Toutes les réponses de François Lucas (CR) à vos questions

Toutes les réponses de François Lucas (CR) à vos questions
François Lucas, vice-président de la Coordination rurale
François Lucas, vice-président de la Coordination rurale, a répondu pendant une heure aux lecteurs de Terre-net Média. (© Terre-net Média)
Ogm, rôle des Chambres d'agriculture, Pac, soutiens à l'élevage...: retrouvez toutes les réponses que François Lucas, vice-président de la Coordination rurale a apportées lors du tchat élections Chambres d'agriculture 2013 sur le programme électoral de son syndicat.

François Lucas n'a pu répondre à toutes les questions qui lui ont été posées. Il s'est engagé à ne pas laisser de question sans réponse. Terre-net les publiera donc dans les prochains jours. 

Retrouvez prochainement l'interview de François Lucas, vice-président de la Coordination rurale.

Terre-net Média : Bonjour et bienvenue. François Lucas, vice-président de la Coordination rurale, est arrivé dans les locaux de la rédaction.

Ce tchat va commencer dans quelques minutes.

Question de dumergue thierry : quelle est votre position sur les Ogm ?

François Lucas : « La CR n'a pas de position dogmatique mais une position pragmatique.
La CR a été choquée de voir comment la classe politique s'était divisée en deux camps lors du vote sur la loi concernant les Ogm en 2008, aboutissant à un camp pro Ogm, celui des élus de droite et à un camp anti Ogm, celui des élus de gauche à de très rares exceptions près.

La CR a d'abord une approche scientifique : grâce à la recherche et au décryptage des génomes, on comprend beaucoup mieux le fonctionnement des plantes et leurs réactions. Mais les développements des Ogm ont, pour l'instant, été menés sans précaution alors que les risques de prolifération incontrôlable existent avec des conséquences potentielles graves. D'ailleurs, aucune compagnie d'assurance au monde n'accepte pour l'instant de couvrir ces risques et leurs conséquences. Les scientifiques reconnaissent aussi ne pas pouvoir garantir l'absence certaine de risques.

- Dans la mesure où pour l'instant il n'y a pas en face de ces risques des avantages inhérents aux Ogm tels qu'ils permettent de jouer un rôle déterminant en matière d'intérêt public (il n'y a pas de vies à sauver en Europe par les plantes Ogm disponibles sur le marché) la CR demande un approfondissement de la recherche indépendante avant d'autoriser leur banalisation et leur mise en culture. Par contre, la CR soutient totalement les plantes Ogm destinées à produire des substances nécessaires à la médecine, avec, bien sûr, les précautions nécessaires pour éviter les disséminations.

- Aujourd'hui les consommateurs sont, eux aussi, très réticents et notre statut de producteurs non Ogm nous procure un avantage en matière de prix vis à vis des importations d'Ogm concurrentes (maïs). En effet, celles-ci ne peuvent pas faire baisser nos prix en inondant notre marché puisque la législation européenne est très restrictive en n'autorisant l'importation que de quelques Ogm. Il y a cependant l'anomalie des importations de soja Ogm et de leurs tourteaux que l'UE doit admettre parce qu'elle a toujours négligé l'intérêt de son autonomie en protéines.

L'avenir prouvera certainement qu'en fait les plantes Ogm ont été les premiers balbutiements d'un progrès indéniable qui devrait faire rentrer dans une phase adulte de la sélection végétale permettant d'accélérer les évolutions par rapport à la sélection du XXème siècle mais sans transgresser les espèces.

Pour plus de détails, il faut consulter notre site.

Question de Vine : Que pensez vous mettre en place pour permettre le financement de l'installation des jeunes agriculteurs, dans le cadre du renouvellement des générations? Sachant que le prix moyen d'une exploitation transmissible économiquement est entre 300 000 € et 500 000 €, et que les banques demandent entre 10 et 20 % d'autofinancement !

