![]() Allier bénéfices écologiques de la haie et intérêts économiques. (© Terre-net Média) |
« 100 m de haies de charmes têtards (Ndlr : technique de taille propre à la production de bois de chauffage) produisent, en quinze ans, l’équivalent en plaquettes de 5.600 l de fuel, explique Françoise Gion, directrice de l’Atelier agriculture Avesnois-Thiérache (Aaat), soit une production annuelle d’environ 370 l de fuel à 0,16 € le litre. Plus de 6.000 km linéaires de haies parcourent le pays de Thiérache. La ressource potentielle de la zone se situe entre 35.000 et 38.000 t/an de bois bocager. De quoi alimenter 1.500 chaudières de 50 kW et chauffer jusqu’à 18.000 personnes ! »
Un réseau de pionniers
![]() Trois déchiqueteuses tournent en Thiérarche : une Biber 80 avec grappin, une Fsi 250 et une Biber 5K. (© Aaat) |
L’association s’occupe de centraliser les contrats et de faire le lien entre les clients et les agriculteurs. Ces derniers assurent la livraison des plaquettes dans un rayon de 15-20 km. Pour les trajets plus longs, l’Aaat fait appel à un transporteur. « Des contrats ont été signés pour dix chaufferies avec des particuliers, des associations, une école et une mairie. »
Retour sur investissement en 7 à 10 ans
![]() L'hiver dernier, l'Aaat a commercialisé 1.150 m3 de plaquettes sur 2.500 m3 disponibles à la vente. (© Aaat) |
Chaque année, Jean-Pierre Millet (lire l’encadré "Initiative") tire, d’1/15ème de ses haies (un passage tous les quinze ans), 200 à 220 m3 de plaquettes. 70 à 80 m3 sont autoconsommés, le supplément de plaquettes étant vendu, après six mois de séchage, 23,50 €/m3 départ ferme. « Le prix inclut les frais de main-d’oeuvre, 10-15 € pour le déchiquetage et 3-4 € pour le stockage. Au moins, le temps mobilisé par cette activité est bien rémunéré. » La vente de plaquettes et les économies en bois de chauffage couvrent l’achat de la chaudière avec un retour sur investissement estimé entre 7 et 10 ans, pour une durée de vie de l’installation comprise entre 20 et 25 ans.
![]() Le parc de chaudières a consommé, l'hiver dernier, 1.515 t de plaquettes issues de l'entretien de 250 km de haies. (© Aaat) |
Initiative : Jean-Pierre Millet, éleveur dans l’Aisne : « Raser ou évoluer »
Deux options s’offrent alors à lui : raser ou évoluer. « Lors d’une démonstration, je découvre le déchiquetage mécanisé et décide de me lancer dans cette activité. En 2004, après montage du dossier et collecte de fonds, ma Cuma achète une déchiqueteuse. Deux ans plus tard, je remplace ma chaudière à bois par un modèle à bois déchiqueté pour le chauffage de la maison, de la salle de traite et de l’eau sanitaire (laiterie et habitation). » L’éleveur évoque l’aspect "développement durable" au sens large de cette évolution. « J’allie, grâce à une démarche cohérente, bénéfices écologiques de la haie et intérêts économiques. » La mécanisation fait gagner du temps et augmente en plus le rendement calorifique du bois bocager. « Pour une même production de chaleur, la chaudière à bois déchiqueté nécessite moins de matière et la déchiqueteuse ne laisse rien sur la parcelle. » |
Cet article est extrait de Terre-net Magazine n°10 Si vous ne l'avez pas reçu chez vous, retrouvez Terre-net Magazine en ligne en cliquant ICI.
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