Les réponses de Marine Le Pen à vos questions

Les réponses de Marine Le Pen à vos questions

Pendant plus d'une demie-heure ce jeudi 19 avril 2012, Marine le Pen, candidate du Front national, a répondu en direct aux questions des agriculteurs.
Pendant plus d'une demie-heure ce jeudi 19 avril 2012, Marine le Pen, candidate du Front national,
a répondu en direct aux questions des agriculteurs. (© Terre-net Média)

Jeudi 19 avril 2012 de 15h15 à 15h45, Marine Le Pen, candidate du Front national à l'élection présidentielle, accompagnée de Philippe Loiseau, son conseiller agricole, a répondu en direct aux questions des agriculteurs. A trois jours du premier tour de l'élection, elle est le dernier des 10 candidats, ou de leur représentant, à se prêter à l'exercice.

Renationalisation de la Pac, sortie de l'Euro, Ogm, dépendance de la France en protéines végétales, retraites, intention de vote des agriculteurs, fiscalité agricole, plafonnement des aides, politique d'installation: retrouvez toutes les réponses de Marine Le Pen à vos questions.

A la suite des sept questions suivantes auxquelles la candidate du Front national a pu répondre pendant le tchat du jeudi 19 avril, retrouvez aussi les autres questions auxquelles Philippe Loiseau, conseiller régional du Centre et représentant de Marine Le Pen pour les questions agricoles, a répondu ce vendredi matin. 

 de "Nicolas " Mme Le Pen, je vous ai vue fin mars à Montpellier. J'ai été abasourdi par votre hargne lorsque vous dénoncez "le système" et accusez directement ceux qui vous ont invité à vous exprimer sur votre programme agricole. Si jamais vous étiez au pouvoir,compteriez vous diriger le pays avec la même agressivité? Que ferez vous pour les agriculteurs qui adhèrent à la Fnsea alors que vous accusez Xavier Beulin de mauvais lobbyiste? Vous leur couperez toutes les aides? Vous n'êtes pas la seule à dénoncer le modèle agricole actuel. Mais les autres le font avec plus de tact et de calme. Merci pour votre réponse.

 Marine Le Pen: C'est quand même étonnant que l'on soit invité pour dire du bien de la puissance invitante. Cela n'a pas de sens. Je suis venue avec courage, clarté et dire ce que je pensais de la Fnsea. J'ai dans mes rangs beaucoup de membres de la Cgt et je conteste certaines positions de la Cgt. Je reproche à la Fnsea à copntribuer à l'éffondrement de l'agirculture française en se soumettant à une agriculture libérale, en ne défendant pas les agirculteurs mais les grandes puissances financières, en poussant à la concentration et en refusant tou protectionnisme agricole. Je n'ai pas eu le sentiment d'avoir été agressive, malgré les huées de ceux qui n'ont pas le même avis. Quand on invite quelqu'un, on ne le hue pas quand elle n'est pas d'accord avec la salle. J'en suis très fière.

 de "asterismx " bonjour me lepen je possède 148 ha et je n arrive pas a vivre de mon métier , pensez vous que demain pour arriver a vivre de mon métier je doive faire comme de nombreux collègue procéder a de multiple agrandissement déguiser en reprenant des hectares et en les inscrivants aux noms de mon épouse alors qu elle a déjà un métier ou qu'elle ne connaît rien en ce métier ? salutations patriote

 Marine Le Pen: De nombreuses exploitations disparaissent. Et notamment depuis 1992, nous étions à plus de800 000 exploitations. Nous enregistrons 2 suicides par jours. Il y a donc un malaise important dans ce métier. A l'exception agriculturelle, les produits agricoles seront payés en fonction du prix de revient et non plus au cours mondial. Par contre les charges des exploitants seront revus à la baisse. Par exemple chez les producteurs de lait, ce sont les charges de mise au normes qui les fragilisent. Pour les céréaliers, c'est le système de marché à terme qui ne va pas puisque ça revient au système de la bourse, un principe où il y a des contrats bien avant la récolte, et où on ne sait pas quand vendre. Il faudrait donc revenir à des prix minimum garantis et rémunérateurs que l'Etat imposerait aux marchés financiers.

 de "Patrique " à l' instar des 9 autres candidats vous proposez une autre politique agricole. Or celle-ci est juridiquement européenne et donc inréformable seul. Comment mènerez-vous une autre politique agricole sans sortir de l' UE ?

