Le principe de la réglette azote, proposé par le Cetiom, est de réaliser une pesée de la biomasse aérienne pour évaluer l'importance de l'azote déjà absorbé à l'automne, de manière à ajuster la dose totale à apporter au printemps pour un objectif de rendement réaliste, en tenant compte du type de sol et de l'éventuel apport régulier de matière organique, pour l'évaluation de la minéralisation printanière.
Estimer correctement le potentiel de rendement
« II est important d'évaluer au plus juste le niveau de rendement que l'on peut atteindre. Si on est trop optimiste, la déception sera d'autant plus coûteuse que le prix de l'azote est élevé. Si l'on est trop timoré, c'est le manque à gagner lié à la réduction de rendement qui sera d'autant plus important que le prix de la graine sera élevé », explique Didier Chollet du Cetiom à Lyon.
Sur un secteur géographique donné, la sortie de l'hiver est propice à situer le potentiel pédoclimatique d'une parcelle.
Teneur de sol (selon l'analyse de sol) |
Si apport d'engrais au cours des 2 dernières années |
Si apport d'engrais plus ancien |
Observations |
Riche |
60 U |
80 U |
Sur les sols riches en calcaire (ph > 7,5) : apporter le phosphore sous forme de superphosphate |
Peu pourvu |
80 U |
130 U |
Apporter l'engrais phosphaté de préférence avant le semis |
On peut en effet moduler les résultats historiques par la qualité d'implantation et la maîtrise de l’enherbement, en supposant une bonne maîtrise des éventuels ravageurs de printemps et des maladies.
Fractionner en accompagnant la reprise des petits colzas par un premier apport
« Les essais conduits par le Cetiom montrent que les petits colzas ont tout de même un potentiel de rendement tout à fait intéressant, à condition de leur appliquer une conduite appropriée, ne négligeant ni la fertilisation azotée et soufrée, ni la protection, dans la mesure où leur faible développement les rend généralement plus exposés aux agressions parasitaires », explique Didier Chollet.
À potentiel équivalent, les petits colzas nécessitent une dose totale plus importante. « Les résultats des essais fractionnement montrent bien l'intérêt d'accompagner la reprise par un premier apport dès CI-C2, de l'ordre de 50 à 70 unités. Le système racinaire plus limité de ce type de plante incite aussi au fractionnement, pour mettre toutes les chances d'une bonne valorisation de son côté », poursuit Didier Chollet.
Dans les conditions climatiques du Sud, on constate que la valorisation des apports successifs se fait au gré des précipitations, et que d'une manière générale, les doses élevées tardives risquent d'être moins bien valorisées.
Phosphore : le colza est une plante exigeanteLe colza a des besoins en phosphore modérés, mais une capacité limitée à mobiliser celui du sol. « Historiquement, on raisonnait la fumure de fond plutôt à partir des besoins totaux, ce qui conduisait pour le colza à une fumure potassique plus importante que la fumure phosphatée », rappelle Didier Chollet du Cetiom. Or, les études des dernières décennies ont bien montré qu'au-delà des restitutions, le plus important à considérer pour un élément est l'exigence des plantes que traduit sa biodisponibilité. Celle-ci tient compte à la fois de l'importance de l'élément pour le bon développement de la plante et de la capacité de celle-ci à mobiliser l'offre du sol. « C'est ainsi que le colza est considéré comme exigeant en phosphore, bien que ses besoins soient relativement modérés », explique Didier Chollet.
Dans les situations où des impasses régulières sont pratiquées et en fonction des richesses naturelles des sols, on peut constater aujourd'hui des carences manifestes qui se traduisent par un développement végétatif, en l'absence de symptômes très explicites. « Une fumure d'entretien, apportée de préférence avant le semis du colza, met la culture à l'abri et bénéficiera à la rotation, qui comporte des plantes d'exigence moindre », conseille Didier Chollet. |