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Je vous renvoie au rapport que j’ai remis à Bruno le Maire sur le sujet (http://agriculture.gouv.fr/IMG/pdf/1009DP-Demain-Agriculture.pdf). J’y établis deux constats. Le premier est qu’il est absolument nécessaire de mettre en place une régulation financière des marchés de dérivés sur produits agricoles. Les principes de régulation des marchés dérivés sont connus ou en cours d’élaboration. Une fois arrêtés, ils pourront être déclinés aux marchés financiers de produits agricoles et complétés pour tenir compte de leurs spécificités. Nous y travaillons actuellement dans le cadre des négociations sur la directive européenne sur les marchés financiers.
En second lieu, on ne pourra réguler ces marchés si, en parallèle, on n'organise pas l’encadrement des marchés physiques. C’est un enjeu essentiel si on veut mieux maitriser la volatilité de ces marchés. La première proposition est d’assurer une meilleure transparence sur les stocks et les récoltes et de développer des politiques coordonnées de stockage au niveau international. La deuxième proposition est l’organisation d’une nouvelle gouvernance mondiale par la création d’un « forum de stabilité agricole » et enfin, la dernière proposition concerne la mise en place de structures de supervision.
Une politique de régulation peut-elle se substituer à une politique économique et de production ?
Les deux sont indissociables et fonctionnent ensemble. Nous n’atteindrons une productivité optimale et de qualité qu’en ayant mis en place les instruments nécessaires à une bonne régulation des marchés.
Les conditions économiques (hausse généralisée des prix, faiblesse des stocks, sécurité d’approvisionnement) sont-elles réunies pour parvenir à un accord entre les pays du G20 en faveur de cette régulation des marchés agricoles ?
C’est justement parce que nous constatons cette volatilité des prix liée en partie aux problèmes de stockage et à la sécurité d’approvisionnement que les autorités publiques ont souhaité que ce sujet soit débattu dans le cadre du G20. Notre objectif au sein du G20 doit être de trouver un consensus sur la mise en place d’une concertation internationale sur ce sujet. Nous devons agir, sinon, l’instabilité des cours de l’énergie, l’évolution des taux de change, les perturbations météorologiques et le rôle joué par la spéculation continueront à peser fortement sur la formation des prix agricoles et ce sont les agriculteurs qui en subiront les premiers les conséquences.
La régulation des marchés agricoles n’est elle pas destinée à servir les marchés financiers avant de servir les intérêts des agriculteurs ?
Tout comme la régulation des marchés financiers existe pour protéger les épargnants, la régulation des marchés de premières agricoles doit protéger les agriculteurs et les consommateurs. Il s’agit avant tout de ramener dans un espace régulé tous les acteurs qui interviennent sur ces marchés pour lutter contre la volatilité excessive des prix agricoles. Tous les acteurs, que ce soient les agriculteurs ou les consommateurs, y gagneront.