 Assemblée générale de la Saf. A la tribune, Laurent Klein, président de la Saf. (©Revue Agriculteurs de France ) |
A quelques semaines de grands rendez-vous déterminants pour l’avenir de l’agriculture française, la Société des agriculteurs de France (Saf) expose ses positions politiques et économiques dans un document qui sera la colonne vertébrale de sa réflexion au cours des prochains mois. Un premier texte de six pages intitulé "Agricultures et territoires, pour des synergies gagnantes", a été présenté lors de l’assemblée générale du think tank les 12 et 13 juin derniers à Amiens. D'autres organisations ont déjà publié des contributions portant sur les défis que l'économie agricole doit relever pour redevenir compétitive. Le document de Saf se distingue par sa capacité à imposer une dimension transversale à ces challenges.
Selon Laurent Klein, président de la Saf, il est urgent de comprendre que les entreprises rayonnent simultanément sur cinq territoires sociaux, politiques, environnementaux etc, avec des dimensions aussi bien locale que mondiale. Des territoires emboités entre eux telles des poupées russes ! Aussi, la réussite des entreprises agricoles réside dans leur capacité à tirer un profit dans chacun de ces territoires en relevant les défis spécifiques qui s'imposent à elles.
Laurent Klein explique les choses ainsi : « Sur le tapis de la compétitivité économique, environnementale et sociale, aux femmes et aux hommes libres d’entreprendre d’abattre les bonnes cartes ! A eux d’être stratèges et de construire individuellement et collectivement l’avenir de leurs entreprises agricoles et de leurs territoires ! ».
Cinq cartes à jouer
Aussi, dans chacun des cinq territoires définis, les cinq cartes abattues par la Saf expliquent le mode d'emploi à suivre pour réussir. Celle des "territoires-filières" invite chaque exploitant à « s’appuyer sur son ancrage territorial » pour conquérir d'autres marchés en adoptant une politique de marque et en « favorisant les synergies entre pôles de recherche et entreprises agroalimentaires ».
A la veille du troisième acte de la décentralisation consacrée à l'action publique territoriale et à l'affirmation des métropoles, la Saf opte pour une politique territoriale (2ème carte abattue) avec une répartition complémentaire des rôles entre les collectivités territoriales qui prenne en compte les différentes réalités du terrain.
La complémentarité territoriale serait incomplète sans la dimension « villes-campagnes » (3ème carte). L’avenir de l’agriculture doit être partagé aussi bien par les urbains que par les ruraux à travers une politique d’aménagement de l’espace rural qui recueille l’assentiment de tous (réduction de la surface agricole, infrastructure) pour donner les moyens aux entreprises de produire.
Les entreprises sont aussi des acteurs des territoires environnementaux sur lesquels elles sont implantées. Les questions ayant trait à la protection de l’environnement et à la rémunération des services publics rendus ne peuvent pas, par conséquent, être dissociées de l’activité de production des entreprises. Au contraire, le quatrième enjeu « réside dans la capacité à évaluer l’impact des politiques environnementales d’un point de vue global et transversal en intégrant le volet économique ».
Evidemment, la réussite des exploitations agricoles est impensable sans la prise en compte de la Pac, de sa dimension européenne et aussi de la nécessité de « la décliner de manière cohérente dans les régions ». (5ème carte - cf article en lien). Les mesures issues de « la flexibilité dans la répartition des aides directes doivent être compatibles avec le développement d’une agriculture dynamique, tournée vers l’avenir, favorisant l’initiative et ne figeant pas les structures d’entreprise ».
Enfin, comme dans le jeu des "Sept familles", on devine aisément que l’atout des entreprises gagnantes sera leur capacité à avoir en main les cinq cartes "Territoires" pour réussir.
