Philippe Chalmin intronisé président du nouvel observatoire des prix et des marges

Philippe Chalmin au pupitre et à ses côtés, Hervé Novelli, secrétaire  d'Etat et Bruno Le Maire, ministre de l'Agriculture. (© Terre-net Média)

A peine entré dans ses fonctions de président de l’observatoire de la formation des prix et des marges des produits alimentaires, Philippe Chalmin, par ailleurs professeur d’économie à l’université Paris Dauphine, a annoncé, ce 12 octobre, quelle serait sa feuille de route pour les semaines à venir.

Il s’attaquera aux filières élevage pour faire la transparence sur les prix et les marges en vigueur, de la production à la consommation.

C’est à cette condition que les acteurs de la filière pourront, en connaissance de cause, envisager des négociations de prix équitables pour tous. Avec comme objectif essentiel, que les revenus des éleveurs ne soient pas la variable d’ajustement des marchés.

L'observatoire « a pour objectif d’éclairer les acteurs économiques et les pouvoirs publics sur la formation des prix et des marges »

En fait, Bruno Le Maire, ministre de l’Alimentation, de l’Agriculture et de la Pêche et Hervé Novelli, secréatire d'Etat, ont confié aujourd'hui, à Philippe Chalmin , vouloir s’attaquer à l’ensemble des produits alimentaires, pour tenter de faire toute la lumière sur la formation de leurs prix et de leurs marges.

En installant le nouvel observatoire de la formation des prix et des marges des produits alimentaires, le ministre de l’Agriculture s’attache, une nouvelle fois, à appliquer la loi de modernisation de l’agriculture et de la pêche, promulguée le 27 juillet dernier.

Cet observatoire « a pour objectif d’éclairer les acteurs économiques et les pouvoirs publics sur la formation des prix et des marges, au cours des transactions au sein de la chaîne de commercialisation des produits alimentaires, qu'il s'agisse de produits de l'agriculture, de la pêche ou de l’aquaculture », explique le ministre qui ajoute : « le gouvernement et le parlement, auxquels le président de l'observatoire remettra chaque année un rapport, devront tirer toutes les conséquences des observations réalisées ».

L'observatoire regroupera 22 membres, représentants de l'Etat, de la distribution, de l'industrie et des organisations syndicales

Occupation de La Maison du lait Travailler tous ensemble aux dossiers difficiles, c’est le choix retenu par Bruno Le Maire, ministre de l’Agriculture, pour donner corps au nouvel observatoire des marges et des prix. C’est aussi la seule solution qui vaille, selon lui, pour sortir du conflit qui oppose la Confédération paysanne à l’interprofession, la Fnpl en tête. « Les interprofessions relèvent du droit privé. Aussi, forcer par la loi l’entrée des syndicats minoritaires conduirait inéluctablement à leur liquidation, les industriels refusant alors d’y siéger ». Mardi 12 octobre, c'est en ces termes que le ministre est revenu sur l’occupation de la Maison du Lait en réitérant, à la Confédération paysanne, sa proposition de se concentrer avec les autres syndicats sur les dossiers difficiles de la filière (fin des quotas, contractualisation entre autres). Bruno Le Maire a fixé un calendrier de travail avec la remise des travaux réalisés au printemps prochain, une échéance qui coïnciderait avec le départ de Jean-Michel Lemétayer, actuel président de la Fnsea ! Car les choses pourraient alors bouger ! « En attendant, l’expulsion de la Maison du lait doit s’appliquer », a déclaré le ministre de l’Agriculture. « La solution est entre vos mains ». Dans une lettre ouverte adressée à Bruno Le Maire ce même mardi, Philippe Collin, porte parole de la CP, prend au mot le ministre de l’agriculture en mettant deux conditions pour sortir du conflit syndical : • « Prendre aujourd’hui l’engagement de ne pas reconduire à la date d’échéance, la Contribution Volontaire Obligatoire qui oblige tous les producteurs de lait à payer la « taxe Cniel » ». • Ou conditionner « strictement » l’extension des accords des interprofessionnels à « une composition pluraliste de ces interprofessions ».

La nouvelle institution  comprendra 22 membres : six représentants de l’Etat et dix-neuf autres de la distribution, de l’industrie et des organisations syndicales, toutes obédiences confondues « car j’ai toujours souhaité travailler avec tout le monde ». Un souhait vouloir partager, semble t-il.

Un premier rapport sera remis au printemps prochain et des études de filières seront entre temps réalisées. « Nous ne partons pas de rien. L’observatoire des marges et des prix en place depuis que la Lme a été adoptée, traite déjà des fruits, des légumes et du porc entre autres », explique Philippe Chalmin.

L'Etat veut réduire l'impact de la volatilité des prix agricoles

« Ceci dit, faire la transparence sur la formation des prix est un exercice difficile car elle est, par nature, complexe », ajoute le professeur d’économie, expert des marchés mondiaux (coordinateur du Cyclope). Mais le fonctionnement harmonieux des marchés en dépend.

Avec cet observatoire, le gouvernement pense, pour sa part, apporter des réponses pour limiter l’impact de la volatilité des prix agricoles. Une volatilité, dont le ministre souhaite limiter au maximum les excès depuis son entrée en fonction rue de Varenne, aussi bien au niveau national et européen qu’à l’échelle mondiale en préparant le G20. « Les agriculteurs n’ont en effet pas la capacité d’amortir de fortes variations de prix ».

Le syndicat Jeunes Agriculteurs dans l'expectative Selon le syndicat de la rue de la Boetie à Paris (JA), «l'observatoire n’a de sens que s’il parvient, par un contrôle régulier et strict, à réunir les données nécessaires de la part de tous les opérateurs des filières et s’il est  capable aussi de donner une interprétation de ses résultats et de les communiquer, au  risque sinon de renvoyer chacun de ses participants à sa propre analyse…».