 Marine Le Pen: On peut proposer une politique en Europe mais c'est vrai qu'aujourd'hui, dans ce système européen, chaque pays n'a pas le droit de soutenir sa filière agricole, c'est interdit. On doit renationaliser cette politique agricole. La France, dans le cadre de la reconstruction de l'Europe, donne 20 milliards d'euros par an et Bruxelles nous redonne 13 milliards. Il y a donc un différentiel de 7 milliards qui nous échappe. Sur ces 13 milliards, il est consacré 9 milliards à l'agriculture française sachant que l'Etat français reverse 5,5 milliards pour nos agriculteurs, du ministère de l'Agriculture. Le budget annuel est donc de 15 milliards environ. On n'a donc pas besoin d'intermédiaires pour aider les agriculteurs. On peut les aider directement sans passer par Bruxelles.

 de hubert6224: bonjour des sommes tres importantes sont versées aux agriculteurs par l'europe.etes vous pour le plafonnement par exploitation de ces primes?

 Marine Le Pen: C'est en fonction des besoins. Dans la mesure où on renationalise cette politique agricole, la France aidera elle-même ces exploitants. Les aides seraient plafonnées et dégressives en fonction de la surface, au plus juste, pour aider les plus petites structures. Nous pouvons avoir une agriculture forte en ayant un grand nombre d'agriculteurs. Il faut un système qui recréée une justice selon l'objectif que l'on se donne. Mon objectif est de soutenir les exploitations familiales, libres. Or, dans le système Sarkozy, nous soutenons ceux qui n'ont en ont pas besoin. Je veux donc mener une politique radicalement différente. On voit qu'il y a une volonté de concentration. Moi, je pense qu'il faut faire l'inverse, car c'est la garantie de l'emploi, du savoir-faire, de la sécurité alimentaire, mais c'est la garantie d'une vraie concurrence car la concentration est l'abus de positions dominantes et de pouvoirs.

de deprimer: Bonjour, la retraite agricole est toujours aussi ridicule mon mari conjoint pour trente ans de travail va percevoir 200 euros de la MSA. Que pensez vous faire pour reduire la tranche de revenu (5000 a 30000) dans laquelle tout le monde a les 16 points par an pour percevoir ces petites retraites.

 Marine Le Pen: Je compte revaloriser les retriates des agricutleurs, pour qu'elles ne soient pas inférieures à 85 % du Smic dans le pire des cas. Mais je suis consciente que l'affaiblissement continue des exploitations agricoles, et donc les difficultés à les vendre est aussi une perte de capital. Comme les commerçants, le fonds participe au capital de la retraite. Or, si ce capital est dévalorisé, cela aggrave la précarité des agriculteurs.

 De arsel: les agriculteurs sont, en règle générale, pour la régulation des prix et des productions, tout au moins pour une certaine stabilité pour pouvoir construire un avenir et assurer une pérénité de leurs exploitations.l'Europe, qui dans ses fondements, devrait les protéger, par son libéralisme exacerbé remet en cause des productions bien établies,structurées, je pense notamment à la production de betteraves à sucre, l'Europe veut mettre fin aux quotas sucre, quelle est la position de Marine LE PEN, sur cette attitude de l'Europe, et si je peux ajouter, quelle est la position de Marine LE PEN sur le harcément des régles écolo-environementales euro-franco-françaises envers l'agriculture. Un agriculteur de l'Oise Picardie

 Marine Le Pen: La Pac aujourd'hui ne remplit plus son rôle. Elle a été conçue pour assurer la subsistance des agriculteurs. Aujourd'hui, elle est un vecteur de leur disparition. Je suis donc pour renégocier pied à pied les traités dans l'intérêt évident de nos agriculteurs. Et je pense qu'il faut passer par la renationalisation des aides: la Paf. Cela n'empèche pas d'avoir des accords bilatéraux entre pays. La concurrence déloyale à tous crins, j'en suis l'adversaire. Quant aux directives technocratiques qui se multiplient dans des proportions insoutenables, je pense qu'elles sont volontairement mise en place pour étouffer les exploitations familiales. La nationalisation de la Pac a pour vocation de supprimer cette persécution bureaucratique. D'autant plus que ces normes sont imposées à nos produits mais pas aux produits importés qui rentrent en concurrence directe avec les nôtres.

