Bruno Le Maire promet de durcir le combat contre la fraude (Mis à jour le 24 août)

Bruno Le Maire promet de durcir le combat contre la fraude (Mis à jour le 24 août)


Le kilo de pêches revient à 1,40 euro à son producteur, mais il lui
est acheté un euro. (© Terre-net Média)

M. Le Maire est descendu mardi après-midi dans les Pyrénées-Orientales qui devraient représenter cette année encore le tiers de la production française de pêches. Dans un département où la profession l'avait prévenu qu'elle ne se contenterait pas de paroles mais attendait des annonces, M. Le Maire a, dès son arrivée, accédé à cette exigence en promettant une réponse immédiate et concrète à la crise et en commençant par participer au sud de Perpignan à une opération de contrôle de camions en provenance d'Espagne. « Ceux qui jouent avec le calibrage des fruits, ceux qui jouent avec les prix en n'ayant pas de bon de commande seront sanctionnés », a-t-il dit devant un péage sur l'A9, par où transite la noria de poids-lourds venus d'Espagne. « Je ferai en sorte qu'ils soient plus durement sanctionnés dans les semaines à venir », a-t-il ajouté, dans des propos destinés à ceux qui s'approvisionnent en Espagne.

11 € pour un producteur français contre 4 ou 5 € maximum en Espagne

La profession se dit en plein marasme. Elle s'émeut de vendre à perte, dénonce la concurrence déloyale exercée selon elle par des pays comme l'Espagne ou l'Italie, et le chantage pratiqué selon elle par la grande distribution. Selon la Fdsea des Pyrénées-Orientales, le coût direct d'une heure de travail est de 11 euros pour un producteur de pêches français quand il est au maximum de 4 ou 5 euros de l'autre côté de la frontière pour un Espagnol. La profession se dit aussi victime du chantage de la grande distribution qui la force à vendre à perte ou à voir les grandes surfaces s'approvisionner ailleurs. Le kilo de pêches revient à 1,40 euro à son producteur, mais il lui est acheté un euro, dit la Fdsea.

Sur l'autoroute A9, M. Le Maire entendait montrer que le gouvernement se préoccupe de la traçabilité des fruits et sanctionnerait ceux qui s'approvisionnent illégalement pour revendre les fruits moins chers. « Aujourd'hui, les sanctions sont insuffisantes, et ceux qui en crèvent à la fin, ce sont les producteurs », a-t-il déclaré. Les services de répression de la fraude doivent aussi intensifier la traque aux camions venus d'Espagne sans bon de commande, a-t-il dit. M. Le Maire devait poursuivre son déplacement dans une coopérative d'Ille-sur-Têt, au coeur d'une vallée qui produit 80 % des pêches du département. Là, il pourrait annoncer d'autres mesures « immédiates et concrètes » à une profession qui l'attend au tournant et qui a laissé entendre que sa réaction pourrait être vive si elle était déçue. Les producteurs ont encore exprimé leur exaspération samedi en défonçant le portail du consulat d'Espagne à Perpignan et en y déversant des centaines de kilos de pêches. M. Le Maire a dit comprendre ce « désespoir », mais aussi condamner les violences.

Une « réponse conjoncturelle, structurelle et européenne »

Les professionnels attendent immédiatement des mesures de trésorerie les aidant à rembourser leurs emprunts ou à amortir les prélèvements et les cotisations. Au-delà des mesures immédiates, « il faut être capable d'apporter des réponses de fond », a dit M. Le Maire dans la presse locale avant son arrivée. « Il est donc indispensable d'harmoniser les règles européennes. Une des clés pour aider les producteurs français est que le coût du travail doit être à peu près semblable et compétitif par rapport à celui des Espagnols ou des Italiens », a-t-il déclaré. Ainsi le plan de sortie de crise que le ministère a promis aux producteurs pour le 7 septembre sera une « réponse conjoncturelle, structurelle et européenne », a-t-il dit.

La production de pêches emploie l'équivalent de 4.000 personnes à temps plein dans les Pyrénées-Orientales selon la Fdsea.

Mesures immédiates et plan de sortie de crise

Le ministre de l'Agriculture Bruno Le Maire a annoncé mardi une série de mesures immédiates en faveur des producteurs de fruits et légumes français aux abois.

  • Plusieurs millions d'euros d'aide, sous la forme par exemple d'allègements de charges ou de reports d'intérêts d'emprunts. Les producteurs devront dans les prochains jours spécifier les besoins et M. Le Maire annoncera un chiffre précis le 7 septembre. « C'est un effort financier important dans une période budgétaire particulièrement difficile », a-t-il dit.
  • Intervention auprès des banques pour qu'elles soutiennent la profession, par exemple en étalant ou en reportant des échéances de prêts. « Il ne serait pas normal que les banques que nous avons aidées en 2008 n'aident pas les producteurs en difficulté », a dit le ministre.
  • Intervention auprès de la Msa (Mutualité sociale agricole), organisme de protection sociale des exploitants et salariés agricoles auquel M. Le Maire va demander « des efforts supplémentaires ».
  • Durcissement des sanctions contre les fraudeurs aux importations et à la vente de fruits et légumes. Les grossistes sont dans le collimateur. M. Le Maire a promis des sanctions « lourdes ». Un décret sera pris dans les prochaines semaines.

Au-delà des mesures immédiates, M. Le Maire a rappelé qu'il présenterait le 7 septembre un plan de sortie de crise à plus long terme. Il devrait avoir trois lignes directrices:

  • une réorganisation de la commercialisation des fruits et légumes et un regroupement de l'offre pour peser plus lourd devant les producteurs ;
  • une réduction du coût du travail ;
  • la création d'une capacité européenne à aider les producteurs en temps de crise. M. Le Maire et son homologue espagnole Rosa Aguilar devraient faire une proposition en ce sens la semaine prochaine. Tous deux soumettront à la commission européenne une mesure « forte » pour réguler le marché européen des fruits et légumes, a dit Mme Aguilar en août.
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