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Thierry Rouffet, producteur de blé et président du Gie Blé du plateau d’Evaux, souhaitait « valoriser une production locale de qualité et se passer des intermédiaires pour augmenter la marge dégagée par la culture du blé ». Chaque année, quatorze fermes livrent, à trois meuniers du secteur, 150.000 t de Camp Rémy, variété rustique au rendement moindre mais régulier, résistante aux maladies et affichant de très bonnes qualités boulangères.
Plus-value légitime
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Sébastien Mineau, producteur sur 120 ha dans la Beauce, travaille depuis deux campagnes avec les minoteries Viron, qui ont lancé la baguette Rétrodor. « La crise m’a incité à trouver de nouveaux débouchés et à supprimer les intermédiaires. » A la moisson, l’agriculteur apporte des échantillons de blé aux minoteries, qui analysent leurs caractéristiques technologiques. « Elles acceptent ou non mes lots et, ensuite seulement, nous rédigeons un contrat. »
Mis à part l’enregistrement systématique des interventions et l’interdiction d’épandre des boues de stations d’épuration, le cahier des charges ne donne pas d’indications de moyens, mais des obligations de résultats « J’atteins 80 q/ha de rendement moyen sur mes trente à cinquante hectares annuels de blé, semés avec les variétés Apache et Galibier notamment. L’an dernier, j’ai vendu environ 200 t de blé aux minoteries Viron et, cette année, 150 t ; soit une bonne partie de ma récolte. »
« 5 à 10 €/t de plus qu’à la coop »
L’acheteur affrète un camion pour venir chercher le blé stocké chez l’agriculteur, qui possède une capacité de stockage d’environ 700 t (selon les besoins, une à deux fois par mois pour le Galibier et une à deux fois par an pour la variété Apache). Le paiement a lieu à chaque fin de mois concerné par une livraison. « Le prix est fixé après négociation directe. J’obtiens, en moyenne, une plus-value de 5 à 10 €/t par rapport au blé livré à la coopérative. »
Dans le Gard, en l’absence d’acheteur en meunerie, le blé tendre bio était écoulé en alimentation animale à 180 €/t. Jusqu’à ce que le Civam Bio du Gard (1) trouve, en 2007, une oreille positive auprès de l’Union des maîtres artisans boulangers du département. Les pains Raspaillou ont vu le jour un an plus tard, avec le soutien du Conseil général.
Depuis 2010, le moulin de Sauret à Montpellier assure la mouture de la farine et la commercialise aux boulangers. « L’occasion de passer de l’échelle départementale à régionale, avec 55 boulangeries réparties sur le Gard, l’Hérault et l’Aude », note Alexandre Bancarel du Civam bio du Gard. Une douzaine de producteurs gardois fournit le blé pour la confection du Raspaillou. 150 t par an sont récoltées sur 75 ha, avec un objectif de production chiffré à 600 t/an. « En 2010, le prix moyen payé au producteur, via une contractualisation annuelle avec le meunier, a atteint 450 €/t, contre une moyenne nationale à 350 €/t pour le blé tendre bio », se félicite Alexandre Bancarel.
La baguette tradition a son décret Depuis 1993, un décret définit le pain de tradition française (pain fabriqué, sans additif, exclusivement à partir de farine, de sel, d’eau, de levure ou de levain). Dans le pain courant, la réglementation autorise jusqu’à quatorze additifs, qui permettent d’agir sur l’élasticité, la coloration et la tenue de la pâte, de réduire le temps de fermentation… Une enquête du Clcv (2) indique que des produits comme la Bannette, la Retrodor ou la Campaillette, pourtant plus chers que la baguette ordinaire, ont contribué à la stabilisation des ventes de pain, après une chute ininterrompue de la consommation jusqu’en 2000. |
Cet article est extrait de Terre-net Magazine n°7. Si vous ne l'avez pas reçu chez vous, retrouvez Terre-net Magazine en ligne en cliquant ICI.
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