François Lucas : Les politiques d'aide à l'installation ne fonctionnent pas parce qu 'elles se heurtent à la politique de restructuration contenue dans les Pac successives qui ont comme logique l'agrandissement des exploitations, ce qui est antagoniste de l'installation puisque cette politique amène la suppression d'exploitations qui agrandissent les existantes.

Pour obtenir des installations permettant de stopper l'hémorragie des forces vives de l'agriculture, avant de parler d'aides, il faut instituer une Pac qui assure aux candidats à l'installation trois conditions non remplies aujourd'hui : rentabilité, stabilité et durabilité.

Si ces conditions sont remplies pour des exploitations à taille humaine alors les banquiers seront plus enclins à financer les projets puisque l'incertitude sera considérablement réduite.
Cependant, l'accompagnement public demeure nécessaire durant les premières années par le biais d'exonérations sociales et fiscales.

Par ailleurs, le problème d'accès au foncier doit être traité par des solutions nouvelles telles que l'accession progressive à la propriété via le portage temporaire par des collectivités ou des organismes privés soutenus par l'Etat ou le développement des Gfa avec les aménagements nécessaires pour assurer la fluidité des transactions des parts et permettre leur nantissement. Les incitations fiscales aux personnes physiques doivent favoriser les investissements des particuliers dans le foncier agricole.

Question de onssag : Les faucheurs volontaires mènent un combat contre les "ogm cachés" contenus dans les tournesols mutagenèses .Quelle est votre position vis à vis de cela ? Pour vous sont ils classables comme OGM ? Les actions de fauchage sont elles condamnables ?

François Lucas : Pour nous, ce ne sont pas des Ogm à l'image de ceux qu'on connaît jusqu'ici, dans la mesure où il n'y a pas d'insertion de gènes provenant d'une espèce différente. Ceci dit, ces plantes ne sont pas banales et leur utilisation devrait être contrôlée de façon à éviter les apparitions de mauvaises herbes résistantes telles que l'ambroisie.

Question de tintin32 : le parcours à l'installation est un échec depuis des années (à peine 6000 installation aidées / an ,quand une ancienne presidente des JA en predisait 1 pour 1 depart.........)que preconise votre syndicat pour y remedier?

François Lucas : Un préalable : rentabilité, stabilité, durabilité pour l'agriculture. Référez vous à ma réponse précédente sur le sujet.

Question de tintin32 : la FNSEA preconise 2euros de taxe sur les cereales pour aider les eleveurs. que pensez vous de cette "vrai,fausse bonne idée"

François Lucas : C'est une vraie mauvaise idée. Les éleveurs n'attendent pas l'aumône, de la part des céréaliers qui ne sont pas là pour faire la charité. Les uns comme les autres ont besoin de prix suffisamment rémunérateurs pour vivre. Le problème aujourd'hui n'est pas le prix élevé des céréales, mais le prix trop bas des viandes. Et notre combat se situe là.

Question de Jean Tleman : Bonjour Mr Lucas, La position de la cr par rapport à l'aide à l'engraissement de bovin, ne serait-elle pas une entorse au slogan "des prix pas des primes"?
En d'autres termes : est-ce à dire qu'à partir de 50 jb engraissés on deviendrait moins performant , donc" subventionnable"?

François Lucas : Notre opposition aux primes en général, dans le cadre de la Pac, ne nous interdit pas d'avoir recours à celles-ci quand un secteur comme celui de la viande bovine est en détresse, à cause de prix trop bas. Notre approche est de tenir compte non pas de la taille des élevages, mais de leur degrés de spécialisation pour éviter le saupoudrage de ces aides.

Question de luce : aujourd'hui les femmes agricultrices actives sont tres peu représentées dans votre syndicat, je trouve que vous n'évoluez pas depuis 20 ans ? les femmes ont beaucoup à apporter à cette profession.

