Comme nombre de coopératives, l’activité collecte du Groupe Sud Céréales a souffert sur la campagne 2009/2010, avec une mauvaise récolte et des prix en chute libre (45 % inférieurs à ceux de juillet 2009). « Mais malgré ce contexte défavorable, les autres métiers de la coopérative remettent les compteurs à l’équilibre », expliquait Emmanuel Boy, directeur général Groupe Sud Céréales, lundi 13 décembre, à l’occasion d’une rencontre organisée avec la presse régionale à la veille de l’assemblée générale. Dans le détail, l’activité collecte réalise un déficit de 750.000 euros, mais le résultat du groupe est bénéficiaire (+ 230.000 euros) sur l’exercice 2009/2010.
Une récolte de blé dur catastrophique
Les volumes collectés en 2009 sont toutefois restés stables en parts de marché. Mais en détail, la récolte de blé dur 2009 a été « catastrophique en volume », avec 109.000 tonnes collectés (cf. graphique), « la plus faible depuis dix ans », même si la qualité était au rendez-vous. En 2010, la collecte a été bien meilleure, ce qui laisse présager des résultats supérieurs pour l’exercice 2010/2011 en cours.
![]() « Le fret est une voie d’amélioration de notre bilan carbone avec des transports fluviomaritimes : cette année, nous avons réalisé deux transports de 5.000 t entre Beaucaire et Marseille », explique le président Thierry Blanchard. (© Sud Céréales) |
À l’inverse, en 2009, la récolte de riz est bien meilleure, avec une collecte de 68.000 t, des rendements satisfaisants et des prix rémunérateurs pour les agriculteurs. Enfin, les filières tournesol oléique et pois chiches continuent à se développer.
Bilan carbone, bio et Cie... Autre réalisation de l’année : le bilan carbone. Dans le détail, ce bilan se répartit pour deux tiers sur le fret et un tiers sur les transports (céréales, salariés, administrateurs). Un résultat peu surprenant du fait que le groupe rayonne sur 4 départements et demi (13, 30, 34, 83 et sud des Alpes de Haute-Provence) et réalise en moyenne une collecte d’environ 220.000 tonnes. « Le fret est une voie d’amélioration avec des transports fluviomaritimes : cette année, nous avons réalisé deux transports de 5.000 tonnes entre Beaucaire et Marseille. Quant au train, le dossier est pour l’instant bloqué. La Sncf restant muette à nos demandes. » Rappelons qu’une barge représente l’équivalent de 200 camions. Le groupe a décidé de réinvestir le sujet du bio « en mettant davantage de monde sur le terrain ». Enfin, 2009/2010 a surtout été la première année de mise en place du contrat ‘Pro-durable’ avec Panzani. Concrètement, les agriculteurs s’engagent à réaliser des relevés azotés, à utiliser des variétés recommandées et à suivre les préconisations du bulletin Bsv en contrepartie de quoi ils reçoivent des euros supplémentaires. « C’est la première fois qu’un client accepte de mettre de l’argent pour orienter la production », souligne Thierry Blanchard. Rappelons que Panzani représente entre 75 et 90 % de la collecte de Sud Céréales, après près de 4.000 apporteurs actifs (dont 700 réalisent 80 % de la collecte). Ce contrat s’adresse à tous, mais Sud Céréales et Panzani vont progressivement relever le niveau du cahier des charges. |
Nouveaux dossiers lancés
« Malgré le contexte tendu de la campagne 2009/2010, nous avons fait avancer des dossiers, notamment sur les semences et les loisirs verts, deux secteurs qui avaient peu bougé ces dernières années », poursuit le directeur. Enfin, un vaste chantier a été ouvert, celui du développement durable avec le choix des orientations principales.
Notamment sur la place à donner au sorgho avec le renforcement du projet avec In Vivo et Arterris destiné à monter un projet de filière autour de la culture. « L’idée est de créer une association regroupant tous les partenaires, des semenciers – avec Euralis et Ragt – aux sociétés de services pour l’aliment du bétail, en passant bien évidemment par les organismes stockeurs », résume Emmanuel Boy.
Le développement des circuits de proximité « est une question à laquelle nous n’avons pas encore de réponse. Mais nous partons du constat qu’en région, nous avons la capacité de produire à peu près tout ; qu’ensuite, nous avons une production organisée, avec une logistique et des lieux de stockages. Entre les Amap et la grande distribution, il y a sans doute un espace à investir. Evidemment, nous sortons du cadre stricto sensu des céréales, mais l’exemple du pois chiche avec lequel une filière a été créée de toute pièce en 4 ans, montre qu’il y a peut être un schéma à répéter. Tout cela est encore exploratoire, mais il faut se poser dès maintenant ces questions car la région a une vraie problématique : entre l’urbanisation galopante, une irrigation sous-utilisée sans parler de ce que nous réserve la Pac », explique le président Thierry Blanchard.
Nouveaux partenariats stratégiques
Pour se développer, le Groupe Sud Céréales tisse des partenariats stratégiques en recherchant les complémentarités et les compétences. Cette stratégie s’est d’ailleurs accélérée sensiblement depuis 2009 avec :
- la création d’Eurosorgho, en partenariat avec Euralis Semences, qui permet d’augmenter le budget R&D et de conforter la position de leader européen du groupe ; par ailleurs, Sud Céréales est entré au capital de Semences de France (lire ici) pour renforcer sa filière semences de céréales ;
- le partenariat de management des Gamm vert Lisasud avec la Dauphinoise.
Loisirs verts : rapprochement de Sud Céréales et de La Dauphinoise Pour Sud Céréales, l'activité 'Loisirs verts' (regroupée au sein de Lisasud) représente un chiffre d'affaires de 23 millions d’euros (17 points de vente). « Le loisir vert est un métier limitrophe par rapport à notre métier de base qu’est la collecte et très gourmand en temps. Avec ce partenariat, nous souhaitons améliorer la rentabilité des capitaux le plus rapidement possible. Notre objectif est d’augmenter de 2 % le résultat net de l’activité », résume Emmanuel Boy, directeur du Groupe Sud Céréales. « Il s’agit d’un accord dans la durée qui vise à mutualiser des moyens sur un périmètre plus large et à valoriser les compétences acquises dans ce métier par le Groupe Dauphinoise » qui compte 87 magasins et réalise un CA annuel de 85 M€. |
« Aujourd’hui, nous mettons des outils en place pour affronter les changements qui vont intervenir avec la réforme de la Pac. Car nous savons bien que le riz et le blé dur sont des petites filières qui serviront d’arbitrage à la fin. Nous devons mettre une organisation compétitive en place avant », concluait Thierry Blanchard, président du Groupe Sud Céréales.
![]() La récolte de blé dur 2009 a été catastrophique en volume pour Sud Céréales, avec 109.000 tonnes collectées (contre 150.000 t en moyenne), ce qui a profité au riz qui a vu sa collecte augmenter de 20.000 t par rapport à la moyenne, à 68.000 t. (© Source : Sud Céréales, décembre 2010.) |