![]() Pendant une petite heure lundi 4 février 2013, Stéphane Le Foll a répondu en direct aux questions des agriculteurs. (© Terre-net Média) |
A voir aussi : l'interview vidéo de Stéphane Le Foll |
Pendant une heure, lundi 4 février 2013, Stéphane Le Foll s'est prêté au jeu des questions-réponses au cours d'un tchat organisé par la rédaction de Terre-net Média.
Vous avez été extrêmement nombreux à poser des questions au ministre de l'Agriculture. Stéphane Le Foll n'a pas pu répondre aux plus de 230 questions. La rédaction a été contrainte de procéder à une sélection. Toutefois, cette sélection a été faite de telle sorte que tous les sujets majeurs, au cœur de vos préoccupations, ont été abordés par le ministre.
La rédaction s'engage auprès de ses lecteurs à communiquer à Stéphane Le Foll l'intégralité des questions qui lui sont parvenues. Le ministre de l'Agriculture, lui, s'est engagé à répondre « au maximum de questions, mais pas à toutes », dans la mesure du possible. Nous publierons ses réponses dès réception.
Retrouvez ci-dessous le fil du tchat avec toutes les questions auxquelles Stéphane Le Foll a répondu.
Arnaud Carpon (Rédaction Terre-net Média) : Bonjour, La rédaction de Terre-net Média et moi-même avons le plaisir de vous accueillir pour ce tchat en direct d'une heure avec Stéphane Le Foll, le ministre de l'Agriculture. Nous sommes installés dans un bureau attenant à celui du ministre de l'Agriculture. Stéphane Le Foll n'est pas encore arrivé. Son secrétariat nous annonce quelques minutes de retard. Stéphane Le Foll arrive et s'installe. Le tchat commence. |
Question de Patrique : Pourquoi avez-vous volé au secours de la Fnsea en refusant d'instaurer la proportionnelle aux élections aux chambres d'agriculture ? Est-ce pour ne pas déplaire à l' Ump ? |
Stéphane Le Foll : J'ai fait deux réformes à l'occasion de ce scrutin : la première consiste à introduire le principe de mixité dans les listes électorales. Pour la première fois, nous aurons un nombre important d'agricultrices dans les Chambres d'agriculture. La deuxième priorité a consisté, pour le scrutin des chambres régionales, à introduire des éléments de proportionnalité afin de rendre les collèges élus plus représentatifs. Ce qui était déjà beaucoup à moins de six mois du scrutin ! |
Question de jmroy : Bonjour. Je suis devenu le seul laitier de mon village (les autres n'ont pas voulu "faire la mise aux normes"),ils ont pu relever leurs prairies et sont contents de travailler moins et gagner autant. Moi-même je ne cherche plus à faire mon quota (-25%) ,le prix du lait est si peu encouragent par rapport aux céréales. Il n'y a que les emprunts qui me lient à cette production pour l'instant,mais après? Si beaucoup arrêtent que deviendront nos exploitations devenues petites, sans élevage, les laiteries et leurs emplois. Cordialement. |
Stéphane Le Foll : Je suis conscient des difficultés du secteur de l'élevage, et particulièrement le secteur laitier pris en tenaille entre la hausse du prix des céréales et le prix du lait. A cela s'ajoutent les interrogations sur l'après-quota laitier. Ma priorité pour répondre à ces interrogations et donner un avenir aux éleveurs de notre pays consistera à rééquilibrer les aides de la Pac, à favoriser l'autonomie fourragère des exploitations par un plan en faveur des protéines végétales, et en assurant une meilleure répercussion du prix des matières premières sur le prix payé aux producteurs. |
Question de Pac2014 : Mr Le Foll Pour la 5 eme directive nitrate, que faites vous pour les nouvelles contraintes d épandage des effluents d élevage avec des pentes supérieur a 7 pourcent sans aller en zone de montagne ? |
Stéphane Le Foll : Je suis très attentif à trouver des solutions pragmatiques pour l'élevage permettant de respecter la directive communautaire, car, je vous le rappelle, la France est sous le coup d'une condamnation lourde. Parmi les pistes d'aménagement que j'ai mises sur la table, la prise en compte d'autorisations de stockage sur des pentes plus fortes ainsi que celle du stockage au champ de fumier bovin pailleux. Cela évitera la construction de stockages coûteux. |