 De Pviallet : La fiscalité agricole à besoin d'etre révisée en profondeur car elle n'est plus adaptée à la réalité (fluctuation des cours, taille des exploitations, diversification etc....) Comment voyez vous cette évolution , et par quelle priorité allez vous commencer ? Bien à vous.

 Marine Le Pen: Je pense que la fiscalité doit être progressive. Les expoloitations doivent être soulagée de la pression fiscale. L'agriculture n'est pas qu'un pan de notre économie. C'est plus que cela. C'est une condition de notre indépendance alimentaire. C'est notre liberté. C'est aussi une politique d'aménagement du territoire. On en parle pas, mais c'est les agriculteurs qui modèlent le paysage français. Les citoyens ont donc une dette commune globale, envers eux. Avant de parler de fiscalité, il faut parler des revenus. On ne tond pas un oeuf. Pour la production française, je veux un système basé sur des prix équitables. La Tva minimum sur les produits alimentaires est un moyen de soutenir l'activité agricole française. Mais des droits de douane sur les produits importés qui ne respectent pas nos normes doivent s'appliquer en parallèle.

Voici ci-dessous les réponses apportées par Philippe Loiseau, représentant agricole de Marine Le Pen, aux autres questions posées par les agriculteurs.

 

 escatien :que va devenir la PAC après vous ?

 Philippe Loiseau:  Contrairement à ce que prétendent mes adversaires, je n’ai jamais eu l’intention de claquer la porte au nez de nos partenaires européens ! Je veux renégocier pied à pied les grands traités dans l’intérêt de nos concitoyens, de notre nation !
La Pac fut l’un des piliers de la construction européenne (de 1957 à 1962). Elle fut conçue pour assurer la subsistance des européens, pas pour défendre les intérêts des spéculateurs et des grands groupes privés ! La nouvelle Pac est totalement dévoyée. La nouvelle Pac mène notre agriculture au désastre et menace directement nos emplois et notre souveraineté alimentaire !
Il faut reprendre toutes les négociations : c’est un travail de longue haleine qui passera par la renationalisation de beaucoup d’aides. Je pense en particulier à tout ce qui concerne nos terroirs, à l’agriculture de montagne, au bio, aux circuits courts, aux produits frais etc…
Concernant la production à destination de l’industrie (la majorité), je pense qu’il existe des convergences avec certains de nos partenaires, je pense en particulier à l’Allemagne. Une gestion commune de certaines productions pourrait être maintenue à condition qu’elle ne se fasse pas au détriment de l’un ou l’autre parti comme c’est le cas aujourd’hui. En lait comme en porc, l’Allemagne gagne des parts de marchés dans notre pays. Pourtant, leur agriculture souffre également, contrairement à ce que racontent nos politiques : pour le lait, les länder du Nord avec de grandes exploitations, tirent les prix à la baisse et ruinent les éleveurs des länder du Sud. Le tout au prix d’un endettement très lourd pour les grandes exploitations du Nord.
Pour nous, il faut :
1/ supprimer d’urgence les aides découplées (Droit à Paiement Unique) et mettre au point des aides couplées au volume et à la quantité. Nous engageons bien entendu à maintenir le budget d’aide distribué aux agriculteurs français dans tout les cas de figure ;
2/ pour le lait, il faut conserver des quotas, quitte à les assouplir si nécessaire, pour réguler les prix ;
3/ maintenir des droits de plantation pour les viticulteurs. Bruno Le Maire prétend avoir obtenu une victoire avec l’ouverture de nouvelles négociations à ce sujet. Il oublie juste de préciser que les pays favorables au maintien des droits de plantations sont toujours minoritaires et que les puissants lobbies des négociants et des alcooliers poussent, y compris en France, à un assouplissement de ces droits qui les rendront rapidement caducs. On change le mot (assouplissement à la place d’abolition) mais pas le fond !
4/ simplifier les normes environnementales. Là encore, la renationalisation de cette partie de la politique agricole s’impose pour une raison évidente : les contraintes et les impératifs environnementaux sont très différents d’un pays à un autre. L’eau, par exemple, ne peut être gérée de la même manière en Grèce, en France ou en Suède !
5/ renforcer les droits des organisations de producteurs, moderniser celui des coopératives, en finir avec l’empilement des législations et des décrets, en particulier pour protéger les agriculteurs d’une intégration par les industriels (la loi encadrant les contrats d’intégrations date de 1964 !!!) ;
6/ arrêter la politique de concentration à tout prix qui détruit les savoirs faire et les emplois. Les concentrations servent les intérêts des grands groupes, pas ceux des producteurs…
7/ abroger la Lma de Bruno Le Maire et Nicolas Sarkozy qui impose la contractualisation obligatoire. Cette contractualisation attente à la liberté des exploitants agricoles sans pour autant garantir des prix justes ! C’est une escroquerie !

