Jean-Pierre Jouyet (président de l’Amf) : « Je plaide pour une meilleure régulation »

Jean-Pierre Jouyet (président de l’Amf) : « Je plaide pour une meilleure régulation »


A propos du budget de la Pac, Jean-Pierre Jouyet
estime qu’il ne faut pas casser « notre première
politique commune. D’autant que nos principaux
concurrents mondiaux n’ont pas ces pudeurs.
L’agriculture est un secteur stratégique, qui
contribue à la croissance européenne et ne
doit pas être la variable d’ajustement des
négociations budgétaires. » (© Franck Dunouau)

Terre-net Média (TNM) : Pour vous, l’agriculture, en quelques mots, c’est quoi ?
Jean-Pierre Jouyet (JPJ) : « C’est la source de tous les vrais biens », écrivait Fénelon. Le socle de notre société, au cœur des enjeux économiques, sociologiques, politiques.

TNM : La plus grande valeur de l’agriculture française ?
JPJ : J’en vois trois qui la rendent unique au monde : la diversité, la qualité et l’innovation.

TNM : Son plus grand défaut ?
JPJ : Je parlerais plutôt de fragilité : elle est à la merci de ceux qui veulent faire de l’agriculture une activité comme une autre, ce qu’elle ne peut pas être. Mondialisation et financiarisation affectent son fonctionnement et pas toujours pour le mieux. Je me réjouis donc que le G20 s’empare de la volatilité excessive des prix agricoles.

« Fiers de leur savoir-faire »

TNM : Votre meilleur souvenir lié à l’agriculture ?
JPJ : Ce sont des vendanges à Amboise, une expérience unique au contact de viticulteurs fiers de leur savoir-faire.

TNM : La dernière fois que vous avez pensé à l’agriculture, c’était à quel sujet ?
JPJ : C’était à l’Assemblée nationale pour présenter mes travaux sur la volatilité des prix des matières premières agricoles. Je plaide pour une régulation financière des marchés de dérivés agricoles et l’encadrement des marchés physiques.

TNM : Vous sentez-vous plutôt âme "écolo" ou "agricolo"?
JPJ : "Agricolo", si c’est défendre une agriculture écologiquement productive. Il n’y a pas d’incompatibilité entre compétitivité et agriculture respectueuse de l’environnement.

TNM : L’agriculture est régulièrement attaquée, politiquement et médiatiquement. A-t-elle réellement des progrès à faire ? Ou est-elle une cible facile pour les bobos ?
JPJ : Ce débat est dépassé. Une agriculture, qui n’évoluerait pas, mourrait. Les agriculteurs, les premiers, en ont conscience.

Comme des chefs d’entreprise

TNM : Pourquoi l’agriculture est-elle revenue dans les débats publics ?
JPJ : Rien d’étonnant à cela. Regardez la hausse des prix des matières premières agricoles depuis 20 ans ou les émeutes de la faim dans le Sud en 2007. Songez aux débats sur le changement climatique ou bien encore aux défis de la disponibilité des terres et de la satisfaction des besoins alimentaires de 9 milliards d’êtres humains. Tout ceci, en toile de fond, de la révision de la Pac.

TNM : Comment la défendez-vous ?
JPJ : Je plaide pour une meilleure régulation des marchés des matières premières agricoles. Nous devons mieux nous armer pour ne pas subir les à-coups de variations de prix plus brutaux, plus fréquents et de plus grande ampleur qu’hier.

TNM : Quel est le principal défi d’avenir à relever par les agriculteurs ?
JPJ : Comme des chefs d’entreprise, il faut qu'ils s’organisent pour jouer à armes égales avec nos amis allemands. Ensuite, l’agriculture européenne doit rester indépendante. Nous devons donc nous mobiliser pour favoriser le développement des marchés à terme, nationaux ou européens, de produits agricoles afin de ne pas être tributaires des bourses de Londres ou de Chicago.

TNM : Croyez-vous à l’avenir de l’agriculture ? Et pourquoi ?
JPJ : Il n’y a pas d’avenir sans agriculture. C’est un enjeu de souveraineté européenne et nationale, mais aussi de solidarité avec des pays qui n’ont pas nos capacités de production et qui compteront sur nous demain.

 

Jean-Pierre Jouyet

Haut fonctionnaire et homme politique français.

Né le 13 février 1954.

Jean-Pierre Jouyet préside l’Autorité des marchés financiers (Amf) depuis le 15 décembre 2008. Il a participé au groupe de réflexion sur l’avenir de l’agriculture, réuni en 2010 par le ministre de l’Agriculture, Bruno Le Maire. Sa phrase de synthèse dans ce comité : « Inventer une nouvelle gouvernance à la hauteur des enjeux, que représentent la prévention et la gestion des crises agricoles mondiales, devrait être un objectif prioritaire des prochaines négociations internationales. »

 

A lire aussi l'article Vision deTerre-net Magazine n°3 

 

Cet article est extrait de Terre-net Magazine n°4. Si vous ne l'avez pas reçu chez vous, retrouvez Terre-net Magazine en ligne en cliquant ICI.


(© Terre-net Média)

 

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