Certaines règles deviennent universelles s'agissant d'assurer la protection des céréales contre les maladies. (© Terre-net Média) |
La dépense fongicide en 2012 se situe à 78 €/ha, soit 15 € de plus qu’en 2011, en réponse à la pression exercée par les maladies sur le blé tendre. Pour 2013 et la construction a priori de son programme de protection du blé tendre, Arvalis-Institut du végétal reconnaît l'impossibilité de prévoir le niveau de nuisibilité des maladies, tout comme les conditions climatiques et le prix des céréales. « Mais en supposant que celui-ci reste haut (hypothèse de 20 €/q), une dépense de 80 € apparaît comme un bon repère pour faire face à une pression maladies moyenne de l’ordre de 20 q/ha. Proportionnellement, pour 10 q/ha de nuisibilité, il faut envisager un investissement de 47 €/ha et, pour 30 q/ha, aller jusqu’à 110 €. »
![]() Variation de l’optimum en fonction de la nuisibilité attendue et du prix du blé (150 essais 2005 à 2011) (© Arvalis) |
L’introduction des Sdhi dans les programmes ne change en rien la dépense fongicide idéale d’abord dépendante de la pression parasitaire. « Il n’y a donc a priori aucune raison de dépenser plus sous prétexte d’introduire un Sdhi dans le programme. L’option la plus pragmatique consiste à substituer 1€ d’un fongicide classique par 1€ de Sdhi. En cas d’augmentation de l’investissement fongicide, miser sur les Sdhi est un des meilleurs choix possible, surtout lorsque le contrôle de la septoriose est la préoccupation dominante. »
Apprécier le risque maladies
L’appréciation du risque maladies, premier élément de pilotage de la protection fongicide, peut se faire sur une base régionale et en fonction de la sensibilité variétale. Il dépendra aussi du climat en cours de saison. Attention, prévient Arvalis, les repères à suivre valent pour les pertes occasionnées par les maladies foliaires, c’est-à-dire septoriose et rouille brune.
Hausse des prix des fongicides Le contexte réglementaire, notamment la non atteinte des objectifs de réduction des utilisations de phytos, conduit certains acteurs de la filière à redouter une forte augmentation de la redevance pour pollution diffuse et d’autres à anticiper une réévaluation sensible du prix des fongicides. Arvalis-Institut du végétal annonce ainsi « une augmentation possible de 30 % du prix de certains produits largement utilisés comme le prochloraze ». |
Pour un investissement fongicide donné, il sera possible de raisonner le nombre de passages, en cas d’arrivée tardive de la maladie par exemple. L’observation des symptômes et la prise en compte du contexte de la parcelle permettra d’ajuster en cours de campagne les programme bâtis en morte saison.
Un seul Sdhi par saison
Arvalis-Institut du végétal recommande de ne pas doubler les solutions Sdhi pour minimiser les risques de résistance. Dans les situations à forte pression parasitaire, renforcer le T1 sera l’alternative.
Diversifier les modes d’action :
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pas plus d’un prochloraze, d’une strobilurine et d’une carboxamide par campagne ;
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alterner si possible les Idms (triazoles) au cours de la saison : éviter d’utiliser deux fois la même matière active ;
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prothioconazole et boscalid seront écartés du T1 dans les programmes à trois passages, parce qu’ils seront mieux valorisés en T2. Ils restent utilisables en cas de démarrage précoce et sévère de septoriose.
