L’agriculture est à l’agonie

L’agriculture est à l’agonie

FermeEn Croatie, la chute de la production de végétaux s’élève à 12,3 %, tandis que la production animale est en chute de 6,8 %. (©Terre-net Média)La sécurité qu’apportait le placement de produits sur les marchés d’exportation de l’Alece (1) n’est plus à l’ordre du jour. Désormais, les agriculteurs croates sont à la merci de la compétition des marchés, obligés de se battre contre des adversaires beaucoup plus forts qu’eux, dans un match qui oppose des forces inégales. En plus des avantages technologiques et matériels, les adversaires des agriculteurs croates bénéficient d’une protection puissante qui s’appuie sur la politique du plus fort.

Il n’y a qu’en Croatie où malgré le début des moissons, on ne connaît pas encore le prix de rachat du blé. La situation actuelle met en scène un face à face entre les acheteurs et les agriculteurs : les premiers offrent 1,05 kunas (0,14 €) pour un kilo de blé, les seconds en demandent 40 lipa (0,05 €) de plus.

Lorsque les journalistes ont demandé au ministre de l’Agriculture Tihomir Jakovina de faire un commentaire sur les revendications des agriculteurs, mais aussi d’expliquer dans quelle mesure l’Etat est capable de protéger les producteurs locaux, il a répondu : « C’est le marché qui fixe les prix ! ».

Chute de la production

C’est précisément à cause de cette conception néolibérale de l’agriculture et de la production agricole que les données du Bureau central des statistiques montrent que le volume physique de la production agricole brute de l’année dernière a diminué de 10 % par rapport à l’année précédente.

La chute de la production de végétaux s’élève à 12,3 %, tandis que la production animale est en chute de 6,8 %. Les informations récentes sur le secteur agricole le plus important, l’élevage, dévoilent que la quantité totale de lait produite a diminué de 20,8 % en mai 2013 par rapport à mai 2012, et que par rapport à la moyenne de 2012, on arrive à une chute de 10 %.

En comparant ces données, en particulier celles liées au blé et au lait, avec la hausse déraisonnable et injustifiée des prix du pain et du lait sur les étalages des supermarchés, on arrive à la conclusion simple qu’il n’y a que les bailleurs de fonds, les investisseurs et les commissionnaires des grandes chaînes de vente au détail qui font des profits.

Bombe à retardement

Chaque mois, c’est 30 millions de litres de lait produits de moins. Plus de 3.000 producteurs de lait ont été forcés de mettre la clé sous la porte l’année dernière. On peut se demander ce que l’on boit, puisque la Croatie a besoin de 990 millions de litres de lait et que les producteurs locaux n’en produisent actuellement que 400 millions.

Les plus gros acheteurs, tels que Dukat ou Meggle, n’ont pas trop de soucis à se faire, ils continueront à offrir systématiquement les plus petits prix pour un litre de lait (2 kunas, soit 0,26 €), et à le revendre pour 6 kunas (0,79 €) jusqu’à ce que la production locale soit complètement anéantie. Finalement, ils gagnent plus à importer du lait de France ou d’Allemagne, leur pays d’origine.

La campagne croate se transforme en bombe à retardement. Les agriculteurs arrivent à peine à joindre les deux bouts, abandonnés et trompés par tous, surtout par leur propre Etat, leur gouvernement et les politiques. Aucune personne raisonnable ne se lancerait aujourd’hui dans la production agricole, alors que les aides ont des années de retard, que le travail et l’effort de l’agriculteur ne sont pas évalués en fonction du prix d’achat de ce qu’il produit, que la spéculation continue et que les impôts et les coûts augmentent progressivement.

La misère des villages

Un exemple banal montre bien l’état de l’agriculture croate : dans une région très agricole, dans l’ouest de Hrvatsko Zagorje, en partant de Veliko Trgovišce, jusqu’au village de Hum na Sutli à la frontière Slovène, on ne voit pas une seule vache dans les pâturages. Ce triste cliché démontre nettement la souffrance et la misère des villages, des agriculteurs et de l’agriculture en général.

Le petit nombre d’agriculteurs qui reste dans le pays ne peut plus attendre, faire des compromis, permettre aux organismes et aux entreprises privées de faire valoir leurs intérêts personnels, accepter de voir la fumisterie politique se mêler à eux, ils doivent au contraire ordonner une révolte paysanne organisée, un combat clair et fort avec des objectifs précis.

Cela n’a aucun sens d’attendre un geste de la part du ministre qui joue dans le registre tragi-comique, d’un ministère lâche ou d’un gouvernement incompétent. Des négociations dans l’ombre, loin des yeux du public, au cours desquelles les paysans seraient manipulés pour la énième fois, des négociations qui n’ont jamais rempli leurs promesses sont sans lendemain. Il faut au contraire énoncer clairement ses revendications, parce qu’il n’y a plus le temps de faire autrement.

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