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Traditionnellement, les agriculteurs combattaient les nuisibles par la rotation des espèces cultivées. Mais ces insectes ont commencé à pondre sur des graines de soja, et plus seulement sur les cultures de maïs, ce qui leur a permis de rester sur les mêmes champs en permanence, et a contraint à l'utilisation de phytosanitaires. Or ces chrysomèles se sont adaptées et ont commencé à y survivre. Le géant américain des semences Monsanto avait répliqué en livrant en 2003 le premier maïs grain Ogm conçu pour se protéger des attaques. En 2009, il représentait 45 % des cultures de maïs aux Etats-Unis.
Une insuffisance des « refuges »
Les premières traces des chrysomèles résistantes sont apparues cette année-là dans des champs de l'Iowa (Nord) largement attaqués. Des recherches ont prouvé que cette résistance était transmise de génération en génération. « Ces résultats montrent que des améliorations dans la gestion de la résistance et une approche plus globale à l'utilisation des semences Bt [Bacillus thuringiensis, la toxine intégrée dans les céréales] pourrait être nécessaire », a écrit un chercheur de l'université d'Iowa State, Aaron Gassmann. M. Gray recherche si celles qui ont dévoré du maïs Ogm cette année dans l'Illinois sont également dotées de cette capacité de résistance. En Iowa, les semences avaient été utilisées au moins trois ans de suite. Et pour M. Gassmann, l'une des raisons de la prolifération des insectes est l'insuffisance des « refuges »: la loi contraint normalement les agriculteurs à cultiver au moins 20 % de plantes non modifiées génétiquement dans leurs champs, ce qui doit concentrer les bêtes dans ces secteurs et les empêcher de muter.
Monsanto a tâché de faciliter la tâche des agriculteurs en leur vendant des grains mélangés entre Ogm et non-Ogm. Un porte-parole du groupe, Lee Quarles, signale également que l'agrochimiste a des substituts déjà commercialisés ou en développement. Selon lui, Monsanto prend les résultats « au sérieux » mais ne recommande pas de changer de semences. « Les produits actuels marchent. Ils continuent à offrir des rendements exceptionnels aux cultivateurs et nous constatons ces rendements sur plus de 99 % des surfaces plantées », assure-t-il.