Nicolas Vanier (aventurier, écrivain et réalisateur) : « Retrouver un peu de vérité et de cohérence »

Nicolas Vanier (aventurier, écrivain et réalisateur) : « Retrouver un peu de vérité et de cohérence »


« Nous allons devoir faire des efforts dans les années à venir pour que
les agriculteurs puissent survivre, affirme l’aventurier Nicolas Vanier.
Qu’ils puissent vivre sans avoir l’impression d’être des assistés. »
(© Thibault Branquart )

Terre-net Média (TNM) : Pouvez-vous résumer l’agriculture en quelques mots ?
Nicolas Vanier (NV) : En un seul mot : la nourriture. L’agriculture, c’est surtout ça. Il est très important de le rappeler.

TNM : La plus grande valeur de l’agriculture française ?
NV : La plus essentielle de toutes : nourrir l’humanité.

TNM : Son plus grand défaut ?
NV : L’industrialisation a abouti à des pratiques qui ne sont pas forcément durables. Ce problème dépasse largement l’agriculture : pour un certain nombre de contraintes environnementales, sociales et économiques, nous allons devoir revoir nos modèles pour que les générations futures puissent vivre aussi bien que nous.

TNM : Votre meilleur souvenir lié à l’agriculture ?
NV : C’est le regard de mon grand-père, agriculteur dans la ferme que j’habite, en train de compter le nombre de grains sur un épi de maïs ou de regarder un mouton en train de naître.

L’agriculture est LE domaine essentiel

TNM : La dernière fois que vous avez parlé d’agriculture avec quelqu’un qui ne la connaît pas ?
NV : C’était pour expliquer à des enfants que la viande et le lait viennent d’une vache, pas d’une usine ou d’un magasin. Une bonne partie du gaspillage colossal, d’énergie et de nourriture, vient du fait que les gens ne savent pas d’où sont issus les produits.

TNM : Vous sentez-vous plutôt âme "écolo" ou "agricolo" ?
NV : S’il faut choisir : "agricolo". Le terme "écolo" s’apparente plus à la politique. Je préfère l’expression plus globale de défenseur de l’environnement.

TNM : L’agriculture est régulièrement attaquée, politiquement et médiatiquement. A-t-elle réellement des progrès à faire ? Ou est-elle une cible facile pour les bobos ?
NV : Une cible car elle souffre d’un vrai manque d’image. Le grand public parle de pollueurs. Alors que les agriculteurs sont respectueux de cette terre sur laquelle ils travaillent. L’agriculture est LE domaine essentiel. Sans agriculteur, point de nourriture et sans nourriture, point de vie : est-il besoin de rappeler cette évidence ? Il faut faire en sorte qu’un enfant à l’école n’ait pas honte de dire que son père est agriculteur.

TNM : Pourquoi l’agriculture est-elle revenue dans les débats publics ?
NV : Parce qu’elle a des difficultés énormes, alors qu’elle est capitale. Si nous n’avons plus d’indépendance alimentaire, c’est catastrophique !

« Elle me fait bondir ! »

TNM : Comment la défendez-vous ?
NV : Le plus souvent auprès des enfants. Je prépare l’opération "une classe, une ferme" pour que chaque enfant à l’école puisse être en relation avec une exploitation et un agriculteur.

TNM : Votre discours sur l’agriculture, n’est-ce pas juste pour vous donner une image ?
NV : Mon image, ça fait longtemps que je n’y fais plus attention. A près de 50 ans, ce qui compte ce sont mes convictions, mes enfants et cette planète que j’aime.

TNM : Quel est le principal défi d’avenir à relever pour les agriculteurs ?
NV : Retrouver un peu de vérité et de cohérence : vivre différemment, repenser l’agriculture. Ça va se faire lentement, progressivement j’espère, avec un grand public qui redécouvre la valeur du goût. Agriculteurs et consommateurs vont évoluer vers du mieux : produire mieux et consommer mieux.

TNM : Croyez-vous à l’avenir de l’agriculture ?
Je trouve dramatique d’en arriver à se poser cette question ! Elle me fait bondir ! C’est aussi aberrant que de demander à quelqu’un s’il est prêt à arrêter de respirer, de boire ou de manger !

 

Nicolas Vanier

Né le 5 mai 1962.
Aventurier passionné par le Grand Nord, fort de nombreuses expéditions notamment en Alaska, il a écrit plusieurs livres et réalisé plusieurs films dont Le dernier trappeur, Loup et bientôt L’or sous la neige. Il habite la ferme, qui appartenait à son grand-père (35 ha), et nourrit le projet de l’exploiter en bio.

Attaché à la protection de la nature, il a participé au groupe de réflexion sur l’avenir de l’agriculture, réuni par le ministre de l’Agriculture en 2010. Sa phrase de synthèse dans ce comité : « Une grande partie de la société a oublié que c’est de la terre et du travail des agriculteurs qu’elle tire les produits indispensables à sa subsistance. »

 

A lire aussi : l'article Vision de Terre-net  Magazine n°2 

 

Cet article est extrait de Terre-net Magazine n°3. Si vous ne l'avez pas reçu chez vous, retrouvez Terre-net Magazine en ligne en cliquant ICI.  


(© Terre-net Média)

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