![]() Un paysan et sa récolte de tabac. En arrière plan, les bâtiements d'une petite exploitation de 15 vaches laitières dont les terres ont été restituées au propriétaire à la fin de la période communiste (© Terre-net Média) |
En Roumanie, « laisser un tiers des terres, puis 20 % dans dix ans, à ce " tampon antichômage et anticrise ", qui nourrit la population rurale des régions concernées, semble plus rationnel en termes macroéconomiques, sociaux et budgétaires », analyse Alain Pouliquen.
Les exploitations de semi-subsistance se développent en créant des activités à forte valeur ajoutée
L’agriculture pluriactive est, dans ce contexte, une solution alternative et appropriée pour assurer un développement harmonieux des territoires ruraux. Et en optant pour des activités à forte valeur ajoutée (fruits rouges, volailles ou hors sol), les exploitations de semi-subsistance trouvent des moyens pour se développer et augmenter productivité et revenu.
Dans les exploitations agricoles de grande dimension, « la productivité est associée à une concentration des aides par Uta », note Alain Pouliquen, auteur de « Pays de l’Est : de la reprise agricole à la crise (Déméter 2011). L’analyse des statistiques publiées montre que cette catégorie d’exploitations accroît les disparités de revenus : entre les exploitions de 2 à 4 Ude (1) et celles de 40 à 100 Ude, l’écart de revenu par actif est de un à dix (donc dix fois plus élevé). Il serait sans les aides de un à sept. En fait, pour maintenir les investissements réalisés à leur niveau actuel dans les exploitations, seule la moitié des aides allouées suffirait.
Des exploitations de grande dimension, dans la lignée de celles de l'Ouest
Ainsi, Alain Pouliquen souligne que les exploitations de grande dimension des pays de l’Est s’inscrivent dans la lignée de celles de l’Ouest. « Elles sont principalement réservées à la production végétale mécanisée à grande échelle, en statut individuel ou sociétaire, au dépens de l’emploi et de la poursuite de la reprise agricole ». « De plus, cette rentabilité est désormais fortement tributaire des aides découplées et risque, au-delà de certains montants de profits par exploitation, de susciter d’importantes utilisations improductives et rentières de bénéfices au détriment de l’investissement productif ».
En plein débat sur la Pac post 2013, l’analyse d’Alain Pouliquen coïncide avec la publication des récentes orientations, annoncées par la Commission, de vouloir plafonner les aides Pac et leur « verdissement ». Les exploitations de semi-subsistance répondent naturellement à cette orientation, à moindre frais pour les finances publiques nationales et européennes. Elles constituent même un rempart important à la montée du chômage.