François Lucas : Je suis surpris de la remarque car je pense que la représentation féminine à la Coordination rurale n'est pas très différente de celle des autres syndicats. La difficulté pour augmenter cette représentation tient surtout au fait que les femmes qui sont très impliquées dans la profession ont beaucoup plus de difficultés que les hommes à libérer de leur temps pour se consacrer aux responsabilités syndicales.

Question de debutant : BONJOUR a tous. la production laitiere connait une crise sans precedent du prix et des charges  il faut absoluement avoir un prix en fonction du cout de production comment comptez vous vous y prendre ?

François Lucas : C'est à la fois simple et très compliqué, car il s'agit d'une décision politique et, plus compliqué encore, une décision politique à prendre à 27. Si la bonne décision est prise, il faut une politique agricole commune protégée aux frontières de l'Europe contre l'instabilité des prix qui vient déstabiliser nos productions et nos marchés, provoquant des chutes de prix catastrophiques pour les éleveurs.

Avec des droits de douanes variables aux frontières, il est possible d'organiser les productions européennes en fonction des besoins du marché, avec des prix articulés les uns avec les autres: céréales, viande, lait, etc. Bien sûr, ces prix doivent être compris dans une fourchette assurant un revenu normal aux producteurs et un prix équitable pour les consommateurs.

 Question de paysanne70 : Comment justifiez-vous votre association au syndicat Confédération paysanne dans certains départements? Ils me semblaient que vos positions politiques étaient fondamentalement opposées.

François Lucas : La Coordination rurale n'existe au niveau national que par ces départements à la tête desquels sont des agriculteurs responsables. Elle n'impose pas un modèle aux départements mais leur donne des éléments d'analyse et de réflexion, pour qu'ils puissent assumer leurs responsabilités, en période électorale ou non.

Si les positions nationales de la Coordination rurale et de la Confédération paysanne sont généralement très différentes (hormis des points comme ceux des semences de ferme), sur le plan local, il existe des singularités qui peuvent amener les responsables des deux syndicats à convenir qu'une union peut rendre service à la cause de l'ensemble des agriculteurs. Il appartient dans ce cas à la structure nationale de respecter ces choix.

 Question de Flou : Bonjour, est-ce vraiment stratégique de faire une campagne anti-FNSEA. Moi je vote pour des idées, un projet et depuis quelques mois vous dénoncez et vous ne proposez jamais.

François Lucas : Nous ne cessons de proposer à l'occasion des différentes réformes de la Pac (révolution en vert et pour tous, 1992 ; pour une Pac 2014 sous bonne protection, cf site internet de la CR), lors des lois d'orientation ou de modernisation agricole (1999, 2003, 2007 et 2010) et en permanence sur des sujets importants, sociaux, fiscaux...

Notre critique de la Fnsea nous semble nécessaire pour informer de nombreux agriculteurs qui ignorent les actions menées par ce syndicat, dans le cadre de la cogestion avec les gouvernements successifs. C'est fait pour illustrer notre slogan: changer, c'est vital !

 Question de lucide40 : les aides pac sont pour les agriculteurs indispensables a leur revenu. Or 20% des plus gros paysans s'accaparent 60% des aides. Ds mon département les plus gros beneficiaires perçoivent jusqu'a 280000e alors qu'ils réalisent des résultats exceptionnels grace nottament au prix du maïs et cette rente leur permet de s'accaparer le foncier au détriment de l'installation...

Pensez vous que cette situation est tenable vis a vis du contribuable et vis a vis des petits et moyens paysans qui se partagent les miettes?

François Lucas : Nous pensons qu'effectivement, cette situation est intenable. Dès 1992, la Coordination rurale avait prévu que les aides distribuées aux agriculteurs deviendraient socialement insoutenables.

C'est pourquoi nous revendiquons une Pac basée sur des prix conformes à la réalité économique, c'est-à-dire représentant les coûts de production et la marge nécessaire pour avoir suffisamment d'agriculteurs sur le territoire. Nous estimons que la logique des Pac successives est aujourd'hui mise en échec total. La Pac 2014 ne peut donc pas repartir sur ces principes. Nous vous conseillons de consulter nos propositions sur le site de la CR Union nationale.

