Une dynamique de conversion marquée d'ici 2015

Une dynamique de conversion marquée d'ici 2015
Les systèmes bio ont souvent des charges de structures plus importantes du fait du recours plus fréquent à la mécanisation.
Les systèmes bio ont souvent des charges de structures plus importantes du fait du recours fréquent à la mécanisation.
(© Terre-net Média)
D’après les réponses d’intention de conversion à l’agriculture biologique du recensement agricole (RA) de 2010, près de 18.600 exploitations pourraient opter pour la bio d’ici 2015. Cela représenterait environ 745.000 ha supplémentaires en conversion ou sous certification biologique à l’horizon 2015. Thuriane Mahé du centre d’étude et de prospective avec la contribution de Jérôme Lerbourg du service de la statistique et de la prospective du ministère, prévoient ainsi un doublement en cinq ans des surfaces bio en France, qui avoisineraient alors 1,5 million d’ha, soit 5,5 % de la Sau nationale. Les hypothèses prises sont fortes cependant : pas de modification des orientations techniques ni d’évolution des structures (notamment de la Sau des exploitations), même part de surfaces converties en bio par exploitation que chez les exploitations équivalentes actuellement certifiées, pas de prise en compte des installations en bio et des déconversions, surface agricole utile totale constante.

Les surfaces converties en bio d’ici 2015 seraient surtout des prairies temporaires et des surfaces en grandes cultures mais toutes les cultures seraient concernées. En élevage, 2,3 % du cheptel national pourrait s’ajouter d’ici 2015 au cheptel déjà élevé en mode biologique, les intentions de conversion concernant davantage les ovins-caprins et bovins.

La transformation et la vente en directe plus souvent présentes en bio

La carte ci-dessous illustre la montée en puissance des régions du sud et de l’est de la France. Les effectifs les plus importants d’exploitations en agriculture biologique resteront ceux des régions actuellement en avance telles que Rhône-Alpes, Aquitaine, Midi-Pyrénées ou Languedoc-Roussillon. Pour conclure, il existe des similitudes fortes entre les exploitations qui envisagent une conversion à l’agriculture biologique au cours des cinq prochaines années et les exploitations déjà en bio : agriculteurs ayant une formation et des activités de transformation ou de valorisation de leurs produits proches des exploitants déjà engagés dans ce mode de production. On peut également penser que le contexte local joue un rôle fort dans la motivation. Si ces intentions de conversion se confirment, l’agriculture biologique pourrait représenter à l’horizon 2015 plus de 7 % des exploitations agricoles françaises (à effectif global constant).

Dynamique régionale de conversion à l'agriculture biologique.
Dynamique régionale de conversion à l'agriculture biologique. Cliquer pour agrandir.
(© Agreste - Recensement agricole 2010 et Agence Bio, projections du Cep)

Le critère rendement ne suffit pas à comparer les systèmes

Thuriane Mahé et Fabienne Portet du Centre d’études et de prospective remarquent que malgré une demande soutenue et des politiques publiques incitatives, la France reste encore déficitaire pour certaines denrées issues de l’agriculture biologique (AB). D’après l’Agence Bio, en 2009, 38 % des produits bio (en valeur) consommés en France sont importés et 2/5e de ces importations concernent des produits pour lesquels la France a une forte vocation productrice. Pour l’épicerie sèche, certaines céréales et les fruits exotiques, les importations resteront nécessaires dans les prochaines années. En revanche, la balance commerciale est aujourd’hui à l’équilibre pour le lait et la pomme de terre.

En Europe, les rendements moyens de l’AB sont globalement inférieurs à ceux de l’agriculture conventionnelle (AC) : - 25 % en polyculture élevage et - 47 % dans les systèmes sans élevage. En lait par exemple, une comparaison régionale du Cer-France Normandie estime les écarts de production à 25 % (en volume/unité gros bovin). En grandes cultures, pour lesquelles les rendements conventionnels sont en France parmi les plus élevés du monde, les facteurs limitant les rendements en AB relèvent principalement de la disponibilité en azote.

De nombreux enjeux pour l'avenir

La comparaison des rendements présente cependant plusieurs limites. La mise au point de nouvelles variétés végétales par exemple est davantage développée en AC. À l’avenir, la disponibilité en intrants, la qualité des sols, la résilience des systèmes au changement climatique seront autant de facteurs influençant le rendement et susceptibles de modifier les comparaisons.

Les charges opérationnelles (fertilisants, amendements, traitements, semences, irrigation, frais vétérinaires) sont en général nettement inférieures en AB. En revanche, les charges de structures (liées aux engins mécaniques, à la certification, aux salaires, etc.) sont le plus souvent équivalentes ou supérieures. D’autre part, d’après les référentiels disponibles les aides publiques sont indispensables lors de la période de conversion. Ensuite, la stratégie économique des exploitations en AB se construit davantage sur l’autonomie et la réduction des charges que sur la maximisation des produits. La bonne valorisation des produits biologiques sur les marchés doit permettre de compenser les surcoûts liés à ce mode de production et de maintenir la marge des producteurs. L’accès aux marchés et le lien avec l’aval sont donc un élément clé du développement de la filière.

L’innovation, l’accompagnement technique, l’organisation des marchés et la gestion des risques restent des enjeux forts pour l’avenir de la filière.

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