Benoît Carteau, de la chambre d’agriculture du Morbihan, explique que « l’échange de parcelles a toujours eu cours dans les campagnes mais que dans un contexte économique difficile, il peut se révéler un levier d’améliorations et de gains important ». Les exploitations, au fil du temps, se sont agrandies par rachats au coup par coup pour aujourd’hui se retrouver avec des parcellaires morcelés. Pour faire évoluer la situation, les chambres d’agriculture de Bretagne ont choisi de mettre en avant les bénéfices de l’échange de parcelles sur la traditionnelle plate-forme R&D au Space de Rennes. « En marge de cette manifestation ponctuelle, nous voulons inclure la promotion et l’accompagnement de l’échange de parcelles dans les actions de développement des chambres d’agriculture de Bretagne. »
|
|
Pas de contrainte légale
En pratique, deux situations existent. Soit les agriculteurs intéressés par l’échange sont propriétaires des parcelles concernées. Dans ce cas, un notaire devra intervenir pour rédiger l’acte de changement de propriété. Un géomètre pourra être amené à certifier la surface des parcelles. Soit l’échange se fait entre locataires de parcelles, sous réserve de l’accord des propriétaires, sans autres contraintes particulières. Les locataires conservent chacun leur bail mais l’un travaillera la parcelle de l’autre et inversement. Les conseils généraux du Finistère, du Morbihan et des Côtes-d’Armor soutiennent financièrement, le cas échéant, à hauteur de 70 à 100 % les frais de notaire, de géomètre.
Principe gagnant-gagnant
Benoît Carteau prévient que « la transaction aura lieu si la démarche se base sur le principe gagnant-gagnant. Elle doit donc, au moins, dans la mesure du possible, concerner des surfaces équivalentes, ce qui évite l’impact sur les Dpu ou les quotas laitiers ». Une perte en qualité de terre pourra se trouver compensée par la proximité des bâtiments de l’exploitation par exemple. Le gain final se situe surtout au niveau de la logistique, des coûts de transports pour les fourrages, les déjections animales, l’épandage, les transferts d’animaux, etc. « Le regroupement des parcelles autour du siège d’exploitation favorise la durabilité des exploitations en améliorant les modèles économiques grâce à des économies de charge, mais facilite également les travaux au quotidien et pour l’avenir la transmission de son exploitation. »
Retrouver la rentabilité, assurer la durabilité et travailler plus confortablement « Quand je me suis installé avec mon frère en production de pommes de terre, chou fleur et lait, rapidement nous nous sommes retrouvés face à un mur économiquement. Pour nous en sortir, nous avons choisi de passer en système herbager, d’aller vers une plus grande autonomie alimentaire, et pour ce faire nous avions besoin d’un parcellaire adapté. En 1998, nos voisins, qui connaissaient plus ou moins les mêmes problématiques, sont venus nous voir pour réarranger nos parcellaires. Nous avons confié notre dossier à un conseiller de la chambre d’agriculture de Morlaix qui y a travaillé pendant deux semaines. Au bout d’une année, le projet avait concrètement abouti. Aujourd’hui, l’élevage tourne à 80 % d’herbe avec l’objectif de passer à 100 % l’année prochaine en même temps que la conversion à l’agriculture biologique. Pour certaines parcelles, j’ai eu un pincement au cœur à l’idée de devoir les laisser mais il faut mettre sa sensibilité de côté. Depuis, je mesure chaque jour les bénéfices apportés : autonomie alimentaire, consommation de fioul divisée par deux, durabilité économique, facilité plus tard à transmettre, confort de travail… et je peux continuer à investir… j’ai installé une toiture solaire sur l’étable ! » |