« Au regard de ce contexte, la Fédération accompagne les coopératives laitières face à ces enjeux économiques et structurels. Pour ce faire, elle dresse le panorama des pistes et stratégies mises en place par les coopératives laitières au regard de la sortie des quotas : un bilan tourné vers l’export déjà positif et une volonté de se consolider sur le marché intérieur.
Depuis plus d’une décennie, des opportunités commerciales croissantes naissent sur les marchés français, européens et internationaux, ces derniers connaissant depuis 2010 un regain visible de compétitivité. De nouvelles opportunités se présentent pour l’industrie laitière française, avec, entre autres, l’émergence des classes moyennes dans les pays en développement, grandes consommatrices de produits laitiers. A titre d’exemple, les importations de poudres de lait des Bric (Brésil, Russie, Inde et Chine) ont atteint 110.000 tonnes début 2008 pour plafonner à 710.000 tonnes fin 2012. De la même manière, les importations de fromages, sous la barre des 100.000 tonnes en 2000, dépassent les 400.000 tonnes depuis 2012*.
Cependant, si ces opportunités sont bien réelles, des écueils subsistent pour l’industrie laitière française. En particulier, la volatilité du prix des produits laitiers s’est accrue de manière forte comparé aux prix stables du lait institués par la politique des quotas : la poudre de lait écrémé a, par exemple, connu un prix mondial moyen de 2.500 € la tonne ces dernières années… avec des variations allant de 1.300 € à 4.200 € la tonne**. Par ailleurs, de nombreux concurrents, déjà présents sur le marché, cherchent eux aussi à gagner en parts de marché à l’international, qu’il s’agisse de la Nouvelle-Zélande, de l’Australie, des Etats-Unis ou encore de certains Etats des Balkans.
A la conquête des marchés mondiaux
L’enjeu pour les coopératives laitières et les autres acteurs de la filière : saisir les opportunités.
Les coopératives laitières françaises, qui représentent 56 % du lait collecté en France, sont, par nature, très variées tant par leur taille, leur territoire que par leurs activités, développant des gammes de produits très divers.
Comme le souligne Benoît Rouyer, Directeur du département Economie et Territoires du Cniel : « La taille et le mix-produit vont déterminer dans quelle mesure chaque entreprise laitière peut investir le marché intérieur et international. On sait par exemple que le lait infantile et le fromage fondu fabriqués en France auront un rayonnement commercial international, tandis que l’emmental et les pâtes molles seront destinés avant tout au marché européen, et les spécialités régionales, en priorité au marché français. Une seule certitude : s’il y a une véritable dynamique de croissance des exportations, qui représentent 6,9 milliards d’euros tous produits laitiers confondus, le marché de détail français reste incontournable avec un potentiel de 15,4 milliards d’euros chaque année. »
Entre export et marché intérieur : à chaque coopérative sa stratégie !
Dominique Chargé, président de la Fncl, souligne : « Depuis plusieurs années, la Fncl mène un travail de fond auprès et avec les coopératives laitières pour les préparer aux nouveaux enjeux de 2015. Ces travaux sont bâtis autour de trois piliers : l’accompagnement de la dynamique sociétariat, la maîtrise de l’équation laitière et le travail sur la performance économique. »
L’accompagnement des associés-coopérateurs demeure essentiel à l’aune de la levée des quotas : chaque coopérative, qui dispose de ses propres caractéristiques de taille et d’activité, adopte une stratégie avec ses associés-coopérateurs et fait des choix pour profiter des différents débouchés à sa portée :
Sur quels marchés se développer ?
- le marché intérieur, à consolider nécessairement avec un potentiel en valeur avec l’innovation, la segmentation voire l’hyper-segmentation, la réponse aux nouvelles attentes des consommateurs (qualité des produits, traçabilité et proximité, environnement…);
- les marchés aux différents exports : Europe et pays émergents, avec de fortes opportunités en volume comme en valeur.
Ces deux marchés, en fait complémentaires, sont cruciaux pour les coopératives laitières si elles veulent se consolider et moins dépendre du marché français miné par des relations industrie-commerce tendues.
Comment investir pour augmenter la production et/ou se diversifier ?
- augmenter sa capacité de production comme Eurial pour la mozzarella à Luçon, pour une capacité portée à 20 kilotonnes ;
- faire le choix de développer des produits à haut potentiel à l’export, comme la poudre de lait. On peut citer en exemple la nouvelle tour d’Eurosérum à Pont-sur-Saône (70), pour un budget de 35 millions d’euros ;
- développer des produits à valeur ajoutée comme chez Laïta avec les pâtes pressées à hauteur de 18 millions d’euros (Ploudaniel). »