 marieh : Madame, pourquoi n'avez vous pas pris la peine de répondre au questionnaire sur la condition animale? Cela en dit long sur votre faible capacité d'empathie. Les bêtes, les gens cela ne vous concerne guère: vous préférez les diatribes véhémentes. Et vous entraînez dans votre sillage les aigris et les haineux. Lamentable. Bien évidemment, l'expert ne publiera pas...

 Philippe Loiseau:  Ma position sur la condition animale est connue. Si je critique l'abattage rituel hallal c'est aussi au nom de la condition animale. J'ai beaucoup de respect pour Mme Bardot et son combat notamment. Je ne vois pas pourquoi vous dites que les "gens cela ne me concerne guère" puisque je ne cesse pas de dénoncer les conditions de vie de mes compatriotes les plus démunis.

 AXIS :Bonjour Madame MARINE Que comptez-vous faire concernant le statut du fermage, ainsi que Le monopole de la Msa dictature Merci

 Philippe Loiseau :Le statut du fermage doit être revu et adapté. Tout en maintenant un bail de carrière qui protège le fermier tout au long de sa vie professionnelle, il faut mettre en place de baux plus courts voire à l'année avec possibilité pour le propriétaire de récupérer ses terres en fin de bail sous conditions ....Bien entendu, le montant du fermage sera adapté à la nature de ces engagements. Par ailleurs, d'autres formes de faire valoir sont à promouvoir comme la gérance ...Enfin pour exercer le métier de la terre, il n'est pas obligatoire d'être propriétaire, mais on peut l'envisager comme salarié avant de se mettre à son compte quand on en aura les moyens. La MSA n'est pas une dictature on peut envisager de l'incorporer avec la sécu…

 deprimer :Bonjour, Comment pensez vous inverser la politique agricole mise en place par Mr Sarkozy, je pense à la contractualisation, à des mots qui n'ont de sens que pour ceux qui les inventent : flexibilité additionnelle, contribution volontaire obligatoire. Quels seront vos mots ?

 Philippe Loiseau :Pour mettre fin à une cogestion malsaine qui favorise les conflits d’intérêts et prive une majorité d’agriculteurs de toutes formes d’expression, il faut imposer la proportionnelle intégrale. Comme en politique, nous sommes de fervents défenseurs de la proportionnelle intégrale : c’est la meilleure solution pour assurer la meilleure représentativité des agriculteurs, des chambres d’agriculture à toutes les instances professionnelles en passant bien entendu par les interprofessions.
Concernant les interprofessions, il faut également nettoyer la jungle des cvo (contributions volontaires obligatoires) prélevées à tort et à travers sur toutes les productions et en toute opacité. Concernant la contractualisation obligatoire, nous y sommes fermement opposés.

