(©Banques Populaires)
Mickael le Nezet (Mln)1 : « Aucune modification pour l’instant. Comme pour chaque dossier, nous veillons à ce qu’il y ait une marge de sécurité après intégration des annuités et des prélèvements privés. Le matériel se finance en effet sur de courtes durées, inférieures ou égales à sept ans, alors que le dispositif de convergence de la Pac est étalé jusqu’à fin 2019, ce qui laisse encore un peu de temps. »
Tnm : En plus de la volatilité des prix, la réforme de la Pac n’est-elle pas une source d’incertitude supplémentaire pour évaluer les capacités de financement des agriculteurs qui souhaitent investir ?
Mln : « Une incertitude non, car les grandes lignes de la réforme sont désormais connues. La volatilité, elle, est un aléa bien plus important pour les exploitants. »
Tnm : En productions végétales, comment intégrez-vous d’ores et déjà dans les plans de financement les nouvelles règles de la Pac (convergence, verdissement et majoration des aides) ? N’êtes-vous pas amené à revoir à la baisse les capacités d’investissement des agriculteurs ?
Mln : « Pour certaines productions, il faut s’attendre à une baisse progressive des aides. Mais cela ne veut pas forcément dire baisse des capacités d’investissement des agriculteurs. D’autres paramètres peuvent venir les moduler (rendement, prix…). Les agriculteurs opéreront sans doute des ajustements, en particulier concernant les intrants, les frais de mécanisation… »
Tmn : En productions animales, comment appréhendez-vous le redéploiement des aides en fonction des filières ? Le secteur laitier vous inquiète-t-il ?
Mln : « En productions animales, globalement, le redéploiement des aides va redonner un peu de souffle à certaines exploitations. Dans les élevages laitiers, la suppression des quotas va nécessiter très clairement une adaptation et une flexibilité plus fortes, afin d’augmenter ou de réduire la production en fonction des besoins des entreprises agroalimentaires et des marchés.
La Banque Populaire accompagnera les éleveurs via des solutions de modulations des prêts. En production laitière, la déduction pour aléa (Dpa) prend tout son sens car il est prévisible qu’il y ait des variations des cours. Les bonnes années, il conviendra de placer une partie des résultats en Dpa, pour pouvoir s’en servir en cas de variation négative du chiffre d’affaires. »
Tmn : Avec la réforme de la Pac et des Pdi, le financement collectif de matériels agricoles ne va-t-il pas prendre un nouvel essor ?
Mln : « C’est un phénomène qui devrait durablement se développer. Pour autant, on ne change pas les comportements individuels du jour au lendemain. Être propriétaire de son matériel, c’est aussi plus de flexibilité lorsque les périodes de récolte, par exemple, sont courtes à cause des mauvaises conditions climatiques. »