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Jean-Paul Prévot, adjoint au chef de région Nord chez Arvalis-Institut du végétal, revient sur les conditions de la campagne blé tendre. « Un automne doux sur des semis précoces et relativement drus ont favorisé la croissance des plantes qui ont pris deux à trois semaines d’avance. » Arrive alors la vague de froid, brutale, laquelle, sur des cultures aussi développées, provoque le retournement de 300.000 ha de blé, particulièrement dans le quart Nord-Est. Le responsable rappelle cependant que « le blé a la capacité de résister à des minima de - 20 à - 25°C à condition que le froid s’installe progressivement et que l’initiation florale ne soit pas engagée ». Les blés étaient visiblement fort développés au moment du gel mais leur viabilité était difficile à évaluer. « Nous avions du mal à déterminer si l’apex était touché. » Ensuite, un printemps humide favorable aux maladies et au salissement des parcelles mais aussi au rendement a permis d’atteindre 74 q/ha de moyenne nationale. Cependant, la poursuite de ces conditions jusqu’à l’approche de la récolte a soulevé des inquiétudes quant aux conséquences sur la qualité technologique, notamment le PS ou le temps de chute de Hagberg.
Une bonne surprise en protéines
Christine Bar l'Helgouac'h, d’Arvalis-Institut du végétal, sur la base des résultats de la collecte d’échantillons réalisée avec FranceAgriMer, évoque ainsi la qualité de la collecte 2012. La moyenne en protéines se situe à 11,4 %, « un niveau très satisfaisant et une bonne surprise car nous craignions une dilution du taux de protéines du fait des bons rendements ». Le seuil de nombreux cahiers des charges est fixé à 11 %, 82 % des blés 2012 le dépassent. « Attention cependant aux exigences des pays Tiers. L’Egypte a par exemple remonté récemment à 11,5 % ses exigences de teneur en protéines. »
Quant aux PS, ils ont baissé, à 76,1 kg/hl. « Une moyenne qui masque une hétérogénéité au niveau régional selon les dates de récolte, qu’elles aient eu lieu avant ou après l’épisode pluvieux. » Plus de la moitié de la collecte répond aux exigences des cahiers des charges qui le situent souvent à 76 kg/hl, « sachant qu’il n’a pourtant pas d’incidence sur les qualités meunière et de panification ».
Un temps de chute de Hagberg inférieur à 180 secondes pose problème mais seuls 8 % des échantillons sont concernés cette année. La teneur en eau, 13 %, est inférieure à la moyenne de l’année dernière. Le niveau de dureté revient à la normale, à 62, par rapport aux deux dernières années, à 75. « 80 % de la récolte se situe dans la catégorie medium hard, qui correspond bien aux blés français. »
Trois quarts de Bps
Au niveau technologique, la force boulangère (W), à 191, s’améliore. « Les trois quarts des blés ont un W au-dessus de 170, et n’auront donc aucun souci de valorisation boulangère. » Le P/L, inférieur à 0,6, est plutôt favorable, notamment pour l’exportation. La valeur boulangère, analysée sur la moitié de la collecte pour l’instant, semble d’un bon niveau et beaucoup plus homogène qu’en 2011. Les trois quarts des blés dépassent 250 et entrent donc en catégorie blé panifiable supérieur.
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Composer son bouquet variétal Jean-Paul Prévot, adjoint au chef de région Nord chez Arvalis-Institut du végétal, prévient de ne pas se laisser influencer par les conditions de l’année précédente. Il faut décider de sa date de semis, notamment, en reprenant l’historique des trois à cinq dernières années. « Par exemple, la date idéale dans le Bassin parisien se situe au 10 octobre. Il faudra ajouter dix jours plus à l’Ouest et les retrancher vers l’Est. » Pour construire son bouquet variétal, il invite à consulter les travaux de l’institut sur la caractérisation de huit grands environnements en France segmentés selon les facteurs limitants à la production de blé tendre et l’offre climatique. Une fois sélectionnées les variétés adaptées à son milieu, le producteur s’attachera, pour éviter les principaux accidents climatiques, à diversifier les précocités des trois ou quatre variétés qui composeront le bouquet. La composition s’appuie ensuite sur la hiérarchisation des contraintes de l’agriculteur : en premier le débouché, par exemple dans le cadre de contrat avec un cahier des charges précis, ensuite le couple des précocités montaison et épiaison, puis les résistances selon les risques de la parcelle. Cette hiérarchie peut être inversée, par exemple dans le cas d’un débouché destiné à l’alimentation animale moins exigeante sur certains critères comme le Temps de chute de Hagberg en cas de début de germination. Par contre la tolérance à des virus transmis par le sol devient une priorité en situation infestée… ou la tolérance au chlortoluron en cas de programme herbicide faisant appel à cette molécule pour gérer une infestation de Ray grass. Enfin, le renouvellement de ses variétés permet de profiter du progrès génétique, de compter sur une hausse des rendements et des résistances. |