 Conan :Bonjour Monsieur, notre agriculture est emprisonnée dans plusieurs carcans: - L'Union européenne, bien sûr, et sa dictature réglementaire, mais là-dessus on connaît votre position. - Mais aussi, encore aujourd'hui, le carcan quasi-soviétique mis en place après guerre en France, qui s'est un peu relâché mais demeure inacceptable. Il contient, pêle-mêle: - le contrôle des structures (Cdoa et Cie), sous la coupe des syndicats. Magouille, copinage, spoliation. - le statut du fermage, véritable spoliation de la propriété et boulet de l'investissement foncier agricole. - le pouvoir des Safer, du même métal. - le verrouillage du marché des céréales au profit des organismes stockeurs, des coopératives; le verrouillage des approvisionnements en semences par les semenciers. - La dictature écologiste française, s'ajoutant aux diktats bruxellois, qui se traduit par des règlementations confiscatoire ou très handicapante en matière d'eau, de gestion des effluents, de liberté culturale, d'investissements ruineux et hideux (toitures sur béton, fosses toutes eaux, etc.) et toujours plus de paperasse et de déclarations. Je précise que je suis producteur en agriculture biologique, en polyculture et élevage. Prévoyez-vous de vous attaquer enfin à ce système liberticide, par un grand coup de balai. Deuxième question : prévoyez-vous, au niveau national, de porter un coup d'arrêt à la destruction galopante des terres agricoles et naturelles dont les principaux coupables sont les collectivités locales, les élus qui ont la folie des grandeurs et totalement inconscients : rocades, voies rapides, "zones artisanales" ou commerciales extensives, lotissements démesurés, espaces "de loisirs" innombrables, presque toujours donnant lieu à expropriation ou acquisition par l'intimidation par les collectivités qui s'emparent petit à petit du territoire national, notamment agricole, pour leurs lubies. Merci de nous dire quelles mesures vous comptez prendre en ces matières, sachant que le mal est profond et très préoccupant.

 Philippe Loiseau :Le statut du fermage a été évoqué plus haut. Pour les Safer elles doivent être seulement un service public de veille du foncier, éventuellement intervenir dans le cas de grands travaux pour sa gestion. Le droit de propriété doit être souverain et ses règles scrupuleusement respectées ce qui évitera toute démarche de copinage

 Jean Claude: Vous voulez imposer fiscalement le capital. Coïnciderez-vous une exploitation agricole avec ses terres comme du capital imposable?

 Philippe Loiseau :C'est un outil de travail et non de loisir qui justifie une fiscalité moindre. Par ailleurs il faut faire la différence entre le bien familial réalisé suite à des privations pour assurer une transmission et une sécurité à ses enfants et le bien issu de la seule spéculation ....

 boufmi :bonjour Mr le représentant de Mme Marine Le Pen, une question simple pourquoi voulez casser les accords sur les prix du lait des endives .....en jugeant ces accords illégaux. Concrètement et clairement par quelle règle (lois) allez vous remplacer ce système qui maintiens pour l'instant l'acte de production dans notre pays ?

 Philippe Loiseau :Il faut donner aux agriculteurs la possibilité de s’organiser (organisation de producteur ou OP) réellement pour peser dans les négociations sur les prix en tenant compte, entre autres, du coût de leur travail. Cela doit être fait de manière transparente et dans un cadre légal aménagé pour ne pas aboutir à des ententes opaques dont on ne sait jamais à qui elles profitent réellement et qui privent les français de leur pouvoir d’achat. Les prix minimum doivent pouvoir être fixés autrement que par les fluctuations des marchés de matières premières. Face à la fluctuation des cours, aucun de mes adversaires n’a évoqué ces dernières années deux vérités bien connues des économistes : 1/ seuls environ 10% des matières premières agricoles (hors café, cacao et orange) transitent par les marchés à termes ; 2/ ces marchés sont une variable d’ajustement, certains vont jusqu’à parler de marchés d’excédents. Pourquoi dans ce cas fixer les prix sur un dixième de la production et qui plus est la moins bien valorisée ? C’est absurde et ça ne profite qu’aux spéculateurs !

