« Cet avertissement intervient alors que les ministres européens de l'Agriculture débattent de ce dossier à l'occasion d'une rencontre informelle. Intervenant lors de cette rencontre, M. Gerd Sonnleitner, président du Copa, a souligné la nécessité de parvenir à un accord final en juin et ce, afin de permettre l'introduction de la nouvelle Pac en 2014, avec toutefois une période de transition. Il a souligné qu'un accord est essentiel, non seulement pour les agriculteurs et le secteur agricole, mais pour l'Europe dans son ensemble. « Au cours de ces dernières années de crise, le secteur agricole a joué un rôle stabilisateur des plus positifs. Nous devons veiller à ce qu'il continue de le faire. » Une décision positive et rapide entre les trois institutions est indispensable pour permettre aux agriculteurs et aux coopératives de poursuivre leurs plans d'investissement et de production.
M. Sonnleitner a insisté sur le fait qu'une flexibilité accrue devrait être intégrée au sein des mesures de "verdissement" dans le cadre de la réforme de la Pac et qu'il souscrivait pleinement à la position des ministres de l'Agriculture, qui autorise les mesures jugées équivalentes. Cette possibilité doit être disponible pour tous les agriculteurs de l'Union, a-t-il déclaré. Le Commissaire Ciolos pense, pour sa part, qu'il conviendrait d'y procéder plus simplement et se dit prêt à se pencher sur la question. « Au vu des ressources limitées, le taux de réduction des terres disponibles pour la production ne devrait pas excéder 3 % et les agriculteurs devraient pouvoir emblaver des cultures respectueuses de l'environnement dans ces zones », a-t-il ajouté. Le Copa-Cogeca s'oppose également à tout transfert de fonds du premier vers le second pilier, étant donné que le paquet de réforme réduira déjà les revenus de certains agriculteurs de manière considérable, et qu'un tel transfert ne ferait qu'aggraver la situation. M. Sonnleitner a, par la suite, épinglé le besoin de simplification de la Pac, mettant en garde que si celle-ci devenait plus compliquée encore, elle ne devrait pas seulement subir un bilan de santé mais bien une opération chirurgicale !
M. Christian Pèes, président de la Cogeca, a, quant à lui, souligné la nécessité impérieuse de renforcer le rôle des organisations de producteurs, rappelant que des rapports récemment publiés par la Commission européenne montrent que les organisations de producteurs telles que les coopératives peuvent aider les agriculteurs à obtenir de meilleurs prix pour leurs produits. La proposition d'élargissement de la couverture des produits pour la reconnaissance des organisations de producteurs (OP) constitue un pas dans la bonne direction. Des outils plus efficaces visant à réguler le marché et à en réduire l'extrême volatilité sont également nécessaires. Les prix de référence européens pour la viande bovine, les produits laitiers, le riz et l'huile d'olive doivent être actualisés afin de tenir compte des prix plus élevés des intrants. Le maintien des quotas européens de production de sucre jusqu'en 2020 et des droits de plantation dans le secteur vitivinicole de l'UE comptent également au nombre des priorités.
Concluant, M. Pèes a mis en lumière le besoin de renforcer la position économique des agriculteurs et des coopératives agricoles afin de relever les défis de demain. « Cet élément est crucial étant donné les défis croissants auxquels sont confrontés les agriculteurs et les coopératives, tels que l'extrême volatilité des marchés agricoles ou les conditions climatiques. L'Union européenne étant réputée pour ses produits de qualité et son large éventail de spécialités régionales, il faut se servir de la Pac pour veiller à tirer parti de l'ouverture des marchés, au lieu de devoir être sur la défensive. », a-t-il déclaré.