La Commission européenne a proposé début octobre de taxer très sévèrement les producteurs argentins et indonésiens de biocarburants, accusés de dumping et déjà soumis à des taxes provisoires sur le Vieux continent.
« La commission européenne a confirmé sa décision de fermer son marché du biodiesel à l'Argentine et met en échec toute la filière soja en Argentine », dénonce dans un communiqué la Chambre argentine des biocombustibles (CARBIO). Les industriels argentins démentent tout dumping et dénoncent « un protectionnisme ». « L'application de cette mesure provoquerait l'effondrement de l'industrie argentine du biodiesel, et aurait des répercussions sur toute la filière soja, car l'Argentine fabrique son biodiesel à partir du soja », alerte Carbio.
Selon CARBIO, une rencontre a eu lieu mercredi à Bruxelles entre la Commission européenne, des représentants de l'industrie argentine du soja et des fonctionnaires du ministère argentin des Affaires étrangères. L'exécutif européen envisage d'imposer des taxes comprises entre 22 % et 25 % sur le biodiesel argentin et doit valider la mesure lors d'un vote programmé mardi. L'entrée en vigueur est prévue le 28 novembre.
L'Europe est le plus grand marché pour le biodiesel et l'Argentine y exporte la majorité de sa production. Les industriels argentins avertissent que la politique européenne aura « des conséquences économiques et sociales en Argentine » et provoquera une hausse du prix du biodiesel en Europe. Les industriels argentins envisagent de porter le contentieux devant l'OMC, mais compte-tenu des délais de traitement des recours, ils ne pensent pas pouvoir exporter à nouveau vers l'Europe avant 2016.
Pour l'instant, le biodiesel argentin est taxé à hauteur de 8 % en moyenne, provoquant une baisse de 75 % des exportations argentines vers les pays de l'UE. L'Argentine est le premier producteur mondial de biodiesel, fabriqué à base d'huile de soja, avec une production de 2,5 millions de tonnes en 2012 (1,8 milliard de dollars), dont 1,6 à l'export, devant l'Indonésie et la Malaisie qui élaborent un biodiesel à base d'huile de palme. La crise avait débuté en avril 2012 lorsque l'Espagne (qui importait la moitié de la production argentine) avait mis un frein aux importations de ce carburant en représailles à la décision du gouvernement de Cristina Kirchner de nationaliser sa filiale YPF, contrôlée par la compagnie pétrolière espagnole Repsol.