Le recul de 40 $/t en un mois a modifié les flux commerciaux

Avec des récoltes de blé de 10 Mt environ mais aussi avec l'orge qui ne tient pas ses promesses, l’Argentine ne dispose pas de céréales à paille en quantité et en qualité suffisantes pour jouer les troubles fêtes sur les marchés. (© Terre-net Média)

Les Etats-Unis profitent de la baisse des prix du blé de près de 40 dollars par tonne pour en exporter plus. Avec un dollar affaibli, le retrait des opérateurs financiers et un recul du Baltic index, leur blé est devenu très compétitif en l’espace de quelques jours ce qui a redynamisé le commerce. Aussi, tandis que leurs ventes vers les pays tiers ont explosé fin décembre (1 Mt dans la semaine du 20 décembre), celles de la France et de l’Union européenne ralentissent. Aux portes de l’Egypte, le blé européen est concurrencé par le blé américain. Les stocks de report en fin de campagne seraient dorénavant, en France, de 2,3 Mt contre 1,9 Mt estimées en décembre dernier.

Ce recul des prix s’inscrit dans un contexte assez particulier car en ce début d’année, pour de nombreux pays exportateurs, les dés sont jetés. L’Ukraine et la Russie ont exporté les 14,5 Mt prévues en début de campagne. Avec des récoltes de blé de 10 Mt environ mais aussi avec l'orge qui ne tient pas ses promesses, l’Argentine ne dispose pas de céréales à paille en quantité et en qualité suffisantes pour jouer les troubles fêtes sur les marchés. Il en est de même pour l’Australie, frappée par la sécheresse, où la récolte est terminée.

10 Mt de blé français exportées vers les pays tiers

Le blé français, dorénavant cher, est aussi concurrencé en Europe par les importations de céréales fourragères meilleur marché et la déqualification de 200.000 tonnes de blé dur, plus riches en protéines, qui entreront dans la formulation des composés alimentaires. Les exportations intra-européennes et l’utilisation pour l’alimentation animale sont revues à la baisse mais les exportations vers les pays tiers restent maintenues à 10 millions de tonnes car la qualité de blé français reste bonne et les pays de la Mer noire sont dorénavant absents.

Par ailleurs, la fin de campagne n’est pas à l’abri d’incidents climatiques qui pourraient baisser le potentiel de production des céréales dans les grands pays producteurs. Le froid affecte déjà le blé russe dans certaines régions. Et le blé d’hiver emblavé cet automne aux Etats-Unis a mal démarré.

Les prix du maïs européen trop élevés par rapport au maïs américain

Le maïs américain, lui aussi en baisse, s’est bien vendu. La moitié des 24 millions de tonnes disponibles pour l’exportation aux Etats-Unis est déjà embarquée. L’Ukraine et le Brésil vendent à la Chine qui prévoit d’importer 2 Mt de maïs aux dépens de l’Union européenne, dont les prix sont trop élevés. Celle-ci n’est, du reste, choisie ni par le Syrie, ni par le Liban pour commercer et elle est concurrencée par les pays du bassin de la Mer noire sur son marché intérieur. Résultat, FranceAgriMer réduit de 350 millions de tonnes les exportations françaises et prévoit des stocks de fin de campagne de 2,7 Mt (+ 600.000 tonnes).

En fait, les nouvelles prévisions de stocks de blé et de maïs revues à la hausse ce dernier mois en France sont d’une certaine façon à contre temps et devraient être remises en cause dans les prochaines semaines. Au niveau mondial, rien ne justifie fondamentalement cette situation car les marchés ne croulent pas sous les quantités de céréales disponibles. Ils ont profité de la fenêtre financière et monétaire qui s’est ouverte en décembre pour rebattre les cartes.