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L’ensemble des échanges commerciaux de la France avec les pays tiers qui seront chamboulés avec la restauration du franc
En fait, le passage au franc soulève plus de questions qu’il n’apporte de solutions, dans l’immédiat en particulier. Comment réagiront nos partenaires commerciaux avec un franc dévalué ? Prenons l’exemple du blé. Si une tonne de 240 euros payée 240 francs ne vaut plus au final que 180 euros sur le marché international, la France aura-t-elle les moyens de satisfaire une demande croissante des pays tiers ? Ou au contraire, sera-t-elle victime de mesures confiscatoires, avec par exemple la fixation de taxes à l’importation ou de montants compensatoires comme dans les années 1970, empêchant alors notre pays de gagner les parts de marché envisagées? Enfin, ces 240 francs par tonne de blé seront-ils suffisants pour dégager un revenu au moins équivalent en pouvoir d’achat à ce qu’il serait en euros? Car avec une monnaie dévaluée, les hausses des prix des hydrocarbures et de leurs dérivés, payés en francs, ne seront plus atténuées par la force de l’euro, comme c’est le cas actuellement. L’essence vaudra plutôt 2 francs que 1,55 « ancien » euro!
Mais au-delà de la question du blé et des hydrocarbures, c’est l’ensemble des échanges commerciaux de la France avec les pays tiers qui seront chamboulés avec la restauration du franc. Les fondamentaux économiques de notre pays seront profondément déséquilibrés; surtout dans un premier temps. Et les investisseurs internationaux, pour compenser le risque de change, exigeraient un taux d'intérêt très élevé, préjudiciable aux conditions de financement de l'économie. Toutefois, certaines expériences étrangères ont réussi (cas du Canada ou de la Suède dans les années 1990).
Le passage au franc ébranlera toute l’Europe, la libre circulation
des marchandises et sa monnaie unique
La France ne tirera profit de la dévaluation de sa monnaie que si elle a les moyens de relancer son outil industriel et ses services pour répondre à une demande étrangère plus importante, ses produits étant devenus plus compétitifs. Autre condition à remplir, elle devra aussi disposer d’une gamme de produits appropriée pour conquérir des marchés devenus inaccessibles avec l’euro fort. Ce qui avait conduit à l'éradication de pans entiers de l’économie française (le secteur textile par exemple). Enfin, il reviendra aux exportateurs de répercuter sur leurs prix de leurs produits, la baisse inhérente à cette même dévaluation.
A l’échelle de l’exploitation Pour les agriculteurs, le retour au franc sera une sinécure si elle n’est pas réussie. Il signifiera un endettement accru avec des dettes remboursables en euros puisque libellées dans cette monnaie. En francs dévalués de 30 %, elles croîtront mécaniquement de plus de 50 %. Et pour éviter de payer au prix fort des produits importés, le franc orientera les exploitations agricoles vers plus d’autonomie énergétique et alimentaire, avec le développement accru de protéines végétales. Une idée du reste défendue dans de nombreuses contributions sur la réforme de la Pac pour l'après 2013. |
Or un français sur quatre travaille actuellement pour l’exportation. Et la France réalise les deux tiers de ses échanges commerciaux avec les pays de l’Union et elle dégage 8 milliards d’euros d’excédents de produits agricoles et alimentaires !