 Question de bertrand : LES CHAMBRES D AGRICULTURE NE SONT-ELLES PAS DES STRUCTURES "DEPASSÉES" D UN AUTRE AGE ??? TROP COUTEUSE TROP ENCRÉE DANS UN PASSÉ ENCORE TROP LOURD. ELLE N ONT PAS CONTRIBUÉ DEPUIS 50 ANS A FORMER DES AGRICULTEURS DYNAMIQUES ET AUTOMNOME... QUELLE LOURDEUR SE TRAINE ENCORE L'AGRICULTURE FRANÇAISE PAR RAPPORT AUX PAYS DU NORD...NL,B,DK,D....

François Lucas : Effectivement, les Chambres d'agriculture doivent être modernisées. Elles sont certes d'un "autre âge", mais elles ont toujours une mission à remplir : être l'interface entre les pouvoirs publics et les agriculteurs; par contre, elles ne doivent être ni des courroies de transmission entre administration et agriculteurs ou entre organismes à vocation économique et agriculteurs.

Il convient de les remettre au service de tous les agriculteurs en gardant la notion de proximité qui est la leur.

 Question de tintin32 : le dernier barometre bva terre net,vous donne 20% d intention de vote et la conf a 28% ,la FNSEA restant a 51% ....que pensez vous de ce genre de sondage ? .n y aurait il pas d apres vous,manipulation des chiffres pour influencer les agriculteurs qui se sentent floués et abandonnés par la fédéja,pour qu ils votent quand meme pour eux?

François Lucas : Les sondages pour les élections des Chambres d'agriculture correspondent rarement à la réalité observée lors des précédents scrutins. Il est en effet très difficile pour les sondeurs de percevoir les intentions de vote des agriculteurs tant la diversité française de l'agriculture est grande, tant les sujets syndicaux sont variés, tant les impacts relatifs des actions syndicales, nationale et locales, sont difficiles à mesurer.

Il faudrait pouvoir sonder plusieurs milliers d'agriculteurs pour espérer approcher une fiabilité semblable à celle des sondages pour les élections politiques.

Par contre, je ne pense pas pour ma part qu'il y ait une volonté de manipuler les sondages.

 Question de dangers : Dans mon département, par soucis du respect de la pluralité syndicale suite aux dernières élections chambre, la coordination rurale et confédération paysanne ont, sur proposition du bureau chambre d'agriculture, obtenu chacune un siège pour représenter la profession agricole aux commissions paritaires avec les chasseurs. Dans ces commissions il y a 4 agri - 4 chasseurs et 1 administration. Vous avez compris quand il manque 1 agri, c'est la fédé chasseurs qui a le pouvoir de décision. Elle ne s'en prive pas car elle est "près de ses sous". Et, parfois le représentant CR est absent mais surtout le représentant CP est très très souvent absent. Question, sur des dossiers plutôt consensuels en intra agri (le temps ou le représentant CR était "proche" des chasseurs est terminé, la CT a fait attention) comment les minoritaires peuvent assurer qu'ils seront présents pour défendre les paysans ? Comment les électeurs pourront leur faire confiance au vu du passé ?

François Lucas : Les élus de la CR sont tous bénévoles. Ils essaient de concilier leur travail d'agriculteur et leurs responsabilités syndicales, mais cela n'est pas toujours possible. Par contre, si la Coordination rurale devient majoritaire dans une chambre, elle se donnera les moyens pour assumer partout ses responsabilités. L'administration peut témoigner de l'assiduité des responsables CR dans les commissions diverses et variées, départementales ou nationales. Et la CR a pour principe de ne jamais se faire représenter par ses salariés, mais toujours par ses élus, agriculteurs.

 Terre-net Média: Ce tchat avec François Lucas touche à sa fin. Merci à tous de l'avoir suivi.

François Lucas répondra prochainement aux questions restées sans réponse.

