La rédaction de Terre-net Média a porté l’agriculture dans le débat de la campagne électorale de l’élection présidentielle de 2012. Avec les agriculteurs comme acteurs, qui ont pu poser leurs questions directement à tous les candidats. En cette fin de campagne officielle, voici le regard de synthèse sur cet exercice porté par Frédéric Hénin et Arnaud Carpon, journalistes en politique agricole à Terre-net Média.
Deux alternatives : rester dans la Pac ou en sortir
Dix candidats à l’élection présidentielle, dix programmes agricoles, mais deux alternatives : rester dans la Pac ou en sortir. En sortir, en renationalisant la politique agricole comme le proposent Marine Le Pen ou Nicolas Dupont-Aignan, ou en l’intégrant dans une nouvelle organisation internationale et communiste de l’économie, comme le prodiguent Philippe Poutou (Npa) et Nathalie Artaud (LO).
Mais inscrire leur programme dans le cadre de la Pac limite les ambitions des programmes et les cloisonne. Avec la nécessité de satisfaire des intérêts contradictoires, pour répondre à la fois aux revendications des agriculteurs (avoir des prix rémunérateurs), aux demandes de la société (la conditionnalité et le verdissement des aides), ou aux deux à la fois (la qualité des aliments). Quelques sujets font toutefois l’unanimité comme la question foncière.
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Autre enseignement de cette campagne électorale, l’intérêt que portent les agriculteurs pour l’ensemble des programmes agricoles présentés par les candidats. Un intérêt discret mais évident ! Le taux de lecture des articles publiés par Terre-net Média sont quasiment les mêmes pour tous les candidats. Il est vrai que les informations publiées tranchent avec les prospectus aseptisés, qui envahissent les boîtes aux lettres, où l’agriculture n’est pas abordée.
Pour la rédaction de Terre-net Média, il n’était pas concevable de faire le jeu des candidats, en se contentant de retransmettre leur visite au Salon de l’agriculture pour montrer l’intérêt qu’ils portent à ce secteur. Les agriculteurs méritent mieux ! C’est pourquoi le défi à relever, il y a trois mois, par Terre-net Média, a consisté à proposer d’organiser avec tous les candidats à la présidentielle un tchat et une interview au minimum, écrite ou orale. Opération réussie. Mais l’exercice, accepté, a tout de même rencontré certaines limites. Le questionnaire de fond sur la Pac, et sur la politique du prochain gouvernement, envoyé aux sièges de campagne, n’a pas rencontré le succès escompté... car moins on se positionne, plus on préserve ses chances de gagner ! Par exemple l’équipe de campagne de François Hollande a rendu son interview écrite en répondant à des questions qu’elle a réécrites elle-même !
Soumettre les problèmes concrets d’un futur ministre de l’Agriculture en fonction
De l’organisation des tchats par Terre-net Média, il ressort que les candidats ont été bien identifiés par les agriculteurs, et les questions posées traduisent l’intérêt de l’exercice, mais aussi celui porté à chacun des postulants à la fonction présidentielle. A Antoine Herth, député du Bas-Rhin, qui représentait Nicolas Sarkozy, les terrenautes ont soumis les problèmes concrets d’un futur ministre de l’Agriculture en fonction. A René Louail, pour Europe Ecologie-Les Verts, les questions posées ont porté sur les Ogm ou sur la représentativité syndicale dans les interprofessions.
En fait, les sujets de fond abordés ne font pas très bon ménage, selon eux, avec leurs plans « média » élaborés par « des experts de la communication ». Les campagnes électorales ne sont pas propices aux engagements. Aucun candidat n’a ainsi défini quel sera son plan d’action pour l'agriculture dans les 6 prochains mois, une fois en fonction.
Dans les sièges de campagne des candidats, il était parfois difficile de convaincre leur service de presse de libérer un créneau horaire pour parler d’agriculture, en direct, avec un électorat professionnel et sur un support spécialisé.
Sous l'emprise de leur équipe de presse parisienne
Concrètement, les candidats n’ont pas la réelle maitrise de leur emploi du temps, au point d’être privés de certains rendez-vous qu’ils auraient pourtant appréciés d’honorer. Mais dès qu’ils desserrent les chaînes qui les lient, le temps ne compte plus. François Bayrou a ainsi consacré plus de 45 minutes à l’interview accordée à Terre-net Média, alors que le temps imparti par son équipe était de 15 minutes. Pour Marine Le Pen, avec laquelle la rencontre a été la plus difficile à organiser, les 45 minutes accordées ont duré une heure et quart pour parler d’agriculture ! Les autres candidats en auraient fait sûrement autant, s'ils n’étaient pas sous l’emprise de leur équipe de campagne, qui les prive de saisir certaines opportunités. Face à des médias nombreux et très demandeurs, voire exigeants, les équipes des candidats font des choix sur les thèmes à retenir. Pour la plupart, l'agriculture n'en fait pas partie.
Ce sont en fait les petits candidats qui ont été les plus accessibles, alors qu’ils ont moins de moyens que les autres pour s’organiser et libérer du temps, la campagne reposant sur des bénévoles essentiellement. Mais ils ne reculent jamais quand la presse leur ouvre des colonnes !
Au final les objectifs fixés sont remplis : permettre aux agriculteurs de s'adresser à tous les candidats, et donner à tous les candidats le même espace et les mêmes conditions pour parler d'agriculture. Dans le respect du pluralisme. Avec à la clé leur analyse, leur projet et leur programme, chaque agriculteur a donc en main les éléments de choix pour voter le 22 avril.
Pour aller plus loin : • Election présidentielle 2012 - Agriculteurs, l'heure du choix a sonné ! (synthèse des programmes agricoles, des interviews des candidats ou de leurs représentants et des réponses apportées aux questions des agriculteurs lors des tchats) • Dossier spécial agriculture et présidentielle : sur Terre-net, vous êtes acteurs de la campagne |