![]() Depuis 2008, les prix alimentaires sont tendanciellement haussiers, et l’hypervolatilité structurelle des cours sur les marchés agricoles internationaux ne fait qu’aggraver davantage la situation. (© Terre-net Média) |
La flambée des prix alimentaires et les émeutes de la faim qui ont éclaté en 2008 ont été l’une des étincelles qui a déclenché le brasier des révoltes égyptienne ou encore tunisienne en 2011. Depuis 2008, ces prix sont tendanciellement haussiers, et l’hypervolatilité structurelle des cours sur les marchés agricoles internationaux ne fait qu’aggraver davantage la situation. Si la Fao parle de stabilisation des prix, il n’en demeure pas moins que son indice des prix des aliments s’est établi à 210 points en février 2013, qui, comme le rapporte Nafeez Mosaddeq Ahmed, est estimé par certains analystes comme le seuil critique au-dessus duquel la guerre civile devient une probabilité.
Cette volatilité excessive et son incidence sur les équilibres socio-économiques mondiaux, s’expliquent par une conjonction de risques exogènes (aléas climatiques ou crises épizootiques) et endogènes (provoqués par les comportements des acteurs sur les marchés, il s’agit aussi bien des agriculteurs que des spéculateurs). Cette situation à risque est génératrice de crispations. Les tensions alimentaires en Egypte, gros importateur net de produits agricoles, qui sont à nouveau palpables depuis cet été, en sont l’une des préfigurations. Souvent présenté comme le pays test des crises régionales, l’Egypte pourrait entraîner dans son sillage d’autres pays de la région…
« Du pain et la liberté ! », cet appel du Printemps Arabe, s’adresse aujourd’hui aux instances internationales, aux Etats, aux simples citoyens. L’Agriculture et la sécurité alimentaire sont au cœur des débats et des équilibres du XXIe siècle, et si la sécurité alimentaire n’est pas assurée, ne sommes-nous pas en train de nous diriger vers un "collapsus civilisationnel" ? Pourtant, les solutions existent. A l’heure où les grandes organisations internationales s’interrogent sur leur renouvellement, il est urgent d’instaurer une nouvelle gouvernance mondiale, qui sera à même de rompre le cercle vicieux de la financiarisation non contrôlée des marchés agricoles, de l’hypervolatilité des cours et de l’insécurité alimentaire.