![]() L'Inde représente 17,5 % de la population mondiale. Elle sera le pays le plus peuplé en 2025. (© Terre-net Média) |
Les paysans de la planète sont en première ligne pour réussir à nourrir 9,2 milliards d’hommes d’ici à 2050. Ils devront accroître de 70 % la production agricole mondiale pour relever le défi démographique et pour satisfaire les besoins des classes moyennes dotées d’un pouvoir d’achat les poussant à se nourrir d’aliments carnés. Avec leurs familles, ils représenteront encore plus d’un tiers de la population mondiale.
Réduire les gaspillages et modifier les habitudes alimentaires rendraient ces challenges beaucoup plus surmontables. La hausse des prix alimentaires pourrait accélérer cette évolution et conduire les pays développés, à réduire à 3.000 calories par jour et par habitant la quantité de produits alimentaires consommés. Cette hausse généralisée des prix pourrait aussi pousser les populations à adopter des régimes alimentaires moins carnés.
La quantité de produits agricoles alors disponibles aiderait l’Asie, l’Afrique et le Moyen-Orient, aujourd’hui déficitaires, à renforcer leur sécurité alimentaire en important les produits que ces régions du globe ne seront pas en mesure de produire. Car malgré la progression des rendements de 50 % envisagée grâce à des techniques culturales plus performantes et dans une moindre mesure, grâce à l’accroissement des surfaces agricoles (qui ne contribuerait que pour 20 % à l’augmentation de la production agricole), ces régions ne seraient pas en mesure de couvrir leurs besoins. Estimés en kilos calories par jour et par hectare (kcal/j/ha) (1), les déficits porteraient sur 4.000 kcal en 2050 en Afrique et sur 2.000 kcal en Asie. Autrement dit, même si les rendements moyens passent de 12.000 kcal/j/ha à 17.000 kcal/j/ha entre 2010 et 2050 en Afrique sub-saharienne, il manquerait 4.000 kcal pour que l’agriculture nourrisse l’ensemble des Africains.
Inciter les paysans à produire et investir
Produire plus dans toutes les régions du Monde impose aussi une nouvelle organisation commerciale des produits agricoles pour protéger les petits paysans mais aussi une politique de stockage pour atténuer la volatilité des cours. Celle-ci déstabilise les marchés et démotive les paysans à produire. Autrement dit, il faudra à la fois des prix agricoles suffisamment élevés pour inciter les paysans des trois régions du globe à produire et à investir sans être pour autant excessifs afin de protéger le pouvoir d’achat des populations urbaines.
Dans ces conditions, l’Europe et l’Amérique entre autres, excédentaires en produits agricoles, seront indispensables pour assurer la sécurité alimentaire des régions structurellement déficitaires sans pour autant inonder leurs marchés de produits à faibles prix. Elles contribueront à l’essor des échanges commerciaux. Ils ne représentent actuellement que 5 % de la production agricole.