 

Comme convenu, François Lucas a fait parvenir à la rédaction de Terre-net Média les réponses aux questions qu'il n'avait pas eu le temps de traiter pendant l'heure de tchat. Nous les publions ci-dessous:

 

Question de Jean-François:Energie verte :Aujourd'hui le syndicat majoritaire met en avant la méthanisation dans l'esprit : nouvelle technologie , énergie verte .... mais cette technologie ne sera utilisé que par peu de ferme avec une rentabilité minime pour la société. Le kw/h de ces installation est racheté 15centimes par EDF et largement subventionné par l'ensemble des utilisateurs d'énergie électrique , Si le bois énergie était vendu a des prix équivalent ( 1kg de bois à 20% d'humidité représente 3.86kw/h )on pourrait le vendre 58 centimes le kg contre 13à15 centimes aujourd'hui or ce dernier pourrait être produit par une multitude d'exploitations et créer un revenue complémentaire tout en valorisant le bocage et les paysages , en gardant la biodiversité en évitant l'érosion des sols....
Etes vous prêt à vous battre pour revaloriser cette ressource ?  Qu'en pensez vous ?

François Lucas: Nous sommes très sceptiques sur les projets de méthanisation du syndicat majoritaire qui a signé des partenariats avec des gros opérateurs dans le domaine de l’énergie. La méthanisation à notre avis doit être soutenue lorsqu’elle est à l’échelle de l’exploitation agricole à taille humaine mais pas à une échelle industrielle : dans ce dernier cas l’agriculteur devient un simple alibi pour permettre à des entreprises de satisfaire leurs propres intérêts. On peut d’ailleurs s’interroger sur ce qu’il restera comme liberté à l’agriculteur dont l’élevage est le support d’une grosse installation de méthanisation traitant aussi de nombreux déchets non agricoles. Aura-t-il encore la liberté de décider de cesser son activité d’élevage s’il lui semble qu’elle n’est plus rentable ?

En ce qui concerne le bois énergie nous sommes bien sûr tout à fait partisans de permettre aux agriculteurs de développer des activités rentables par une meilleure valorisation de leurs ressources. Un des principaux obstacles c’est évidemment que les lobbies des énergies alternatives à l’échelle industrielle voient d’un très mauvais œil le développement de filières à l’échelle de l’exploitation agricole qui échappent à leur mainmise.

Question de jean-pierre: Le terrorisme pseudo-environnemental salit et détruit notre profession,par des mensonges ,exagérations organisées et délibérés ,complicités syndicales, politiques et médiatiques ayant amené sournoisement et fourbement les aides découplées et leurs contrôles gestapistes.Que faire pour mettre fin à cette volonté croissante de maintenir les agriculteurs sous la botte de cette dictature bureaucratique verte-rose-rouge et de leurs barbelés et miradors administratifs ?

François Lucas: Il faut changer la représentation syndicale. La situation d’aujourd’hui est évidemment le résultat d’une cogestion entre les gouvernements successifs et le syndicalisme encore majoritaire. Quels qu’aient été les gouvernements successifs la position syndicale des majoritaires a toujours été le « plaider coupable » assorti de propositions de solutions pilotés par les satellites de ce syndicat (Chambres d’agriculture, certaines coopératives, bancassurance,…). Les solutions inventées par ces satellites passent toujours par plus de contraintes et de prestations de services, voire par des cahiers des charges de production amenant à de l’intégration larvée.

Les représentants légitimes des agriculteurs devront communiquer sans complexes sur la réalité du XXIème siècle qui impose de continuer à améliorer la productivité ( ce qui n’est pas le productivisme) en respectant les règles de l’agronomie : Laissons l’agronomie reprendre le dessus sur la compétitivité et nous aurons des campagnes de plus en plus verdissantes : des plantes bien nourries et bien abreuvées !

Question de Raphaël!  Que vous inspire la compétitivité en agriculture?