 deligny: Permettez-moi, monsieur de vous exposer un problème majeur qui me vaut depuis 2010 un nombre incalculable de démarches administratives non encore abouties • En effet, afin de faciliter la tache de l'administration française –et en particulier celle du Ministère de l'Agriculture- j'ai rempli ma déclaration Pac 2010 via Télépac. Après un long cheminement dans le dossier, qui reconnaissez-le réclame un remplissage fastidieux, j'ai omis de cocher la case " aides découplées" ô combien vitale pour mon exploitation. Ce qui entraine la privation de mes aides en 2010 et une situation financière catastrophique. Cette case pourrait au moins être au minimum associée à un message d'alerte stipulant au nouvel internaute que je suis que si je ne coche pas cette case cela signifie que je refuse les aides vitales pour mon activité. Alors que c'est précisément le but du remplissage de ce dossier ! Depuis, je vais de démarches administratives en démarches administratives sans obtenir encore d'aboutissement favorable à mes recours et laissant ainsi mon entreprise et ma famille dans une situation épouvantable. Ma question : Dois-je entamer une grève de la faim pour voir mes démarches aboutir et recevoir enfin les aides auxquelles j'ai droit de prétendre et apercevoir ainsi la sortie du gouffre ? Deligny Gérard

 Philippe Loiseau :Hélas actuellement un bon agriculteur n'est pas celui qui travaille bien ses champs mais celui qui est à jours dans ses papiers…L'erreur évoquée ne doit pas mettre en cause le paiement de vos aides, d'autant que vous avez fait l'effort de rédiger votre déclaration sur internet pour soulager l'administration. Il est inadmissible que l'administration soit aussi tatillonne. Par conséquent je soutiens les agriculteurs de la Marne qui font la grève de déclaration internet au profit de la déclaration papier pour défendre 2 agriculteurs pénalisés... peut-être êtes-vous l'un d'entre eux ....

 VOYAGEUR :Notre pluriculture de montagne est très déshéritée, dans le paysage agricole de notre pays. Que comptez-vous apporter pour favoriser ce secteur d'activité ?

 Philippe Loiseau : Le problème vient du fait que les particularités régionales n'ont que très peu d'importance aux yeux de technocrates européistes. Ce qu'ils veulent c'est uniformiser. Je suis celle qui veut remettre en cause cette uniformisation pour redonner toute sa place aux divers modes de production. L'Agriculture française est extrêmement riche, elle est variée. Il faut redonner vie à toute l'âme agricole. Mettre en place la priorité agricole française est la première chose que je ferai, en remettant en cause la Pac et sa politique de destruction de l'agriculture française. Il faut à tout prix maintenir la diversité de l’Agriculture française qui est sa première richesse et possède un énorme potentiel de développement.

 Mono44 : Quand les politiques réagiront-ils face à la délocalisation des productions de certaines régions vers d'autres en appauvrissant les premières et rendant les secondes dépendantes d'un système productif les condamnant à travailler toujours plus pour gagner moins ?

 Philippe Loiseau :La délocalisation de la production agricole est une menace gravissime sciemment cachée par mes adversaires (les mêmes qui parlaient de « sentiment de délocalisation » quand nos usines fermaient les unes après les autres). Grâce à l’Omc et à l’UE qui ont imposé une Pac de plus en plus libérale, on joue aujourd’hui les régions les unes contre les autres, les pays européens les uns contre les autres, les continents les uns contre les autres !
Les exemples se multiplient : on a d’abord mis en concurrence les maraîchers français des différentes régions, on les a bien essorés ! On les a essorés un peu plus avec la concurrence espagnole ! Tout ça pour les achever dix ans plus tard avec la concurrence marocaine ! Les mêmes font pareils avec le lait : on joue désormais les « bassins laitiers » français les uns contre les autres, les allemands contre les français, puis, d’ici quelques années, les rescapés seront gentiment prier de plier face aux usines à vaches polonaises ou tchèques…

C’est une guerre dont seuls profitent les actionnaires de quelques grands groupes, une guerre qui pousse des milliers d’agriculteurs au suicide, de la France à l’Inde en passant par l’Amérique du Sud ; qui chasse toujours plus de monde des campagnes transformées en kolkhozes ultra-libéraux vers des villes de plus en plus invivables ! Comble du cynisme, l’Omc utilise l’argument du développement des pays du sud pour casser tous les systèmes protectionnistes ! Allez demander aux paysans brésiliens chassés de leur lopin par le soja, aux hindous écrasés de dettes, aux africains plumés par Monsanto ce qu’ils pensent du développement façon Omc…

 Mono44 :Vous pouvez leur demander de ma part quand est-ce qu'ils comptent prendre leurs responsabilités envers l'agriculture et la gérer plutôt que d'en laisser la gestion à un syndicat dont ce n'est pas le rôle puisqu'un syndicat doit justement avoir un rôle de contre pouvoir et non pas de pouvoir .

