![]() Pour contrer le manque de terres, seuls des gains de productivité renforceront la sécurité alimentaire des pays importateurs. (© Terre-net Média) |
Mais les échanges de produits agricoles, en perpétuelle croissance, sont aussi un moyen de mobiliser des terres des pays producteurs. Le phénomène, très répandu et peu médiatisé, n’en est pas moins sans conséquences. Selon une étude d’Harald Von Witzke, de l’Université de Humboldt de Berlin (1), le déficit de l’Union européenne en produits agricoles équivaut à la mobilisation de 34,9 millions d’hectares dans les pays tiers. Soit l’équivalent de la surface agricole de l’Allemagne.
Ce déficit ne cesse de croître car la surface agricole européenne diminue, ses besoins augmentent et les gains de productivité décroissent.
Sur ces 34,9 millions d’hectares, les importations de soja représentent 17,5 millions d’ha et les autres oléagineux, 7,68 millions d’ha. Avec un excédent de blé équivalent à 2,29 millions d’ha, seules les exportations de céréales conduisent à des exportations « virtuelles » de terres agricoles européennes vers les pays tiers.
La conversion des déficits européens des produits agricoles en importations nettes « virtuelles » de terres agricoles permet d’apprécier dans quelle mesure l’Union européenne mobilise aussi des terres à l’extérieur de ses frontières pour assurer l’approvisionnement de ses 500 millions de consommateurs.
La production d’agrocarburants ou encore le développement de l’agriculture biologique accroîtront le déficit de produits agricoles européens et par conséquent les importations « virtuelles » de terres. La conversion de 20 % des terres agricoles européennes conduirait à la mobilisation de 10,3 millions d’hectares supplémentaires (soit la surface du Portugal). L’emploi de 10 % d’énergies renouvelables équivaut à une augmentation des importations « virtuelles » de 3 millions d’hectares de terres. Seuls des gains de productivité génèreraient une baisse de ses importations « virtuelles ».
Selon Harald Von Witzke, une hausse de 0,3 % équivaut à 5,3 millions d’ha importés en moins. « Les gains de productivité sont la clé de la lutte contre la faim et la malnutrition, contre le réchauffement climatique et pour la préservation des habitats naturels », assure Harald Von Witzke. Qui voit dans les Ogm les moyens pour relever tous ces défis.
(1) Etude présentée à la Société des agriculteurs de France le 7 juillet 2010 (www.agriculteursde France.com).