 La Chine est le premier producteur de blé au monde, devant l’Inde, et le premier consommateur. (© Terre-net Média) |
La Chine est le premier producteur de blé au monde, devant l’Inde, et le premier consommateur. Alors qu’elle importait entre 6 et 16 millions de tonnes de blé dans les années 80-90, le pays était depuis resté à l’écart du marché mondial du blé, à l’exception des années 2004-2005, n’important ou n’exportant que des volumes limités.
Mais la hausse des prix du maïs en 2012 a incité les importateurs à se reporter sur des achats de blé. L’année dernière, les importations de blé ont approché les 3,7 millions de tonnes, une multiplication par trois des importations effectuées en 2011. En valeur, ces achats se chiffrent en 2012 à plus de 1,1 milliard de dollars. Les achats ont été très importants au cours des trois quarts de l’année avant de chuter au dernier trimestre.
L’Australie a consolidé sa place de premier fournisseur de la Chine, avec plus des deux tiers des volumes, loin devant les États- Unis et le Canada. Avec près de 12.000 tonnes, la France est restée loin des ventes réalisées en 2005 (560 000 tonnes selon les douanes chinoises).
La récolte pourrait présenter des problèmes qualitatifs
La hausse des importations est essentiellement en blé tendre, qui a composé les deux tiers des volumes en 2012.
Les importations de la prochaine campagne dépendront de la récolte 2012/2013. Or, si les chiffres avancés par les autorités chinoises annoncent une récolte de 120 millions de tonnes (dont 94 % de blé d’hiver), le poste de Pékin de l’Usda et la Rabobank estiment que ces chiffres sont surestimés et tablent respectivement sur 108 et 106 millions de tonnes, estimant les conséquences des problèmes sanitaires ayant affecté les cultures.
Cette récolte pourrait également présenter des problèmes qualitatifs, suite aux attaques de Fusarium. En outre, les prix intérieurs du blé en Chine ont fortement progressé depuis août 2012, semblant confirmer une récolte en baisse d’après l’Usda. La hausse des cours a été de 20% entre août 2012 et janvier 2013, à 2.500 Rmb/tonne (soit environ 312 euros/tonne) poussant les autorités chinoises à procéder à des achats tout début 2013, profitant également des prix plus bas sur le marché international. Ainsi, 400.000 tonnes de blé australien auraient été achetées par la Chine pour une livraison en avril-mai, ainsi que 350.000 tonnes de blé américain.
La Chine a connu son hiver le plus rude depuis 28 ans
Dans le but de soutenir la production nationale, le prix d’achat du blé par l’État sera augmenté de 10 % cette année, d’après la Commission nationale au développement et de la réforme (Ndrc). Il passera ainsi de 2.040 yuans à 2.240 yuans par tonne, toujours bien en-dessous du prix actuel. Il s’agit d’un prix de soutien, permettant au gouvernement chinois de déclencher des achats publics lorsque le cours du marché descend sous ce prix. Mais les conditions météorologiques difficiles en début d’année, la Chine a connu son hiver le plus rude depuis 28 ans, pourraient affecter la récolte de blé en 2013.
Selon le Centre national d’information des céréales et de l’huile de Chine, cité par la Lettre Chine de France Export Céréales, la consommation chinoise de blé devrait également progresser de plus de 1 % en 2012/2013, à 123,7 millions de tonnes.
Le défi de l’autosuffisance chinoise en blé à moyen terme reste donc extrêmement ambitieux. D’autant que les surfaces cultivées en blé, après avoir fortement diminué au début des années 2000, n’ont que faiblement augmenté juqu’en 2010 et stagnent depuis. Seules les surfaces en maïs continuent à fortement progresser.
