faire face, j’interviens avec un fongicide, avec un Pictor Pro ou un mélange Pictor Pro Sunorg Pro, après un test par kit pétale. J’ai aussi testé cette année des champignons antagonistes du sol. On verra les résultats à la moisson.
TNM : Avez-vous une préférence entre lignées et hybrides ?
CS : Il existe une grande différence de comportement entre les hybrides et les lignées. Je retiens toujours des hybrides pour les parcelles où la levée peut être difficile, des sols à cailloux par exemple. L’avantage avec les hybrides est que la végétation dispose d’un pouvoir de compensation impressionnant : s’il manque des pieds, une seule plante est capable de pousser en véritable buisson et de boucher les trous. J’en sème tous les ans.
TNM : Compte tenu de l’ensemble de ces critères, quelles variétés avez-vous retenu cette année ?
CS : J’ai opté pour les semis 2009 pour Catalina, une variété précoce à maturité que j‘ai réservée à une parcelle plus séchante où les plantes risquent de souffrir le plus en juin des coups de chaleur. C’est celle que je vais récolter en premier. J’ai ensuite retenu deux hybrides, Exocet et DK Exquisite, pour les parcelles plus difficiles. Puis j’ai choisi la lignée Epure, plus tardive, que j’ai implantée dans une parcelle avec une bonne réserve hydrique, et que je vais sans doute récolter en dernier. Pour les prochains semis, je ne sais pas encore pour quelles variétés je vais opter, j’attends toujours la dernière minute, en général le 14 août au soir, pour disposer du maximum de résultats de l’année, avant de faire mon choix. A cette date, certains de mes voisins auront déjà réalisé leurs semis.
![]() (Cliquez sur l'image pour accéder au dossier) (© Terre-net Média) |