 Philippe Loiseau :Ce sera fait même si j'ai déjà, à multiples reprises, remis en cause l'action de certains syndicats et de leurs dirigeants. Cela fait longtemps que de nombreux syndicats ne sont plus des contre-pouvoirs mais des collaborateurs du système. Il faut instituer la proportionnelle (voir plus haut).

 Cane : Comment arrêter la disparition des petites exploitations, est-ce qu'il y a vraiment une volonté?

 Philippe Loiseau : Actuellement il n'y a pas cette volonté bien au contraire. L'Europe veut détruire tout ce qu'elle estime ne pas être assez rentable, dont les petites exploitations. Elle veut tout uniformiser, il faut que cela soit grand, rentable, peu coûteux, et si les agriculteurs pouvaient accepter de travailler quasi gratuitement, cela remplirait de joie tous les technocrates de Bruxelles !!! Seule une politique indépendante peut redonner vie aux petites exploitations.

 Ttitouan27 : Sous l’égide de l'actuel président nous avons connu la naissance du grenelle de l'environnement et tout ce qui s'en suit. Ecophyto 2018 etc. Le G20 agricole a donner lieu a d autres propos qui ne semble pas aller en adéquation avec le reste. Quelle est la vision et l'orientation que souhaite donner chaque candidat a l'agriculture ?

 Philippe Loiseau : Je le dit, je le répète : la nouvelle Pac est d’essence ultralibérale et son verdissement n’est qu’un couteux coup de peinture destinée à la faire avaler à l’opinion ! L’ultralibéralisme, la course au profit à tout prix sont aussi nocifs pour notre société que pour notre environnement. Il faut simplifier les normes et se concentrer sur des priorités concrètes : gestion de l’eau, préservation des paysages et des sols (lutte contre l’érosion), optimisation de l’utilisation des pesticides (également un intérêt économique puisque le prix intrants ne cesse d’augmenter), diversification des productions (rotation des cultures, non labour etc…) et des filières (industrielles, bio, AOC, circuits courts etc…).
Le « verdissement de la Pac » (coûteux et de façade) et le Grenelle de l’environnement amorcent une dynamique catastrophique : l’avènement de normes déconnectées de toutes contraintes liées à l’économie, au social, aux ressources et à la géographie ! C’est l’avènement de l’écologie hors sol ! Il faut avant tout tenir compte des contraintes de terrain, de la réalité humaine pour aboutir à des normes simples mais efficace. Encore un chantier en perspective ! La gestion de l’eau en est un parfait exemple : rien, dans la législation européenne actuelle, ne permet de faire face aux sécheresses à répétition qui touchent notre pays ni aux légitimes besoins en eau de certains céréaliers.

 Sylvain 57 :Etes-vous favorable à un crédit d'impôt "travail du dimanche" ?
Concrètement cela consisterais à essayer de stopper l'hémorragie du nombre de producteurs de lait en reconnaissant l'astreinte de la traite du dimanche. D'un point de vue technique, l'état accorderai un crédit d'impôt de 52 X 8 heures c'est à dire 416h à 9€ qui donnent 3744 €. Cette somme serait divisée par le nombre de foyer fiscaux pour les GAEC ou autres formes sociétaires.
Les salariés agricoles ou les vétérinaires par exemple nous coutent plus cher alors que notre lait n'est pas payé plus. Moralement, ce crédit d'impôt serait moins choquant que la prime charbon des cheminots par exemple.
Ce crédit d'impôt serait à déduire de la base d'imposition et non du montant de l’impôt. (Donc son nom n'est peut-être pas juste d'un point de vue fiscal). De ce fait, vu le faible niveau d'imposition des producteurs de lait, le manque à gagner pour l'état serait minime. C'est une mesure peu couteuse mais symbolique.