Question de Jules Machin : Bonjour Monsieur le Ministre. Organiserez vous comme votre prédecesseur, la mort des petites exploitations, en favorisant la reprise de terres agricoles par de futurs exploitants dont le père doit être à la retraite l'année suivant l'installation du jeune? Un cas précis dans notre vallée de la Galaure en Drôme des collines s'est produit en 2011. Le jeune s'est installé avec une centaine d'hectares. En 2012, le père a pris sa retraite en laissant au fils encore à peu près la même surface. Tout cela organisé par l'ancien ministre en collaboration avec la FNSEA, instituant une forte prime aux cèdants, lorsqu'ils cèdent à un JA (jeune agriculteur). Cette loi a permis à ce jeune de "récolter" beaucoup d'hectares la première année. Le père pour favoriser son fils, n'a pas fait jouer cette loi! Je vous remercie. |
Stéphane Le Foll : L'objectif est d'abord, dans le cadre de la future Pac, d'avoir une mesure spécifique pour les premiers hectares, les cinquante premiers, et ensuite de réfléchir dans le cadre de la loi d'avenir, à la question du foncier, avec le dilemme entre l'agrandissement et l'installation. La réflexion est en cours pour éviter ce que nous connaissons aujourd'hui, en particulier dans les formes collectives, où l'agrandissement se fait avec le non remplacement des agriculteurs partant à la retraite. |
Question de ELO : Bonjour Monsieur le ministre, Il est important lors de la prochaine réforme de la PAC de soutenir l'élevage de bovin en systéme 100 % prairies qui protége l'environnement et à un impact sur notre écosystéme. Il est de même pas logique d'apporter une aide couplée sur les vaches allaitantes, il serait plus intéressant de soutenir directement la surface consacrer aux prarires naturelles dans le systéme d'aide afin de maintenir des exploitations de ce type sur notre territoire.Est t'il possible de redéfinir le systéme de soutien pour les sytémes 100 % herbe et de revoir le systéme de primes à la vache allaintante en soutenant directement les surfaces consacrés aux prairies permanentes. Merci Monsieur le ministre pour votre soutien et pour l'évolution de notre agriculture française. |
Stéphane Le Foll : Le verdissement de la Pac à l'échelle européenne que la France a défendu, intègre le maintien des prairies permanentes comme un des critères du verdissement. Il y a là une prise en compte du rôle de ces prairies dans l'équilibre de l'agriculture. Pour ce qui est du couplage des aides, il faut faire extrêmement attention, car sans couplage pour l'élevage, en particulier pour l'élevage allaitant, le risque est grand de voir une partie des élevages disparaître. Rien ne garantit demain qu'il y ait des vaches sur ces prairies. |
Question de milo : Mr le ministre , trouvez vous normal que les exploitations cerealieres touchent tjrs autant d'aide de bruxelle sachant que les cours des cereales sont au plus haut et que ce secteur n'emploie qu'une personne pour 200 ha , et en comparaison les arbo et maraichés ne sont presque pas aider , les aides devraient etre basé sur les cotisations MSA ( p a c sociale ) le probleme aujourd'hui c'est l'emploi !!!!! et agisez avt que ses productions disparraissent. |
Stéphane Le Foll: C'est pourquoi nous avons fait la proposition de surprimer les premiers hectares pour l'après-2014. Car c'est sur ces premiers hectares qu'il y a le plus d'emplois. De la même manière, il faut que nous réfléchissions à l'équilibre global de la distribution des aides, même si on ne peut pas, et on peut le regretter à l'échelle européenne, avoir des aides en complément de hausses ou de baisses de prix. Au niveau national, pour corriger cette situation déséquilibrée des aides de la Pac, j'ai obtenu du premier ministre que le crédit d'impôt compétitivité emploi prévu pour les entreprises, bénéficie aussi aux exploitations agricoles, employeuses de main-d'œuvre, comme le maraîchage et les arboriculteurs. Ce dispositif s'ajoutera aux dispositifs de soutien à l'emploi saisonnier. |
