Joël Limouzin (Fnsea) : « Les dégâts sur les cultures empirent »

« Trois semaines après le démarrage des inondations, on voit que les dégâts sur les cultures empirent, et les enjeux financiers vont être considérables car, avec la perte de fourrage, l'élevage est aussi concerné et tout s'enchaîne », a déclaré à l'AFP Joël Limouzin, en visite dans une exploitation agricole touchée par les inondations en mai aux Maillys (Côte-d'Or). Après son passage ensuite dans l'Yonne et l'Aube, Joël Limouzin s'est dit particulièrement alarmé par la situation des éleveurs, contraints de rentrer leurs bovins à l'étable et qui se trouvent à cours de fourrage. « Certains ont commencé à vendre leurs bêtes. Ils ne pourront plus compter sur les prairies irrémédiablement pourries par l'excès d'eau et le foin quand il y en aura sera de très mauvaise qualité » a-t-il affirmé, lançant « un appel à la solidarité des départements voisins » pour qu'ils fournissent de quoi nourrir les bêtes. Les éleveurs notamment laitiers, déjà en situation difficile en raison des cours élevés de l'alimentation animale « n'avaient vraiment pas besoin de ça », a-t-il ajouté.

Outre la submersion des terres au cours des trois dernières semaines, c'est « l'excès d'eau » généralisé qui a frappé le responsable alors que la pluie continue de tomber sans discontinuer. « Partout dans les champs on a de l'eau jusqu'aux chevilles, ce qui rend impossible tout travail dans les champs », a-t-il dit. Pour les grandes cultures de céréales, « la saturation est telle qu'aucune date ne peut être prévue », insiste-t-il. Pour les cultures variées comme pommes de terre primeur et oignons, c'est « déjà fichu : les champs sont nus, tout est perdu » - avec des conséquences importantes pour l'emploi dans les prochains mois, pronostique-t-il.  

Dominique Michaud, président de la Coopérative d'utilisation de matériel agricole (CUMA) "Robe des champs", qui regroupe 17 producteurs de pommes de terre primeurs, a estimé leurs pertes à « 6.000 tonnes sur 8.000 ».

Le vice-président de la FNSEA demande que « l'Etat apporte une aide directe aux agriculteurs », notamment par le biais d'un assouplissement sur les charges et les cotisations sociales, ainsi qu'une « aide immédiate de trésorerie » pour aider les agriculteurs à faire face à leurs charges (remboursements d'emprunts, frais financiers...).

« Le monde agricole a joué son rôle de soutien pour protéger les populations » en acceptant de voir ses champs inondés pour protéger les agglomérations et Paris, « l'Etat se doit aujourd'hui de prendre des mesures pour les accompagner », a-t-il dit. Le président de la Chambre d'agriculture de Côte-d'Or, Vincent Lavier a déclaré : « la procédure pour la reconnaissance en calamité agricole est en cours ».

Le ministère de l'Agriculture a déjà annoncé l'extension des mesures d'urgence pour les agriculteurs de l'Aube aux départements de la Marne, de la Haute-Marne, de l'Yonne, de la Côte-d'Or, de Saône-et-Loire et de Seine-et-Marne. Elles prévoient notamment une indemnisation par le Fonds national de gestion des risques en agriculture (FNGRA) pour les pertes éligibles et l'assouplissement de certaines dispositions administratives. Enfin, Joël Limouzin en appelle au ministère de l'Environnement : « Il y a eu un abandon de l'entretien des rivières et des fossés depuis la loi sur l'eau (votée en 1992, ndlr) au nom de la sacro-sainte biodiversité : l'urgence est maintenant de reconfigurer les berges, il faut agir », a-t-il dit.

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