 Philippe Loiseau: Le travail du dimanche lié à la production animale est une contrainte certaine que les consommateurs évaluent rarement !!! Des mesures doivent être prises. Toutefois, la plus simple est de payer le lait à un prix suffisant pour que l'éleveur puisse rémunérer correctement son remplaçant du week-end. Par ailleurs, il existe déjà des services de remplacement qu'il faut développer. C’est un très bon apprentissage pour un jeune d'aller faire des remplacements chez ses voisins ....

 Sylvain 57 : Comment pensez vous qu'il soit possible de produire de la viande au cours de l'Amérique latine, du lait au cours de l'Océanie et des céréales au cours de l'Europe de l'est en ayant des charges françaises et des contraintes environnementales qui nous obligent à laver plus vert que vert ?

 Philippe Loiseau: L'exception agriculturelle va favoriser les produits français contre le dumping des importations. Il faut au moins que nos concurrents soient soumis aux mêmes règles sociales et environnementales que nous.

 vince : Nos ministres actuels nous promettent d'interdire les Ogm. Conséquence, la France entretient une hypocrisie puisqu'on en importe tous les jours pour nourrir nos animaux. Quelle est votre position?

 Philippe Loiseau:  Le consommateur ne veut pas d'Ogm en Europe. Si des importations existent actuellement quand même notre production non Ogm est mieux rémunérée. Sur le plan strictement technico économique l'avantage des Ogm n'est pas démontré sauf pour les semenciers et importateurs ...;

 Michel14 : Partout, nous lisons (et constatons) que nous consommons deux fois plus de foncier que les allemands. On nous demande de produire plus alors que nous avons toujours moins de terre pour y parvenir. Que proposez-vous pour arrêter la création de zones commerciales toujours plus grandes, zones artisanales qui sont souvent peu exploitées?

 Philippe Loiseau : Les foncières immobilières (hypermarchés, galeries commerciales) et les collectivités locales sont les premières dévoreuses de terre agricoles (zone artisanale, industrielles etc…). Au même moment les friches industrielles et commerciales se multiplient. Il faut optimiser par la loi l’utilisation du foncier agricole afin de stopper cette calamité qui défigure peu à peu notre pays et réduit nos terres agricoles.

 Stefanie : La réforme de la Pac, telle qu’elle se profile, se traduirait par de fortes baisses des aides à l'élevage alors que les revenus des producteurs sont les plus faibles. Comment comptez-vous y remédier ?

 Philippe Loiseau:  Il ne faut pas harmoniser les Dpu comme le demande la Commission européenne, mais les supprimer d’urgence ! Le découplage des aides organisé sous la pression de l’Omc et des ultra-libéraux est un échec complet puisque tous les pays de l’UE se sont empressés de les contourner en les re-couplant dans les secteurs qu’ils entendent soutenir (sans même parler de l’explosion des aides d’urgence) : un gaspillage scandaleux. D’ici à 2014, les aides aux producteurs de lait seront totalement découplées mais ne le seront pas pour les céréales. Le message nous semble très clair : le gouvernement Sarkozy estime qu’il y a encore trop de laitiers dans ce pays et préfère sauvegarder les intérêts des céréaliers. Découpler les aides, c’est subventionner le chaos… Les seules aides efficaces doivent être couplées à la quantité et à la qualité.

 Jeanbon :En 2010, la confédération paysanne a demandé à être représenté dans l'interprofession laitière. Certains syndicalistes ont même fait une grève de la faim. Êtes-vous pour modifier les règles pour que tous les syndicats participent aux interprofessions.

 Philippe Loiseau : Il est évident que la représentation des agriculteurs doit être à la proportionnelle en fonction par exemple des prochaines élections aux chambres d'agriculture… Certes dans l’immédiat, on est sur l'ancien schéma…. Mais déjà vous pouvez voter pour un autre syndicat que la Fnsea !!!!! Nous engageons pour une meilleure représentativité syndicale et un grand ménage des cvo qui prolifèrent en toute opacité !

 

 

 

 

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