François Lucas: Aujourd’hui lorsqu’on nous parle de compétitivité nous ne sommes plus dans la compétition « sportive » avec nos concurrents de la même catégorie car il ne s’agit plus de stimulation de la créativité et du dynamisme entre agriculteurs soumis au même environnement et aux mêmes contraintes. La compétitivité qu’on nous impose est une compétitivité mondiale avec des agriculteurs (ou des agricultures) qui n’ont rien de commun avec nous. La comparaison que m’inspire cette compétitivité c’est celle des combats de gladiateurs : le gagnant a tué l’autre et devra à nouveau mener combat jusqu’au jour où il trouvera plus fort que lui et où il succombera. C’est une compétitivité prédatrice à laquelle il faut remettre immédiatement des règles comme dans le sport : ces règles sont des droits de douane variables permettant de gommer les handicaps ou avantages et de revenir vers une compétitivité civilisée, tournée vers la productivité et la qualité.

Question de Jean-Fran: Bonjour,
selon vous le scrutin actuel (la liste majoritaire obtient la moitié des sieges) est il logique ? et réellement représentatif des agriculteurs?
Merci d'avance pour vos réponses

François Lucas: Dans la mesure où les chambres d’agriculture sont placées sous la responsabilité des agriculteurs élus il est normal que ceux-ci disposent des pouvoirs nécessaires pour les diriger. A ce titre-là il est normal que la liste arrivée en tête voie son score amplifié pour que puisse se former l’équipe qui dirigera la chambre et qui enverra un représentant à l’Assemblé permanente des chambres d’agriculture à Paris (équivalent d’un parlement agricole).

Il appartient ensuite à l’équipe dirigeante de bien associer les « minoritaires » à la gestion et aux orientations prises, notamment en leur donnant une place au Bureau.

Question de steph85500: bonjour, comment faire pour expliquer aux agriculteurs de ma commune, pour voter chez vous, et qu ils risque rien a venir a la cr, merci

François Lucas: Le vote par correspondance est parfaitement secret donc personne ne peut savoir pour qui ils ont voté.

Le fait de s’afficher CR a jusqu’ici permis à ceux qui l’ont fait de mieux se faire respecter. Voter CR et venir à la CR est le seul moyen de faire cesser le monopole syndical avec toutes ses dérives. Les CR ont fait avancer la démocratie.

Question de bob8365: Bonjour, Je ne suis pas encarté, j'aimerais savoir si le débat avance au niveau de la représentation syndicale dans les chambres d'agriculture. Aujourd'hui, seul le syndicat majoritaire impose son dictat pour supprimer encore et encore des agriculteurs au profit de l'agroalimentaire et de la grande distribution (et Sofiprotéol aussi). Pour finir, il ne restera plus que des énormes exploitations avec un taux d'endettement à se pendre !! Ou alors, il ne restera plus que des agri administrateurs ou présidents, en tous cas, moi je ne m'y retrouve vraiment pas dans cette mafia actuelle, un peu de démocratie bordel !!!

François Lucas: difficile de vous répondre si le débat avance : nous aurons peut-être des réponses au sein de la future loi dite « d’avenir agricole » dont nous parle S.Le Foll.

Par contre nous sommes en plein combat pour faire bouger les lignes du syndicalisme et nous espérons que les agriculteurs, de mieux en mieux informés, feront preuve de lucidité pour mettre un coup d’arrêt, par leur vote, à l’évolution « concentrationnaire » qui est l’œuvre du système syndical majoritaire au service des ambitions de carrière et du complexe agro industriel.

Question de tintin32: que pensez vous de la cogestion qui lamine notre agriculture et qui nous a fait perdre notre rangs de premier pays agricole en europe....?

François Lucas: je suis évidemment très critique à l’égard de cette perversion du syndicalisme. Je l’exprime d’ailleurs dans mes réponses précédentes.

