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La transgénèse et la mutagénèse sont pourtant deux techniques bien différentes. La première, à l’origine des Ogm, consiste à introduire un gène d’une autre espèce dans le génome d’une plante. La seconde, elle, ne fait intervenir aucun apport de matériel génétique extérieur. Elle se produit naturellement dans l’environnement comme moteur de l’évolution des espèces. Elle peut également être réalisée par l’homme. Dans ce cas, elle consiste à provoquer une mutation par exposition à un agent physique ou chimique.
Les plantes suivent ensuite un schéma de sélection classique qui aboutit, par croisements successifs, à la création d’une nouvelle variété. Les sélectionneurs reproduisent ce phénomène depuis plus de cinquante ans au bénéfice de l’amélioration génétique des espèces végétales, utilisées en agriculture conventionnelle et biologique.
Avancées indéniables en tournesol
Les travaux de sélection sur le tournesol ont démarré en 1969 par la création d’hybrides homogènes au potentiel de rendement important. Par la suite, ils ont abouti à la mise au point de variétés à meilleur rendement en huile, résistantes aux maladies et, plus récemment, tolérantes aux herbicides de post-levée. Ces programmes rassemblent aujourd’hui les organismes de recherche publique, les instituts techniques professionnels, les collectivités et les sélectionneurs privés.
Mais malgré tous ces efforts de sélection, le tournesol conserve des handicaps majeurs (il se laisse notamment facilement concurrencer par les adventices), qui limitent sa compétitivité dans la rotation. Pourtant, cette culture mérite d’être soutenue en accord avec les principes du Grenelle de l’environnement car elle est peu consommatrice en eau et en intrants. Elle permet aussi de diversifier les rotations et constitue une ressource mellifère pour les butineuses.
Gommer les contraintes
Difficile alors de comprendre la démarche des faucheurs volontaires qui attaquent, sous couvert de défendre l’environnement et la société, la sélection variétale en général et ici le tournesol en particulier. Le travail des sélectionneurs participe pourtant à la diversité des productions françaises, en gommant les contraintes du milieu pour offrir un choix plus large de cultures aux producteurs. Il sécurise également la qualité et le volume des collectes et, par voie de conséquence, les approvisionnements.
Et si les préoccupations environnementales aboutissent à certaines impasses agronomiques, les chercheurs tentent de trouver des solutions conformes aux exigences du Grenelle. Pourtant, certains s’acharnent à refuser l’innovation et à contraindre l’agriculture française, ce qui pourrait favoriser les importations aux dépens de la maîtrise de la qualité des produits.
A qui profite le crime ? Marion Guillou, présidente de l’Inra, annonçait cet automne l’arrêt des travaux de création de variétés génétiquement modifiées en raison de la méfiance généralisée, voire de l’hostilité des consommateurs européens. Elle a fait part de ses « craintes quant au retard que prend l’Union européenne dans la technologie des Ogm, retard qui bénéficiera aux grandes sociétés internationales de biotechnologie », pourtant pointées du doigt par les détracteurs des cultures transgéniques. |
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Cet article est extrait de Terre-net Magazine n°2. Si vous ne l'avez pas reçu chez vous, retrouvez Terre-net Magazine en ligne en cliquant ICI. |
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