L’accaparement des terres menace le modèle agricole européen

L’accaparement des terres menace le modèle agricole européen
Champs de colza, blé
En Roumanie, le prix des terres, leur potentiel de production mais aussi la faible organisation des propriétaires souvent pauvres et la main d’œuvre bon marché sont des raisons parmi d’autres pour expliquer le phénomène d'accaparement des terres. (© Terre-net Média)
La libéralisation du marché foncier en Europe centrale et orientale (Roumanie, Pologne, Ukraine, entre autres) et son ouverture aux non résidents s’annoncent sous de mauvais augures. Des firmes internationales et des Etats sont de plus en plus nombreux à convoiter des milliers d’hectares en jachères ou cultivés par de petits exploitants pour constituer des mégas exploitations de plusieurs dizaines de milliers d’hectares afin de produire des denrées destinées à l’exportation. Ce phénomène prenant de l’ampleur, il condamne la pérennité des exploitations familiales et l’emploi en zone rurale en accentuant l’exode rural en pleine période de crise et de chômage.

La plate-forme européenne Arc2020, associée à Via Campesina (Eecv – dont est membre la Confédération paysanne) accompagne ces derniers jours la publication du rapport sur l’accaparement des terres en Europe en invitant deux responsables de l’association roumaine EcoRuralis à témoigner des méfaits de cette nouvelle forme de spoliation des terres avec la complicité, au moins tacite, du gouvernement roumain.

Le prix des terres, leur potentiel de production mais aussi la faible organisation des propriétaires souvent pauvres et la main d’œuvre bon marché sont des raisons parmi d’autres avancées par Dan Cismas, co-président de l’association EcoRuralis et paysan et, Atilla Szocs, expert des questions d’accaparement des terres agricoles pour expliquer ce phénomène. Mais « la carotte », c'est d’abord les aides directes (environ 150 €/ha et par an).

Une nouvelle forme de colonisation

Aujourd’hui, ce sont près de 6 % de la surface agricole roumaine (800.000 ha) qui sont ainsi détenus par des multinationales. Et après avoir accaparé les grandes propriétés encore détenues par l’Etat roumain, c’est auprès des villageois et des petits paysans qu’elles jouent de toute leur influence. Elles les incitent à louer leurs terres ou à les vendre, à des prix modiques (100 €/ha de loyer), avec parfois la complicité d’intermédiaires qui toucheront une commission. On en dénombre plus de quarante actuellement.

L’accaparement des terres s’inscrit en totale contradiction avec la réforme de la Pac que défend Arc2020 et Via Campesina, plus écologique et de dimension familiale en maintenant un grand nombre de paysans en activité.

Résultat, « ce qui n’a pas été détruit par le communisme va l’être par les multinationales », assure Dan Cismas. L’accaparement des terres est ainsi, selon lui, une nouvelle forme de colonisation mais aussi une menace sur la biodiversité, l’environnement et l’organisation sociale des zones rurales avec leurs traditions.

La nouvelle Pac de 2014 pourrait cependant freiner le phénomène en ne versant qu’aux agriculteurs actifs les aides directes. Autrement dit, les multinationales pourraient ainsi ne pas faire partie des bénéficiaires. Des règles de plafonnement pourraient aussi juguler le phénomène. Ceci dit, l’Etat roumain est très ouvert aux investissements étrangers et les lobbys très puissants ne manqueront pas de jouer de toute leur influence pour détourner les nouvelles règles de la Pac, ou tout au moins pour rendre leurs applications flexibles.

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