Dans un rapport rendu public vendredi, la commission parlementaire britannique chargée de l'Environnement dénonce l'approche « extraordinairement suffisante » du gouvernement dans ce dossier. « Nous estimons que les preuves scientifiques sont importantes pour justifier des mesures de précaution, donc nous appelons (...) à un moratoire sur l'usage de pesticides liés au déclin des abeilles », a déclaré la présidente de la commission, Joan Walley, membre du parti d'opposition travailliste.
Les abeilles sont essentielles à la pollinisation, étape nécessaire pour de bonnes récoltes. « Si les agriculteurs devaient polliniser les fruits et légumes sans l'aide des insectes, cela coûterait des centaines de millions de livres (euros) » et entraînerait « une augmentation des prix des produits alimentaires », a affirmé Joan Walley.
Le rapport parlementaire met la pression sur le gouvernement britannique, alors que la Commission européenne tente d'interdire plusieurs produits phytosanitaires considérés comme mortels pour les abeilles. Ce projet européen a été rejeté en mars lors d'un vote d'un comité d'experts des pays membres de l'UE, où le Royaume-Uni s'est abstenu. Mais la Commission européenne compte organiser un nouveau vote au printemps et espère que l'interdiction puisse entrer en vigueur le 1er juillet 2013. La Commission propose de suspendre pendant deux ans l'utilisation de trois néonicotinoïdes présents dans des produits phytosanitaires pour quatre types de cultures : le maïs, le colza, le tournesol et le coton. Elle s'est fondée sur un avis très négatif rendu par l'Autorité européenne pour la sécurité des aliments (EFSA). Les trois néonicotinoïdes incriminés sont présents dans des pesticides produits par les groupes chimiques allemand Bayer et suisse Syngenta, notamment dans le Cruiser OSR.