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Patrice Gollier, directeur d’InVivo souhaiterait ainsi « complexifier le propos, au-delà des intentions politiques et des objectifs chiffrés, pour que soit prise en considération l’incidence des pratiques agricoles sur l’environnement ».
Evolution pénalisante
A l’image du Danemark qui, après avoir décidé de limiter fortement l’emploi des intrants agricoles, revoit ses exigences au regard de paramètres environnementaux. « Le gouvernement danois s’est aperçu qu’il valait mieux réduire l’usage des molécules les plus nocives que restreindre, de manière globale, celui des produits phytopharmaceutiques », explique le dirigeant.
Au Danemark, la première directive cadre sur l’eau date de 1986. Elle a imposé de diviser par deux les émissions d’azote et le recours aux produits phytosanitaires. « Toutes les substances actives ont fait l’objet d’une réévaluation et celles, qui s’infiltraient dans les racines à un taux supérieur à 0,1 mg/l, ont été interdites », précise Carle Åge Pedersen, du Videncentret for Landbrug (Service de conseil agricole danois), dans une interview accordée à InVivo (1).
Se méfier des incohérences et de leurs conséquences
Avec le recul, il s’étonne que « les pouvoirs publics aient tant focalisé sur les volumes appliqués, alors que la nuisibilité pour le milieu importe plus ». Jens Lund Pedersen, de Dla Agro, un groupement de coopératives, observe que « ces apports d’azote plafonnés, souvent inférieurs d’environ 16 % à la dose optimale, n’ont pas eu d’effet sur les rendements des blés. En revanche, ils ont entraîné une chute des taux de protéines de 1 % en 7-8 ans, une évolution qui pénalise toute la filière. (1) »
Aussi, depuis deux ans, une attention plus importante est accordée à la nocivité pour l’environnement, avec des taxes modulées en fonction du risque. « Le but est d’inciter les exploitants à employer les formulations les moins nocives qui deviennent, logiquement, les moins chères », conclut le conseiller Carle Åge Pedersen.
Sous le joug d’Ecophyto
En France, jusqu’à début 2011, les solutions de biocontrôle, alternatives à la chimie, se trouvaient sous le joug de l’objectif de restriction d’Ecophyto qui visait l’ensemble des phytosanitaires sans distinction. Ce que constatait l’Inra : « L’Indice de fréquence de traitement (Ift) fait abstraction des caractères spécifiques des produits, notamment de leur degré de toxicité ou de persistance dans le milieu. »
Suite au rapport d’évaluation des solutions de biocontrôle du député Antoine Herth, remis le 19 avril dernier, Bruno Lemaire a présenté une feuille de route au Comité opérationnel Ecophyto 2018. Parmi les actions concrètes à mettre en oeuvre dans les deux ans : l’intégration des outils de biocontrôle dans le calcul de l’Ift, en tenant compte de leur innocuité. Une sorte « d’Ift positif » pourrait ainsi voir le jour.
Cet article est extrait de Terre-net Magazine n°9 Si vous ne l'avez pas reçu chez vous, retrouvez Terre-net Magazine en ligne en cliquant ICI.
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