En résumé : la situation déplorable de l’agriculture actuelle qui continue de subir l’hémorragie douloureuse et catastrophique de ses agriculteurs ne s’explique que par cette cogestion qui a d’ailleurs produit des ministres. N’oublions jamais que le ministre qui donna sa signature pour accepter de faire rentrer l’agriculture dans les accords de libre échange mondial, à Punta del Este en 1986, ce fut François Guillaume, précédemment président de la FNSEA.

Le rapport du groupe de l’Agriculture dans le cadre du Xème plan est édifiant pour comprendre que si nous sommes aujourd’hui dans cette situation ce n’est ni la faute des ministres de l’agriculture (hormis celui que je viens de citer), ni même celle du Commissaire européen Ray Mac Sharry, le présumé concepteur de la réforme de la PAC en 1992 mais de la responsabilité des plus hauts représentants de la profession agricole de l’époque.

Question de quitounette: il faut revoir d'urgence les aides pac ce n'est pas normal que des céréaliers qui ont dans leur dpu historique les adl et lesprimes bovins males entre autre alors qu'ils n'ont plus de bovins sur leur exploitation.qu'attendez vous pour sauver les exploitations laitière qui n'ont pas 80ha de scop a coté?

François Lucas: Outre le fait qu’elles sont mal ressenties par les agriculteurs qui se sentent blessés dans leur dignité, la CR a toujours considéré que les aides se substituant aux prix ne pouvaient permettre d’assurer l’existence durable des agriculteurs. Le partage des aides n’est pas la solution. La CR préconise une réforme en profondeur de la PAC instituant des droits de douane variables aux frontières de l’UE et des prix « réels » assurant un revenu normal aux agriculteurs dans chaque production. Ces prix doivent être articulés d’une production à l’autre, le blé devant être la valeur guide des autres productions. (Voir nos propositions pour une PAC du XXième siècle sous bonne protection dur le site de la CR).

Par ailleurs les aides ont un effet pervers : A chaque fois qu’elles augmentent l’agro industrie a une fâcheuse tendance à considérer que le prix des produits en relation avec ces aides peut être abaissé pour le producteur qui en bénéficie.

Question de oollii: Quelles ont été vos actions passées et vos projets en faveur des paysans installés hors cadre familial ? Quelle politique comptez-vous mener pour l'installation de paysans issus du hors cadre familial? Merci de votre réponse.

François Lucas: Nous soutenons toutes les formes d’agriculture et considérons que la diversité des profils d’agriculteurs est une grande richesse. Evidemment les pluriactifs ont toute leur place en agriculture et nous ne voulons pas de discrimination entre agriculteurs, que ce soit en cours d’activité ou pour leur installation.

Question de Roland: Pourquoi la pruduction fruitière et maraîchère, qui subit pourtant de plein fouet la concurrence de pays a faible cout de production(coût de la M.O et charges), ne bénéficie pas des ajustement de la PAC au même titre que la production de céréales ?

François Lucas: L’OCM fruits et légumes est un échec car l’UE refuse d’assumer ses responsabilités en matière d’organisation des productions et de leur protection. La CR demande une véritable prise en main de ces secteurs par la PAC avec un cadastre fruitier européen, un calendrier de mise en production concerté entre les différentes zones européennes, une politique d’intervention efficace pour ajuster l’offre et la demande, une protection efficace aux frontières européennes avec une obligation de respect de nos normes de production vis-à-vis des fruits importés. Le récent accord UE-Maroc soutenu par Xavier Beulin est un nouveau mauvais coup porté à ces filières qui va ruiner un peu plus autant les producteurs marocains qu’européens.

Les ajustements de la PAC pour les céréales ne sont pas satisfaisants non plus et c’est une réforme profonde de celle-ci, visant toutes les production agricoles, qui s’impose.

Question de paysannature: si on prend par exemple le sondage terre-net actuel sur l'écart de revenu céréaliers-éleveurs ; quelle syndicat n'a pas fait son boulot et pourquoi les éleveurs n'ouvrent pas plus les yeux ?

