Les agriculteurs se bousculent pour se convertir au bio

Les agriculteurs se bousculent pour se convertir au bio

L'agriculture bio victime de son succès ? (© Terre-net Média)
Cet afflux massif risque cependant de poser des problèmes d'accompagnement technique mais aussi financier, estiment les professionnels comme l'administration. « Le nombre des dossiers déposés a doublé entre 2009 et 2010 en Midi-Pyrénées, les nouvelles surfaces concernées ont triplé, et le montant des aides à la conversion versées par l'Etat et l'Union européenne devraient aussi tripler », indique Christian Ponticelli, directeur du groupement des agriculteurs bio (Gab) du Gers.

« Nous avons reçu 560 déclarations de conversion, représentant d'un coup 20.000 hectares de plus, consacrés à la production biologique dans une région qui comptait à la fin 2009 1.600 exploitants bio sur environ 75.000 hectares », précise le directeur régional adjoint de l'alimentation de l'agriculture et de la forêt, Bruno Lion. « Nous sommes très contents de cette montée en puissance, on est conforme avec le plan bio qui vise à doubler les surfaces dédiées au biologique en France entre 2009 et 2012, de 3 à 6 % de la surface cultivable », ajoute M. Lion. « Il y a à la fois un effet Grenelle, une tendance portant vers l'environnement et le biologique qui séduit désormais la grande distribution, et un contexte de crise des productions conventionnelles qui incite des producteurs à chercher un moyen intelligent de rebondir pour mieux valoriser leur production », estime ce responsable du ministère de l'Agriculture.

Les arbitrages de l'attribution des aides devront avoir lieu au niveau ministériel d'ici un mois à six semaines

« Avec une baisse de revenu de 35 %, beaucoup sont dans un merdier tel qu'ils cherchent à tout prix à s'en sortir », explique à sa manière M. Ponticelli, producteur bio historique, paradoxalement plus perplexe que le fonctionnaire. Le responsable du Gab estime que « l'afflux de nouveaux producteurs bio peut être extrêmement difficile à gérer : pour que la production reste de qualité, il faut un accompagnement technique dans la collecte, dans la distribution, cela ne se fait pas en appuyant sur une télécommande, il n'y a pas d'augmentation de moyens à la hauteur des besoins ». Selon M. Ponticelli, les moyens financiers actuellement disponibles en Midi-Pyrénées pour accompagner les nouveaux venus pendant leur conversion, c'est à dire sur 5 ans, s'élèvent à 8,5 millions d'euros (à 55 % de l'UE et 45 % de l'Etat) alors que les 560 dossiers déposés impliquent un montant global d'aides financières de 22 millions.

Le décalage est aussi très important dans d'autres régions, selon l'agriculteur, qui parle notamment d'un triplement des besoins en Bretagne à 8,5 millions d'euros et d'une progression de 4,4 millions à 6 millions en Aquitaine. Les arbitrages devront avoir lieu au niveau ministériel d'ici un mois à six semaines. « Les producteurs craignent qu'en période de rigueur on impose des critères de priorité, rejetant certains des candidats ou qu'alors on fasse une pirouette financière pour payer les aides 2010, au risque de dénoncer ensuite les contrats de cinq ans », indique M. Ponticelli.

M. Lion se veut plus confiant : « On y verra plus clair à l'automne, mais on essaiera de satisfaire tout le monde, le développement du bio est une priorité politique, il devrait bénéficier du redéploiement de crédits inutilisés dans d'autres secteurs agricoles, je ne suis pas fondamentalement inquiet ».

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