Question de ln.cou : Comment permettre aujourd'hui aux producteurs agricoles de s'organiser sans tomber sous le coup des règles du droit de la concurrence ? |
Stéphane Le Foll : C'est tout le débat des organisations professionnelles de producteurs. Dans le domaine laitier, nous venons de reconnaitre 9 OP. C'est un premier pas. Et dans le même temps, nous essayons de faire évoluer le droit de la concurrence au niveau national comme au niveau communautaire, pour permettre le regroupement des agriculteurs face aux industriels et aux entreprises de la grande distribution. |
Question de julien47 : Bonjour Monsieur le ministre. Dans le contexte actuel de décalage entre le prix du lait payé ( en baisse de 20 € / 1000 litres par rapport à janvier 2012) et l'augmentation des charges de production d'un côté et la concurence avec la production de céréales dans les zones de polyculture ( sud ouest de la France notamment pour ce qui me concerne); |
Stéphane Le Foll : La négociation sur le prix du lait doit s'engager avec les OP et les industriels dans chaque bassin de production, dans un rapport de force rééquilibré entre producteurs et transformateurs. Une réflexion est en cours sur les indicateurs pour prendre en compte les coûts de production dans les contrats entre producteurs et transformateurs. Il n'est pas possible de définir un prix unique, ni à l'échelle européenne, ni à l'échelle nationale, compte tenu de la diversité des situations de production. |
Question de fabrice70 : Bonjour, Vous avez parlé récemment du club des 100 quintaux chez les céréaliers ... Je suis céréalier en zone intermédiaire (Haute Saône 70) et ici c' est plutôt le club des 75 quintaux. Réalisant un rendement 25% moins élevé que dans les "vraies plaines céréalières", il me faut donc plus de surface pour dégager la même marge. En plus, nous n' avons pas de cultures à forte valeur ajoutée (pommes de terre, bettraves, légumes ...). Pourriez vous m' expliquer pourquoi sur-primer les 50 premiers hectares ? Je me sens doublement pénalisé par cette mesure: moins de rendement ... et bientôt moins de primes. |
Stéphane Le Foll : Premièrement, la surprime des 50 premiers hectares s'applique à tout le monde, vous y compris. Deuxièmement, il y a déjà des écarts en termes d'aides à l'hectare entre les zones céréalières et les zones intermédiaires. Une convergence va donc être engagée car nous allons sortir des Dpu, pour remonter le niveau d'aides de ceux qui ont les aides les plus basses. |
Question de isa : Le stockage de l'eau apparait indispensable a beaucoup d'agriculteurs pour sécuriser leurs productions végétales que ce soit pour l'alimentation humaine ou des troupeaux. en parallèle,il permet de diminuer la pression sur le milieu en été. Pourtant, dès son arrivée au ministère de l'environnement Delphine BATHO a pris la décision de bloquer tous les projet de retenues. Que compte faire le ministère de l'agriculture sur cette question stratégique? |
Stéphane Le Foll : Le Premier ministre a nommé, sur ma proposition et celle de Delphine Batho, Philippe Martin, pour mener une réflexion sur cette question et ouvrir des propositions permettant de mieux concevoir une politique d'irrigation qui allie la ressource et son utilisation dans un esprit qui consiste à maintenir l'agriculture là où elle est rendue difficile à cause de la raréfaction des pluies qui devient récurrente. Il faut sortir de l'idée trop simple que l'irrigation ne servirait qu'à intensifier la production. Dans bien des cas, elle est utile pour maintenir la production. |