François Lucas: La responsabilité de la situation agricole et des problèmes des agriculteurs incombe en totalité au syndicat qui détient et revendique les pouvoirs (y compris dans la désignation des ministres de l’agriculture!) depuis plus de 60 ans. Les éleveurs n’ont pas jusqu’ici compris que ce syndicat ne faisait pas à Paris ce qu’il leur disait chez eux.

Mais la grève du lait a certainement servi de révélateur, y compris auprès des agriculteurs non laitiers, et les prochaines élections devraient en être la traduction.

Question de BERTRAND:  LE PROGRÉS TEHNIQUE ET LA PERFORMANCE ECONOMICO-FINANCIÉRE DES 30 GLORIEUSES ONT PRÉPARÉ LES AGRICULTEURS A INDIVIDUALISME DE PLUS EN PLUS INQUIÉTANT...NE CROYEZ VOUS PAS QUE CES MENTALITÉS PRÉPARENT UNE AGRICULTURE DE PLUS EN PLUS "DÉPENDANTES". ON VA DE PLUS EN PLUS DÉCIDER POUR LES PAYSANS ET LES TENIR PAR LA "SUBVENTIONNITE". LA DISPERSION DES CONCEPTS "CLÉS" EMIS PAR NOS PÉRES (MUTUALISME-COOPERATION) N'EST-ELLE PAS LE FRUIT DE CET INDIVIDUALISME QUE LES SYNDICALISME ONT ENTRETENU ??? les paysans vont mourir seul dans leur coin...ils seront alors la proie des rapaces...

François Lucas: Oui. C’est un paradoxe : les coopératives sont de plus en plus concentrées et puissantes, détiennent aujourd’hui un oligopole dans leur secteur d’activité et les agriculteurs sont de plus en plus isolés au milieu de leur exploitation de plus en plus grande. Pour beaucoup c’est une fuite en avant savamment orchestrée par ceux qui veulent exploiter au mieux leur capacité à travailler sans compter, parce qu’avant tout ils aiment leur métier.

La Coordination rurale veut éviter cet isolement et cette course aveugle « le nez dans le guidon » en recréant, notamment au moyen des chambres d’agriculture, des liens entre agriculteurs qui doivent réapprendre à se côtoyer, se parler, se réunir et s’enrichir mutuellement. La meilleure protection contre les rapaces c’est la solidarité et l’union. La force des agriculteurs doit résider dans leur capacité à vivre du fruit de leur travail en vendant leurs produits à un prix juste et équitable. Ils doivent pour cela soutenir nos propositions pour une PAC assise sur des prix et non sur des primes.

Question de Milka 32: Pensez vous faire pression auprès des pouvoirs publics pour se sortir des obligations sur les prairies temporaires de plus de 5 ans et les prairies permanentes?

François Lucas: Oui, évidemment. Il est scandaleux et inadmissible d’imposer le maintien de ces prairies à des éleveurs qu’on empêche par ailleurs, à cause d’une mauvaise politique, de vivre de leur métier parce que les produits issus de ces prairies n’est plus payé à un prix suffisant. Cette condamnation à la mort économique des éleveurs est un véritable crime commis sous la bannière écologique. D’ailleurs l’incohérence ne semble pas beaucoup gêner les protecteurs des prairies qui sont généralement les mêmes que ceux qui accusent nos ruminants de contribuer fortement à l’effet de serre.

 

 

 

 

 

Pour tout savoir sur les Elections Chambres d'agriculture 2013, les tchats, les vidéos, les actus :

Dossier spécial Elections Chambres d'agriculture 2013

Inscription à notre newsletter

NEWSLETTERS

Newsletters

Soyez informé de toute l'actualité de votre secteur en vous inscrivant gratuitement à nos newsletters

MATÉRIELS D'OCCASIONS

Terre-net Occasions

Plusieurs milliers d'annonces de matériels agricoles d'occasion

OFFRES D'EMPLOIS

Jobagri

Trouvez un emploi, recrutez, formez vous : retrouvez toutes les offres de la filière agricole

Réagir à cet article