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Pucerons et cicadelles peuvent transmettre des virus en piquant la plante, et présenter, de ce fait, une nuisibilité élevée. Ce sont les pucerons de l’espèce Rhopalosiphum padi qui sont les principaux vecteurs de la jaunisse nanisante de l'orge, tandis que la maladie des pieds chétifs est due à un virus transmis majoritairement par les cicadelles, Psammotettix alienus. Aucun moyen de lutte ne peut être engagé contre le virus quand la plante est infectée. La lutte s’appuie donc sur des techniques culturales préventives et sur des techniques de lutte insecticide par la protection des semences ou le traitement en végétation.
Des pratiques culturales permettant de réduire le risque de viroses
La lutte préventive s’appuie notamment sur la destruction des repousses et d’autres plantes réservoirs (graminées sauvages) qui constituent autant de sources de contamination. Attention toutefois à la date de destruction des plantes hôtes, car elle va entraîner un mouvement des populations. Ainsi, la destruction d’un couvert abritant des pucerons à proximité d’un semis de céréales, constitue une situation de risque majeur si elle est réalisée pendant la période de sensibilité de la céréale en place (forte sensibilité au stade 1 feuille).
Pour réduire la durée d’exposition des jeunes plantes aux attaques de pucerons et cicadelles, il est conseillé d’éviter un semis précoce entraînant une plus forte concomitance entre la période de sensibilité de la céréale et le vol des insectes. Mais retarder le semis n’est pas sans conséquence sur la conduite de la culture et son potentiel, et ne constitue pas toujours une mesure pleinement efficace quand les conditions climatiques de l’automne restent longtemps favorables au développement des insectes.
Un seul traitement insecticide de semences disponible
La protection des semences Gaucho 350 (Ferial), à base d’imidaclopride (insecticide systémique), se justifie essentiellement sur les semis précoces, notamment sur orge. Mais elle conserve un intérêt pour des semis moins précoces notamment quand l’automne est doux et prolongé (conditions climatiques restant longtemps favorables au développement des vecteurs). Cette protection insecticide présente une bonne efficacité jusqu’au stade 5 feuilles environ, mais pas au-delà. Elle n’exclut donc pas, sur des parcelles à fort potentiel, une surveillance par rapport à d’éventuelles colonisations tardives.
Intervenir en végétation quand le seuil d’intervention est atteint
Avant de déclencher le traitement en végétation, une observation des parcelles doit être faite minutieusement, et ce, dès la levée en l’absence de protection insecticide des semences. Attention : les pucerons et les cicadelles ne sont pas responsables de dégâts directs, leur nuisibilité dépend notamment de leur pouvoir virulifère, dans ces conditions l'intervention reste délicate !
Vis-à-vis des pucerons, il est conseillé d’intervenir quand 10 % de plantes portent au moins un puceron. L’observation est à faire dès la levée, car les stades jeunes sont les plus sensibles. En dessous de ce seuil, il est conseillé de ne pas laisser séjourner les pucerons plus de 10 jours dans la parcelle : même peu nombreux, ils peuvent alors occasionner de graves dégâts. Les insecticides en végétation agissent par contact et ne protègent pas les nouvelles feuilles formées : ainsi un traitement trop précoce est à éviter car il représente une assurance illusoire (persistance de l’ordre de 15 jours). D’autre part, si les conditions climatiques restent favorables aux ravageurs, la surveillance des parcelles est à poursuivre quand le délai de persistance des produits est dépassé.
Vis-à-vis des cicadelles, la surveillance fait appel au piégeage (plaques engluées jaunes). Le seuil d’intervention conseillé est de 30 captures hebdomadaires. Une observation directe des cicadelles sur la parcelle peut également être pratiquée pour déclencher le traitement. Il faut alors choisir, pour cette observation, une période ensoleillée, la plus chaude de la journée, et parcourir la parcelle à différents endroits. Si une forte activité est observée (observation à 5 endroits de la parcelle de sauts d'au moins 5 cicadelles à chaque fois), le traitement est alors conseillé. Cette opération de quelques minutes pourra être renouvelée autant de fois que nécessaire.
Bien souvent, la présence de cicadelles s’accompagne de celle de pucerons. Le déclenchement du traitement est conseillé quand le premier seuil est franchi ou, a minima, quand le seuil pucerons est atteint.
Quels produits en végétation ?
La gamme d’insecticides se compose essentiellement de produits à base de pyréthrinoïdes (tableau 1 en pièces jointes), hormis la spécialité Nurelle D550, associant chlorpyriphos-éthyl et cyperméthrine. A noter une nouvelle spécialité, Nexide, (mise en marché par De Sangosse) à base d’une pyréthrinoïde de synthèse : la gamma-cyhalothrine, avec une formulation en suspension de capsules (usage pucerons d’automne sur céréales à paille, pas d’usage cicadelles à ce jour).
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