![]() En dix ans, la production de piment d'Espelette est passée de 6 à 95 t. (© DR) |
« Au cours de ces dix années, le nombre de producteurs de ce piment rouge vif, sur les dix communes qui bénéficient de l'appellation, est passé de 35 à 150 », précise Gilles Billaud, ravi du succès croissant de la fête annuelle où se pressent des milliers de visiteurs venus de toute la région. Le village d'Espelette, niché dans les collines verdoyantes du Pays basque intérieur, est devenu un point d'attraction touristique majeur de la région, avec ses maisons traditionnelles décorées de guirlandes de piments, qui prolongent harmonieusement le rouge basque des colombages.
Ces guirlandes - « cordes » de piments entiers-, sont utilisées pour le séchage des fruits, accrochées aux charpentes des maisons, mais aussi pour stocker les piments en cuisine ou simplement en décoration. La production de base, celle de la poudre de piment déshydratée, est utilisée telle quelle comme condiment fruité et légèrement piquant pour toutes sortes de plats (viandes, poissons, salades, sauces). Elle est très largement présente dans la cuisine basque. Mais cette poudre réhausse aussi d'innombrables préparations dont débordent les commerces du village et les stands dressés pour la fête : sel au piment d'Espelette, moutarde, saucisson au piment d'Espelette, fromage, gelée, pâté, oignons, purée, pain, confiture, foie gras, boudin, tripes, huile, vinaigre, et bien sûr le célèbre chocolat - au piment d'Espelette.
« Maintenant on en vend partout », même au Japon et aux Etats-Unis
Régine Ipharaguerre, une productrice, qui a disposé sur son stand une belle gamme de moutardes, d'huiles et de croquants au piment d'Espelette, relève le succès qui a suivi après l'attribution du label Aoc. « Maintenant on en vend partout », lance-t-elle, « je crois qu'ils en achètent même en Amérique ! ». Ce que confirme Gilles Billaud, de l'association Aoc, sans toutefois disposer de chiffres précis sur les exportations du produit, qui compte désormais des clients fidèles aux Etats-Unis, en Suisse et au Japon notamment. « Au prix actuel d'environ 45 euros le kilo, la poudre de piment à elle seule représente un chiffre d'affaires annuel de plus de 4 millions d'euros », souligne-t-il, tout en précisant que « les marges sont bien supérieures avec toute la gamme des produits dérivés ».
Un succès qui a suscité la tentation de nombreux fraudeurs, voulant mettre à profit la renommée de l'appellation. Un procès a été gagné en septembre dernier devant le tribunal de grande instance de Bordeaux, interdisant l'appellation « piment d'Espelette », utilisée par un fabricant de produits non alimentaires.« Ramené d'Amérique centrale dès le milieu du XVIIème siècle, dans les caravelles des conquistadors, l'ancêtre du savoureux piment a trouvé dans la région d'Espelette les conditions climatiques et géologiques idéales à son développement », explique le site consacré à ce produit phare de la gastronomie basque (http://www.pimentdespelette.com/).