![]() Selon les situations, il faut veiller à revoir la date de l'apport et la dose d'azote à appliquer. (© Terre-net Média) |
De faibles reliquats azotés en sortie hiver
Par conséquent, les niveaux de stocks d’azote minéral du sol (reliquats azotés) en sortie d’hiver devraient être assez faibles pour la plupart des régions concernées par les fortes pluies. Dans les situations pour lesquelles le potentiel de rendement des parcelles ne sera pas affecté par des problèmes d’implantation, il faudra donc s’attendre à devoir gérer des doses d’engrais minéral un peu plus élevées que ces dernières années.
Ré-estimer les potentiels de rendement
Pour les parcelles ayant subi des dégâts significatifs (semis retardés, excès d’eau), sans pour autant justifier un retournement, il est nécessaire de revoir à la baisse d’éventuels potentiels de rendement fixés précocement dans les plans prévisionnels de fumure réalisés à l’automne. Pour les plans en cours de réalisation, l’estimation du potentiel de rendement doit prendre en compte ces facteurs limitants.
Les causes potentielles de réévaluation du rendement objectif sont triples :
- un faible tallage : il faudrait des niveaux très faibles pour justifier un abaissement significatif du potentiel de rendement ;
- des pertes de pieds : mauvaise levée, attaques de limaces, ennoiement prolongé ;
- un enracinement déficient : dégradation de la structure lors de l’implantation, mauvais drainage en cours d’hiver. Ce sera sans doute la principale source de pénalisation du rendement, mais aussi la plus difficile à évaluer.
Pas d’apport tallage sur des parcelles en excès d’eau…
Rappelons qu’il est inutile d’appliquer de l’engrais azoté sur des parcelles en excès d’eau, même si certains types de matériel permettent d’y pénétrer. L’anoxie limite grandement la croissance de la plante, elle absorbe donc très peu d’éléments minéraux. De plus, les excès d’eau peuvent entraîner des pertes d’azote, par ruissellement dans les cas les plus graves, mais le plus souvent par dénitrification. Ce dernier phénomène est généralement négligeable en termes de quantité d’azote perdue, sauf en situation d’anoxie où les pertes peuvent dépasser la dizaine de kgN/ha. De plus, il entraîne l’émission du gaz N2O, contribuant significativement aux émissions de gaz à effet de serre par l’agriculture.
… mais à prévoir dès la reprise de bonnes conditions climatiques
L’apport d’azote n’est pas le déclencheur de la reprise de croissance du blé à la sortie de l’hiver. Ce sont les conditions climatiques (température, rayonnement…) qui pilotent la croissance. Par contre, qui dit reprise de croissance dit reprise d’absorption : il sera alors nécessaire d’assurer un niveau de fourniture d’azote suffisant. Dans les conditions de cette année, pour les zones les plus arrosées, il est probable que les reliquats sortie hiver soient faibles. Un apport de 30 à 40 kgN/ha au stade début à mi-tallage est à préconiser quand les parcelles retrouveront des conditions de croissance correcte.
Comme pour toute année atypique, il faut s’attendre à des comportements de parcelles parfois inhabituels. Dans ces conditions, l’utilisation d’un outil de pilotage pour les apports suivants sera précieuse.