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Bertrand Omon : Ce n’est pas parce que l’on est en Normandie, que l’on ne peut pas tenter de réduire les intrants. Les trois dernières années de recul que nous avons, 2007, 2008 et 2009, avec de grandes différences de prix de vente pour les céréales ou de pression maladies, nous prouvent l’inverse. La variété est une clé d’entrée importante, mais pas la seule. C’est le couple « variété-combinaison de pratiques culturales » qu’il faut regarder.
TNM : Qu’entendez-vous par couple « variétés - combinaison de pratiques culturales » ?
BO : En 2007, année à très forte pression maladie, les variétés à fort potentiel mais sensibles aux maladies comme Dinosor, ont décroché de 30 q/ha par rapport à une variété comme Attlass ou Toisondor, dans ce que nous avons appelé nos essais blés rustiques avec un traitement fongicide à demi-dose. L’écart était même de 40 q/ha entre ces deux groupes de variétés en situations non traitées. Cette année là, le couple « Attlass (ou Toisondor) - conduite à bas niveaux d’intrants » a très bien fonctionné. Je suppose que la même année, le couple « Dinosor – blé intensif avec une excellente protection fongicide » a lui aussi bien fonctionné.
TNM : Quelles variétés répondent bien aujourd’hui dans vos conditions de culture, aux itinéraires à faibles niveaux d’intrants ?
BO : Koreli par exemple, en faisant attention à la verse, ce qui signifie qu’il faudra être très vigilant sur la densité de semis. Parmi les valeurs sûres, Attlass, Sézanne ou Boisseau répondent très bien. On peut aussi citer Mercato, Timber, Premio, Boregar, Goncourt… Altigo en faisant attention à la rouille jaune. On a longtemps recommandé Caphorn mais son faible pouvoir couvrant est gênant par rapport au salissement. J’ai abandonné Toisondor, car il a un défaut rouille jaune vraiment trop marqué.
Deux variétés sont aujourd’hui vraiment très rustiques chez nous, Maxwell et Barok. L’inconvénient est qu’elles sont toutes les deux classées Bau, blé à autre usage, donc non panifiables. Dommage.
TNM : Et les variétés qui au contraire seraient à éviter dans les itinéraires limités en intrants ?
BO : Je citais Dinosor, mais c’est un exemple, il y en a beaucoup. Chez nous, une variété comme Orvantis n’est pas adaptée aux conduites à faibles niveaux d’intrants, même si certaines années elle passe très bien. Par contre en 2007, elle s’est avérée très sensible aux maladies. Je suis très exigeant. Ce que je recherche c’est la variété Vtt du blé, celle qui passe partout correctement et quelle que soit l’année, sans aucune exception. Bermude n’est pas non plus pour moi en Normandie, une variété rustique. A noter que l’année 2010 ne pourra absolument pas servir de référence, car à la limite toutes les variétés auraient pu bien se comporter en conduites à faibles niveaux d’intrants. Il faudra veiller à ne surtout pas prendre la décision de désintensifier une variété, sur les seuls résultats de 2010.
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