Pommes, œufs, kiwis, les agriculteurs donnent aussi

Lorifruits est une coopérative de la Drôme. Cet été, elle a donné 5 tonnes d'abricots, pêches et nectarines aux Restos du Cœur de Valence et d'Avignon. Là, c'est la saison des kiwis, et elle donne entre 400 et 600 kg par semaine, soit sept tonnes sur une production annuelle de 10.000. Les associations récupèrent les kiwis trop petits, trop longs, aussi bons que les autres mais qui ne répondent pas aux critères uniformisés de la commercialisation. « Certains fruits non calibrés, on peut les écouler dans l'industrie agroalimentaire. Mais le kiwi, il est très peu transformé alors plutôt que de le jeter, on le donne. Ça donne un coup de main, ça fait du bien, ça nous fait du bien », explique Vincent Faugier, directeur de la coopérative.

Pour donner, Lorifruits passe par Solaal, une association née en mai dernier sous l'impulsion de Jean-Michel Lemétayer, figure emblématique du monde agricole, décédé brutalement cet été. Solaal (SOLidarité des producteurs Agricoles et des filières ALimentaires) sert d'interface entre la production et les douze associations nationales habilitées à recevoir des dons en nature comme les Restos du Cœur, l'Association nationale de développement des épiceries solidaires (Andes) ou l'Armée du Salut. L'agriculteur dit combien il peut donner, les associations combien elles peuvent et souhaitent recevoir, et Solaal répartit et organise le transport.

Plus difficile pour le lait

En cette saison, les exploitants donnent des endives, kiwis, pommes, pommes de terre, des fruits et légumes de saison.

Cet automne, les aviculteurs ont donné des centaines de milliers d'œufs. A l'occasion de la journée mondiale de l'œuf, qui se tient chaque année le 2e vendredi d'octobre, les producteurs ont l'habitude de donner : 200.000 œufs en 2012, plus de 400.000 œufs (les dons sont évidemment échelonnés sur plusieurs semaines) en 2013. Cette année, la filière a en effet été confrontée à une surproduction qui a fait fondre les prix. Durant l'été, des éleveurs en colère avaient détruit des centaines de milliers d'œufs en Bretagne pour dénoncer cette situation. Face à l'émoi public, tous avaient convenu ensuite qu'ils valaient mieux donner pour réguler les prix, que détruire. « Les associations sont très preneuses d'œufs. Ce sont des sources de protéines d'autant que la viande est plus compliquée à gérer, il faut qu'elle soit congelée, transportée en respectant la chaîne du froid », commente-t-on au CNPO, l'interprofession de l'œuf.

« Nous avons la volonté, le monde agricole et les entreprises de la transformation, d'organiser les dons en nature », insiste Xavier Beulin, ex-bras droit de Jean-Michel Lemétayer, auquel il a succédé à la tête de la FNSEA. Mais il reste un problème : « Un céréalier qui veut donner deux tonnes de blé, il ne peut pas le faire » et en plus « l'association n'est pas intéressée par deux tonnes de blé mais par de la farine ».

Aujourd'hui, un agriculteur qui donne bénéficie d'une réduction d'impôt à hauteur de 60 % de la valeur du produit et dans la limite de 5 % de son chiffre d'affaires. Mais un agriculteur ne peut pas bénéficier d'une réduction fiscale si sa production est passée par un intermédiaire, ce qui concerne en particulier les producteurs de lait, de céréales ou d'oléagineux (huiles alimentaires).

Cette situation doit rapidement changer, a promis lundi le ministre de l'Agriculture Stéphane Le Foll lors du lancement de la campagne des Restos du Cœur. Une circulaire fiscale permettant aux producteurs agricoles de bénéficier de cette exonération, même avec l'existence d'intermédiaires, est en préparation et sera « opérationnelle à la fin de l'année », selon le ministre.

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