Question de ttitouan27 : Monsieur le Ministre, vous avez donnez une belle impulsion lors du produire autrement. Un certain nombre de fermes engagées comme la mienne dans des reseaux ou dans des logiques de productions alternatives, de baisse d'intrants attendent un reel changement des cooperatives, des chambres d'agricultures afin de transformer réellement l'écophyto 2018 en une vraie ligne directrice, ferme, non vaccillante. Allez vous faire bouger les lignes dans ces institutions souvent veillottes qui refusent d'avancer. D'autant plus que les risques liés a notre santé semble prendre un tournant tres inquietant. Phyto victimes en est la réelle preuve. Pouvons nous attendre de vous et de vos services un reel changement ?? un agriculteur membre du reseau Dephy qui bouge... |
Stéphane Le Foll : Oui, j'ai impulsé une dynamique sur la base des expériences qui sont conduites par de nombreux agriculteurs comme vous, pour produire autrement, c'est-à-dire autant, voire plus, avec moins. Il va de soi que pour réussir ce pari, nous devons mobiliser l'ensemble des acteurs et en particulier ceux qui concourrent au développement. C'est pourquoi nous allons réorienter le Casdar, et lancer une phase de formation à ces nouvelles techniques. Nous nous appuyerons aussi sur le 2e pilier et sur les groupes d'intérêt économiques et écologiques créés par la loi d'avenir, pour diffuser les bonnes pratiques. |
Question de reveil : Depuis l'élection de mai, le chômage a explosé en France et se prépare à dépasser la moyenne européenne, tandis que les USA recréent des emplois. La récession qui commence en France, à l'inverse de la tendance mondiale, résulte du fait que tous nos indicateurs sont dans le rouge depuis sept mois : Les créations d'entreprises avec salariés ont baissé significativement, les faillites ont enclenché un mouvement de hausse durable, le moral des entrepreneurs ne cesse de baisser, le pouvoir d'achat se réduit, le secteur du logement périclite, les jeunes entrepreneurs s'en vont, les sièges des grandes sociétés se délocalisent, et nos systèmes sociaux sont au bord de la rupture. En quelques mois la France, qui contenait jusque là ses problèmes, a vu disparaître des richesses essentielles. Conformément aux promesses du candidat socialiste qui désignait la finance comme son ennemi. Ma question , M. le ministre, est celle-ci : Comment une politique économique qui entraîne le déclin de tout un pays peut-elle épargner son agriculture ? |
Stéphane Le Foll : Le chomage augmente en France. Le Gouvernement en a parfaitement conscience. La lutte contre le chomage est une priorité, et le Président de la république s'est engagé à inverser la courbe du chomage d'ici la fin de l'année. Contrat de génération, contrats d'avenir pour l'emploi, qui bénéficient à tous les secteurs, en particulier industriels et agricoles. Création de la BPI, ainsi que la mise en place du crédit d'impôt compétitivité emploi, sont autant d'outils qui vont être mis en œuvre pour investir et créer de l'emploi. J'ai fait en sorte que l'agriculture puisse en bénéficier pleinement. Il ne s'agit plus de se comparer aux Usa qui nous ont exporté la crise, mais de construire notre avenir par l'investissement dans l'industrie et l'agriculture. |
Question de pipi79310 : Que comptez vous faire pour aujourd'hui bien differencier les 2 modes de productions bio (le bio industriel et le bio naturel), pour ne pas berner nos consommateurs ? |
Stéphane Le Foll : Il n'y a pas de définition du bio naturel et du bio industriel. Il y a une définition du "bio" avec des critères européens et nationaux (AB). Mon objectif est de développer la bio en France, avec un plan "ambition bio 2017" qui sera présenté au printemps. L'objectif : développer la production, la transformation et développer les filières, pour que les consommateurs soient pleinement satisfaits, et que les producteurs aient des prix suffisamment rémunérateurs. |
Arnaud Carpon (Rédaction Terre-net Média): Ce tchat touche désormais à sa fin. |
Stéphane Le Foll : Je dois vous quitter maintenant, et rejoindre une réunion interministérielle. je répondrai dans les prochains jours au maximum de questions, mais pas à la totalité des 231 questions que vous avez postées. Record battu selon les journalistes de Terre-net. |
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