Repères pour la campagne (conseils Arvalis-Institut du végétal)
T1 |
Sur septoriose, associer les triazoles à du chlorothalonil ou du prochloraze pour renforcer leur efficacité. Le chlorothalonil, fongicide multi site, présente un risque de résistance limité. En cas de risque piétin, il vaut mieux recourir aux variétés résistantes. Sinon, l’association entre métrafénone et cyprodinil semble la mieux adaptée. |
T2 |
Les Sdhi et/ou strobilurines trouvent leur place aux côtés des triazoles, du stade dernière feuille au stade épiaison. Sur septoriose, l’adjonction de prochloraze renforce l’efficacité des triazoles. Les strobilurines ne sont pas proposées en raison de la résistance généralisée de la maladie à cette famille. Dans certains cas - helminthosporiose, rouilles, microdochium nivale – l’adjonction de strobilurine est proposée de 0,2 à 0,3 l/ha entre dernière feuille et floraison. Le choix final résultera de la gestion des risques de développement de rouilles et de dégradation de la qualité sanitaire. |
T3 |
Eviter l’azoxystrobine et la picoxystrobine en cas de risque fusariose avéré quand la qualité sanitaire est un enjeu prioritaire. Préférer un triazole antifusariose seul ou éventuellement une application de Swing gold ou de Fandango S (effets nuls sur la qualité sanitaire pour la dimoxystrobine et la fluxastrobine contrairement aux autres strobilurines employées à la floraison). Pour privilégier le rendement, l’association triazole et strobilurine pourra être privilégiée à floraison. Dose recommandée pour la strobilurine : 0,2 à 0,3 l/ha. |
Où placer le Sdhi ?
A priori, le positionnement naturel du Sdhi sera plutôt en T2 dans le cadre d’un programme à deux ou trois traitements, mais ils peuvent aussi être valorisés en traitement unique. Vu l'absence d’activité sur fusariose, ils n’ont pas à être placés en T3. Ils pourraient aussi se placer en T1 mais ce créneau est déjà occupé par les associations à base de chlorothalonil, elles, difficiles à déplacer. L’expérience a par ailleurs montré avec le boscalid, Sdhi de première génération, que le positionnement en T2 est généralement le plus favorable. Autant de raisons pour un positionnement en T2 des Sdhi.
Les autres solutions restent dans la course. Elles trouveront leur place en T1 où l’exigence d’efficacité est moins élevée. Cependant, certaines solutions alternatives présentent un rapport qualité prix équivalent aux Sdhi. Sur rouille brune, les strobilurines associées à des triazoles conservent notamment tout leur intérêt.
L'efficacité des Sdhi également remarquée sur orges
L’année 2012 a été marquée par de graves attaques de maladies sur les orges d’hiver. La nuisibilité a atteint 16 q/ha en moyenne contre 7 q/ha pour les deux précédentes campagnes. La rhynchosporiose est restée discrète. L’helminthosporiose s’est à nouveau révélée comme la maladie la plus fréquente et la plus nuisible. La rouille naine a également été souvent observée. Enfin, les grillures ont refait localement une apparition en fin de cycle, de même que la ramulariose, tardive mais sévère.
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Contre l’helminthosporiose, les Sdhi confirment leur bonne efficacité. « Le fluxapyroxad et le bixafen prennent l’avantage sur le boscalid. Ainsi, la référence Kayak (cyprodinil) + Bell Star (boscalid + époxiconazole) conserve un très bon niveau d’efficacité. Viverda, qui bénéficie de l’ajout de la pyraclostrobine par rapport à Bell Star, se révèle à 1 l/ha une excellente solution d’un très bon rapport qualité prix. Adexar (époxiconazole + fluxapyroxad) a également montré une excellente efficacité, soulignant l’activité du fluxapyroxad sur l’helminthosporiose. Aviator Xpro (bixafen + prothioconazole) confirme également son très fort potentiel en dépassant Madison. » Un projet lui associant une strobilurine viendra élargir l’offre de haut niveau contre helminthosporiose.
Le recours aux Sdhi semble plutôt bénéfique dans un contexte parasitaire dominé par l’helminthosporiose et les grillures. En programme, les résultats indiquent nettement qu’une utilisation des Sdhi en T2 est le choix le plus judicieux. A l’exception d’une forte présence de rouille naine et de taches brunes donnant l’avantage à un programme apportant une strobilurine en T2 et rejetant par conséquent le Sdhi en T1. Enfin, de même qu’une seule application de strobilurine par ha et par an est depuis longtemps la règle, une application de Sdhi par campagne suffit à contrôler les maladies. S’agissant des triazoles, il faut s’efforcer d’alterner les molécules.
La nuisibilité des maladies se situe en moyenne pluriannuelle sur orge à 15 q/ha. Sur cette base, avec un prix de l’orge à 20 et 21 €/q (respectivement fourrager et brassicole), la dépense fongicide repère atteint 70 €/ha. Le niveau de risque de nuisibilité et la dépense associée est à moduler selon sa région et la variété.
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