 La France croule sous les pommes de terre cette année. (© Terre-net Média)
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Cette année, les producteurs de pommes de terre sont dépités. Alors que l’ensemble des
prix agricoles à la production sont globalement bien orientés, le
marché à terme de la pomme de terre laisse peu de perspectives pour les semaines à venir. Le prix de la tonne de pommes de terre, échéance avril 2012, est de 75 €. Contre, toute attente, les producteurs de pommes de terre français ont récolté 5,3 Mt de tubercules de gros calibres, peu aptes à la conservation et par conséquent difficiles à commercialiser. Or, si le comité national interprofessionnel de la Pomme de terre apprécie les efforts de la filière pour hisser la France et la maintenir au rang de premier exportateur mondial, ses représentants se sont montrés incapables d’expliquer aux producteurs la voie à suivre pour que la campagne 2011/2012 ne soit pas au final un marasme.
Pas de perspectives
Lors d’une table ronde « Bilan et perspectives à l’export », organisée par l’interprofession après son assemblée générale, aucune stratégie n’a été définie pour écouler les surplus. A mi-campagne, il est fort regrettable que les agriculteurs ne disposent pas de perspectives précises pour les semaines à venir afin d’écouler au mieux leur récolte.
La stratégie de commercialisation est perfectible
Le nouvel eldorado des exportateurs de pommes de terre serait les pays de l’est. Ils rendraient la France moins dépendante de ses principaux clients du sud de l’Europe. A condition cependant que les nouveaux entrants dans l’Union ne soient pas assimilés à des marchés de dégagement. En fait, en exportant des pommes de terre, la France exporte aux clients étrangers ses critères de qualité dans les grands réseaux de distribution français qui reproduisent à l’étranger leur schéma d’approvisionnement (pommes de terre lavables). Ces dernières années, la qualité de ses lots et son choix variétal sont des atouts très appréciés de l’offre française pour répondre à la demande étrangère. Toutefois, la stratégie de commercialisation est perfectible. Les exportateurs de pommes de terre déplorent la lenteur des laboratoires d’analyse et ils sont parfois conduits de passer par Anvers pour exporter leurs produits car les ports français ne sont pas assez fiables. Enfin, les exportateurs ne sont pas suffisamment soutenus par les assurances de crédits parfois très onéreuses à souscrire.
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Les participants de cette table ronde ont préféré s’extasier devant les bons résultats passés et sur les débouchés envisageables à moyen terme. Mais aucune solution n’a été proposée pour parer à l’urgence. Pourtant chaque campagne est une nouvelle histoire ! Sait-on seulement avec précision quelle est la proportion de tubercules qui ne sera pas au final commercialisable. Or un point de plus ou de moins, équivaut à 50.000 tonnes en France. Et chez nos voisins nord européens, comment a été vécue la première partie de la campagne?
La Pologne prévoit d’importer 600.000 tonnes de pommes de terre. Alors que doit faire la France pour remporter une bonne partie du marché ? Là aussi, on aurait pu attendre des réponses concrètes car le temps presse. Une initiative pour structurer l’offre aurait été fortement appréciée.
Stratégie de valorisation et d’exportation
En fait toute la stratégie de valorisation et d’exportation de pommes de terre a été établie ces dernières années dans un contexte de production équilibrée pour conquérir des marchés. Aucun scénario de crise dans les tiroirs! « Résultat, pour cette année, les jeux sont faits », déplore un producteur de pommes de terre du Nord. Et si les producteurs français tentent de tirer leur épingle du jeu en offrant, comme chaque année, des lots de pommes de terre variés et sains, ils craignent de se faire dépasser par des pays peu scrupuleux, prêts à écouler à bas prix leurs pommes de terre plutôt que d’en perdre une partie compte tenu de leur faible aptitude à la conservation.