Jauger les risques et viser les bonnes conditions

Pour bénéficier des effets positifs d'un semis précoce de maïs, certaines conditions doivent être réunies. (© Terre-net Média)

Après analyse des conditions climatiques de la campagne passée, Arvalis-Institut du végétal reconsidère l’intérêt des semis précoces de maïs. Ainsi, le semis précoce expose à certains risques en début de cycle, liés notamment au froid. Le risque de gel entre 3 et 6 feuilles est supérieur sur les semis d’avril et diminue pour les cultures implantées plus tardivement. Ceci dit, « le risque à ce stade n’a qu’un impact limité, l’effet annuel restant prépondérant ». Quant à la crainte d’une croissance lente de la plante semée précocement, il n’est pas justifié. En effet, « le nombre de jours entre le semis et le stade 6 feuilles a diminué mais ce, quelle que soit la date de semis ». Enfin, l’exposition à des températures froides de la plante au cours de la différenciation florale n’est pas accrue de manière significative.

Dans les sols se réchauffant facilement

Dans les sols à bonne structure, se réchauffant facilement, Arvalis-Institut du végétal conseille de saisir les fenêtres de semis dès le 1^er avril. En effet, quand il est bien conduit, un semis précoce valorise l’offre climatique en rendement, par un allongement du cycle et esquive les périodes à risque de stress hydrique. Par ailleurs, il permet une réduction des coûts de séchage et une plus grande souplesse des dates de récolte. « Les récoltes plus précoces favorisent les semis de blé en bonnes conditions et limitent le risque de verse et de développement de fusariotoxines. »

Dates de semis et récolte	Choix de précocité	Rendement brut à 15 %	Rendement net après déduction des freintes et séchage
A mêmes dates des semis et récolte	Variété plus tardive d'un groupe	4 à 7 q/ha	1 à 4 q/ha
Pour un semis 1/4 au lieu du 26/4 et même date de récolte	A même précocité de variété	0 à 2 q/ha	2 à 4 q/ha
Pour un semis 1/4 au lieu du 26/4 et même date de récolte	Variété plus tardive d'un groupe	4 à 9 q/ha	3 à 8 q/ha
Avantages du semis précoce : estimations en rendements biologique et net producteur en l'absence de déficit hydrique et en année moyenne.

La composition du sol peut limiter l’intérêt d’un semis tôt en saison. L’institut prévient de se méfier en limons, battants notamment, et en sols blancs se réchauffant difficilement. L’allongement du cycle signifie également une durée d'exposition plus étendue aux bio-agresseurs et nécessite d’adapter la protection. Arvalis conseille d’avoir recours à une fumure starter.

Pour les sols de limons, un semis très précoce expose au risque de battance après le semis et à une levée lente. La date de semis est à adapter à l’année, à la préparation du sol et au type de limon. « Les semis début avril sont possibles en limons sains mais à éviter en sols blancs et/ou à ressuyage lent. Veiller à l’état de la surface et privilégier les émergences rapides grâce à une profondeur de semis pas trop importante, une technique parfois trop risquée en cas de semis très précoces. »

Un impact réel du changement climatique sur l'itinéraire technique du maïs Du fait de l’évolution climatique, entre les années 80 et aujourd’hui, pour un semis du 25 avril à Saint Quentin d’une variété très précoce à précoce, l’agriculteur a gagné 34 jours à maturité grain, 18 jours à maturité fourrage et 8 jours à floraison. Les semis ont au même titre été avancés de vingt jours en quarante ans. Au final, la combinaison des dates de semis avancés et du choix de variétés plus tardives fait qu’une variété précoce semée début avril aujourd’hui est à maturité fourrage presque un mois plus tôt qu’une très précoce semée début mai dans les années 80.